Aux abris, l'Apocalypse se rapproche. La célèbre série documentaire française aura bientôt une touche québécoise, puisque c'est la boîte montréalaise Idéacom qui coproduira les prochains épisodes consacrés à la Première Guerre mondiale, dont la diffusion est prévue pour 2014.

«C'est une grande première. Et cela fait du sens... Après tout, 66 000 Canadiens sont morts pendant cette guerre», indique la coréalisatrice de la série, Isabelle Clarke, de passage à Montréal cette semaine pour rencontrer ses partenaires québécois.

Pure coïncidence: Mme Clarke est en ville au moment où Télé-Québec diffuse la série Apocalypse Hitler, dernier rejeton de la franchise Apocalypse, qui connaît un succès mondial retentissant depuis 2009.

Apocalypse racontait la Seconde Guerre mondiale avec des films d'archives souvent inédits, «recolorés» et sonorisés à des fins dramatiques. Ces «libertés stylistiques» ont fait lever le poil des puristes qui les ont accusés de manipuler l'Histoire. Mais les cotes d'écoute ont donné raison au tandem Isabelle Clarke et Daniel Costelle, la série ayant été vue par 16 millions de personnes dans 165 pays, un des plus gros succès de l'histoire de la télé française.

Pas étonnant que le couple ait repris le concept avec Apocalypse Hitler, dont le deuxième et dernier épisode sera présenté dimanche soir*.

Narrée par l'acteur Mathieu Kassovitz, la série tente d'expliquer l'inexplicable, soit la terrifiante ascension politique d'un ex-caporal illuminé, passé, en une décennie, du statut de Hitler à celui de Fürher. «Comment ce leader a-t-il été possible? Pourquoi les Allemands l'ont-ils suivi? Ce sont les questions qu'on a voulu se poser», souligne Isabelle Clarke. «On a voulu expliquer la mécanique qui a permis à Hitler de prendre le pouvoir, de rallier tout un peuple par la haine et le racisme...»

Au-delà du cours d'histoire, ce sont ici les images qui parlent. Aidés par leur habituelle équipe de documentalistes (et un budget substantiel: 900 000 euros l'épisode), Clarke et Costelle ont visionné 200 heures de films d'archives, à la recherche de perles rares. Leurs sources d'approvisionnement? Les cinémathèques, les collectionneurs et les petits centres d'archives régionaux qui, faute de moyens, n'avaient jamais numérisé leur fonds. Au final, 30% de ce qu'on voit dans Apocalypse Hitler est ainsi complètement inédit, incluant de troublants films amateurs, réapparus miraculeusement dans le circuit des marchés aux puces.

L'exercice sera-t-il plus difficile avec la série sur la Première Guerre? Les images deviennent-elles plus rares quand elles sont plus anciennes? «Vous seriez surpris, répond Isabelle Clarke. Il y a énormément de matière. Ce qui est vrai en revanche, c'est que les premières batailles n'ont pas été filmées. Il a fallu attendre 1916 pour avoir de vraies images de combat.»

La cinéaste dit posséder quelques bons extraits du 22e Régiment. Mais elle lance un appel à tous: des films d'archives canadiens ne seraient pas de trop. Avis aux familles et aux collectionneurs.

Le montage financier n'est pas encore terminé, mais tout indique qu'Idéacom injectera 30% au budget total de 5 millions d'euros à la série. Les quatre épisodes seront par ailleurs sonorisés par la société montréalaise Technicolor/Modulations, gagnante d'un Emmy pour la série Les Piliers de la terre en 2011. Enfin, c'est le musicien Christian Clermont (Mirador, Prozac) qui sera responsable de la trame sonore.

*Le premier épisode d'Apocalypse Hitler est rediffusé mercredi, 13h à Télé-Québec. Un livre tiré de la série est également publié aux Éditions Acropole.