Estimant avoir construit sa série sur la méconnaissance d'autrui, à commencer par les personnes qui nous sont les plus proches, l'auteur Serge Boucher affirme que les membres de la famille Bérubé, personnages au coeur de la télésérie Apparences, ne sont pas des gens tordus.

«Si on fait abstraction du côté du suspense et que l'on regarde les scènes isolées les unes des autres, il n'y a rien de tordu là-dedans», a-t-il déclaré plus tôt ce soir au cours d'une rencontre avec le public dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ).

Selon lui, les membres de cette famille sont des gens ordinaires confrontés à des situations extraordinaires. De sorte que leurs secrets se révèlent peu à peu.

«À partir du thème de la disparition, j'ai voulu explorer les questions d'identité. On ne connaît pas l'autre», a-t-il ajouté devant les gens rassemblés à la Cinémathèque. Un public conquis qui a eu la chance de regarder le 7e épisode de la série qui sera diffusée mardi soir à Radio-Canada.

Bien sûr, on ne divulguera pas les punchs de l'émission mais on peut dire qu'après le très fort et tendu cinquième épisode -marqué par la découverte du corps de Manon- et la petite baisse de régime du sixième chapitre, la série est repartie avec toute la fougue, la force et l'intensité qui la caractérisent depuis le début.

Cela dit, pourquoi une rencontre sur la télé aux RVCQ? Parce que Radio-Canada finance plusieurs films québécois et parce que séries télévisées et cinéma se croisent avec auteurs et réalisateurs qui passent de l'un à l'autre. Ainsi, Francis Leclerc, réalisateur d'Apparences, a quelques films au compteur dont Une jeune fille à la fenêtre et Un été sans point ni coup sûr.

Parlant de ce dernier, il a donné un coup de chapeau au travail d'écriture de Serge Boucher en déclarant : «On lit la série de la même façon que vous la regardez.»

Le réalisateur a aussi expliqué à quel point les rôles de chacun des comédiens sont très vite tombés sous le sens. Tous ont été choisis sans la tenue de longues auditions. «Attribuer les rôles s'est fait en 12 heures, a-t-il lancé. Tu lis le texte une fois, deux fois, trois fois et les visages apparaissent. Pour les rôles des jumelles Nathalie (Geneviève Brouillette) et Manon (Myriam LeBlanc), j'ai écrit une quarantaine de noms de comédiennes et il m'est très vite apparu que pour la fourchette d'âge recherchée, c'étaient elles. J'avais fait une seule ligne reliant deux noms sur ma feuille et c'était ceux de Geneviève et Myriam.

Présente à la soirée, Myriam Leblanc a d'ailleurs raconté s'être fait souvent dire qu'elle ressemblait à Geneviève Brouillette. «Quand j'ai rencontré Geneviève avec Francis et que j'ai eu le rôle, j'étais tellement contente de lui ressembler», a-t-elle lancé en riant.

La comédienne a aussi indiqué que le plus difficile pour elle fut de jouer tout en intériorité, sauf pour le débit de voix. «Dans la vie, je suis une hyperactive», a-t-elle mentionné.

Outre les personnes déjà nommées, le producteur André Dupuy, et les comédiens Vincent-Guillaume Otis, Daniel Parent et Benoit Gouin ont partagé impressions et anecdotes de tournage. Invitée à l'émission En direct de l'univers qui était diffusée en même temps, Geneviève Brouillette était absente. Luc Sicard, compositeur de la trame musicale, a par ailleurs été très applaudi.

C'est l'auteur Serge Boucher qui a répondu au plus grand nombre de questions du public. On lui a entre autres demandé s'il était lui-même un bon spectateur, les différences entre écriture de théâtre et de télévision ou encore s'il vient de Montréal (non) car la série est campée dans une ville de région (comme une partie d'Aveux dont il est aussi l'auteur).

M. Boucher a indiqué être un bon téléspectateur qui s'abandonne au récit et qu'il a même ressenti un deuil lorsque la série américaine Six Feet Under s'est terminée. «Pour moi, écrire pour la télé, c'est donner un rendez-vous, a-t-il expliqué. Je souhaite que les gens attendent ce rendez-vous comme moi j'attendais le prochain épisode de Rue des pignons lorsque j'étais un petit garçon.»