Les omnipraticiens accusent l'émission Trauma de Fabienne Larouche de véhiculer des préjugés «futiles et ignares» sur la médecine familiale.

Les médecins et le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) en ont contre un échange corsé entre les personnages interprétés par Laurence Leboeuf et Pascale Montpetit, qui a été diffusé le 28 février à Radio-Canada.

«On ne soigne pas des rhumes quand on peut réparer des organes, à moins d'être une ratée», dit l'une à l'autre. Puis, le personnage de Pascale Montpetit affirme à quelqu'un d'autre: «Sophie veut devenir médecin de famille, pourquoi pas faire des ménages?».

«Ça a suscité des réactions. Les gens ont trouvé ça malheureux. Ils ont été déçus de l'image qu'on donne de leur travail», confie le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, dont l'organisme tente depuis plusieurs années de rendre la profession plus attrayante aux yeux des étudiants en médecine, souvent tentés de devenir spécialistes.

«Ce qui est présenté est tellement loin de la réalité! On fait un travail excitant et varié. On est dans les salles d'urgence et aux soins intensifs, on fait des accouchements», énumère le Dr Godin.

La FMOQ a reçu plusieurs courriels, appels et messages via Facebook de la part de médecins et de citoyens indignés qui demandaient que la Fédération se plaigne à l'auteure, Fabienne Larouche. «L'émission contient des messages dénigrant la médecine familiale. Encore un message négatif lancé à la population», écrivait notamment une omnipraticienne dans un courriel obtenu par La Presse.

La réponse de l'association professionnelle n'est pas tendre envers Trauma. «Nous avons été choqués, comme vous, d'entendre des propos grossiers, empreints de préjugés qu'on croit (trop souvent malheureusement à tort) d'une autre époque», écrit le directeur des communications, Jean-Pierre Dion.

Après réflexion, la direction a toutefois décidé, pour le moment du moins, de ne pas écrire à l'auteure. «On se serait sûrement fait dire que c'est de la fiction; que ça ne représente pas son opinion, explique le Dr Godin. Au lieu de faire la guerre à une émission de télé, on va concentrer nos efforts pour améliorer l'image de notre profession. Ça fait déjà trois ou quatre ans qu'on essaie de changer les perceptions. Je crois qu'on avance malgré tout.»

Jointe par La Presse, Fabienne Larouche a assuré que les propos de son personnage ne reflètent en rien la pensée de l'équipe de Trauma. «Ce n'est pas un éditorial. Il ne faut pas mélanger fiction et réalité. Celle qui dit ça est une femme ambitieuse et dépressive qui ne va pas bien du tout, explique l'auteure. C'est une caricature.» «Il n'y a personne au Québec qui pense qu'on n'a pas besoin de médecins de famille, ajoute-t-elle. Je sais à quel point leur travail est important et colossal.»

D'autres critiques

Ce n'est pas la première fois que l'émission est critiquée par des médecins. La Fédération des médecins résidents (FMRQ) a fait une sortie dans la foulée de la première saison parce que, selon ses membres, la série dépeignait les résidents comme des incompétents.

Plusieurs s'étaient plaints que des patients leur avaient demandé de voir «un vrai docteur», n'étant «pas très à l'aise de se faire soigner par eux» à cause de ce qu'ils avaient vu à l'émission Trauma.

Inquiète de ces témoignages, la FMRQ avait été jusqu'à envoyer un questionnaire à tous ses membres pour connaître leur perception de l'émission et ses conséquences sur leur travail. Plusieurs jeunes résidents avaient dit avoir été interpellés par des patients quant à leur compétence, en lien avec la façon dont ils étaient représentés dans l'émission.