Six inconnus s’apprêtent à séjourner dans le domaine d’un milliardaire, lorsque l’hélicoptère qui les transporte atterrit d’urgence au milieu de nulle part. Mais les secours tardent à venir, et pendant ce temps, nous sommes témoins de disparitions, d’accidents et de morts. Voici l’univers dans lequel les scénaristes Annie Piérard, Bernard Dansereau et leur fils Étienne Piérard-Dansereau plongeront les téléspectateurs cet hiver avec leur série Aller simple.

Après avoir écrit Annie et ses hommes, Toute la vérité, Épidémie et L’imposteur à deux ou à trois, ils ont eu envie d’explorer un autre genre télévisuel : un thriller d’enquête dont l’objectif est de savoir qui a commis les crimes. « Au Québec, on fait très peu de productions dans la veine des œuvres d’Agatha Christie, explique Bernard Dansereau. On a essayé de s’inspirer de cette tradition en la dépoussiérant. »

À l’image du jeu Clue ou des soirées « meurtre et mystère », durant lesquelles on se demande qui ment et qui a commis le crime, les protagonistes d’Aller simple tenteront de comprendre ce qui leur arrive. « On pose plusieurs questions durant la série, dit le scénariste. Sont-ils vraiment là par accident ? Est-ce que le responsable de ce qui leur arrive se trouve parmi eux ou est-ce que ce sont des forces extérieures qui leur imposent ça ? Puisque ça s’appelle Aller simple, va-t-il y avoir un retour pour eux ? »

Ainsi, un criminaliste vedette, un prof à la retraite, un marchand d’art religieux, un ex-policier, une directrice du marketing et une femme d’affaires seront piégés dans un huis clos qui ne tiendra pas très longtemps. « Si on part dans ce qui semble un huis clos à la Agatha Christie, ça va évoluer vers un thriller aux accents philosophiques », précise Annie Piérard.

Réalisée par Yan Lanouette Turgeon (L’imposteur, Épidémie, Les pays d’en haut 4) et misant sur une distribution du tonnerre (Marc Beaupré, Éric Bruneau, Samian, Caroline Dhavernas, Nathalie Doummar, Anick Lemay, Rémi-Pierre Paquin, Anie Pascale, Luc Picard), la série de six épisodes sera diffusée sur les ondes de Noovo.

Écrire à six mains

Quand on questionne les scénaristes sur l’origine du projet, ils ont du mal à se rappeler qui a eu l’idée. « On oublie souvent de qui vient l’idée originale, car on la retravaille tous ensemble », affirme Étienne Piérard-Dansereau, avant d’entendre son père renchérir. « C’est une bonne nouvelle quand on ne s’en souvient pas, car ça signifie qu’on a amené l’idée de base ailleurs », dit Bernard Dansereau.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Bernard Dansereau, Annie Piérard et Étienne Piérard-Dansereau

Si la télé québécoise a vu de nombreux duos d’auteurs faire leurs preuves (Sylvie Lussier et Pierre Poirier, Fabienne Larouche et Réjean Tremblay, Anne Boyer et Michel D’Astous), les trios de plumes se font plus rares. Encore plus quand il est question de parents qui travaillent avec leur enfant.

Aux yeux d’Annie Piérard, ce n’est pas le chemin le plus simple. « C’est assurément plus long que d’écrire seul, dit-elle. Et ce n’est pas du tout écologique. Il y a tellement de scènes qu’on écrit qui finissent à la poubelle, parce qu’elles ne font pas l’unanimité. »

On est loin d’être toujours d’accord. Mais quand on passe nos idées au tamis, on gagne en confiance et en assurance.

Annie Piérard, scénariste

Le plus jeune membre du trio affirme qu’il n’a pas l’impression de travailler avec ses parents, mais avec des collègues. « Ce sont deux personnes qui ont plus d’expérience que moi, dit Étienne Piérard-Dansereau. J’apprends d’eux au fur et à mesure. On s’entend bien et on est capables de travailler ensemble sans trop s’engueuler, la plupart du temps. »

Fait à noter : Bernard Dansereau vit avec son fils Étienne ce qu’il a lui-même vécu à 20 ans en écrivant avec son père, Fernand Dansereau. « C’est particulier, car on partage des choses entre parents et enfant, ou entre les membres d’un couple, que la majorité des gens ne partagent pas : on a accès à l’imaginaire de l’autre. »

Sa femme a d’ailleurs l’impression d’entendre son amoureux lui parler quand elle écrit. « À force de travailler avec lui, j’ai mon Bernard intégré en écrivant, souligne-t-elle. Je me dis qu’il ferait telle ou telle remarque. Et depuis quelques années, j’ai aussi mon Étienne intégré. J’entends les observations qu’il ferait. »

Différents angles

En plein travail, leurs points de vue ne sont assurément pas les mêmes. « Annie est vraiment une fille de détails, révèle son conjoint. Elle ne lâchera pas jusqu’à ce que ce soit parfait. Étienne et moi, on est moins portés sur la finition. Mais j’adore le regard frais de mon fils. Il amène une perspective totalement différente. »

Si vous demandez au trio sa recette de travail gagnante, il vous répondra très vite qu’il n’y en a pas. « Parfois, on se trouve dans trois villes différentes quand on écrit, dit Annie Piérard. D’autres fois, on passe de longues heures à écrire autour de la même table. Étienne ne vit pas avec nous, mais quand il soupe à la maison, on parle de nos projets. »

Aller simple sur Noovo les mercredis 20 h, dès le 12 janvier