Entre deux draps et Pillow Talk, son adaptation anglaise qui atterrit sur Crave cette semaine, présentent plusieurs ressemblances. Tellement qu’on peut presque parler de copié-collé. Et c’est la raison pour laquelle la nouvelle version devrait remporter du succès au Canada anglais.

Des téléspectateurs hyper attentifs et concentrés parviendront à déceler de légères différences entre Pillow Talk et Entre deux draps… à condition de regarder leurs premiers épisodes simultanément.

Les deux séries démarrent avec Lydia et Antoine (rebaptisé Andy en anglais), le jeune couple qui emménage ensemble. En ouverture, l’étudiante en sexologie défendue par Virginie Ranger-Beauregard en français et Sydney Scotia en anglais tente d’accrocher au mur une toile d’elle nue – et « écartée » – peinte par son ex-copain. Bien entendu, son nouveau chum, campé par Pier-Luc Funk au Québec et Adam DiMarco en anglais, désapprouve.

Les deux sketchs sont identiques. Même aquarelle douteuse, mêmes plans de caméra, mêmes répliques, même ton, même référence à IKEA, même générique animé… Un véritable calque.

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Antoine (Pier-Luc Funk) et Lydia (Virginie Ranger-Beauregard) dans Entre deux draps

Les 20 minutes suivantes sont également identiques. Les parents Vicky et Marco (Nicola Correia et Carlos Gonzalez-Vio) sont aussi traumatisés que Karine Gonthier-Hyndman et Guillaume Girard quand leur fille apprentie psychopathe écrase froidement une énorme araignée. Le nouvellement célibataire Tom (Kwasi Thomas) accueille son nouveau coloc Virgil (Chris Robinson) après avoir tenté de convaincre sa blonde de rester en s’inspirant des pancartes cultes de Love Actually, le retraité Luke (Andrew Wheeler) hésite à céder son côté du lit à Mia (Sharon Crandall), sa blonde des six derniers mois, et l’attaché politique JP (Paolo Santalucia) cherche ses bobettes sous le regard amusé de Simon (Gregory Prest), son amoureux chef-cuisinier, qui sera plus tard accusé d’appropriation culturelle sur Twitter pour s’être attaqué aux sushis.

Autre point commun : comme pour Entre deux draps, les acteurs de Pillow Talk (du moins, quatre tandems sur cinq) forment de vrais couples loin des caméras.

Parti vert c. Bloc québécois

La réalisation de Pillow Talk est signée par François St-Amant (Bye bye, Like-moi !), Isabelle Garneau (Contre-offre, Drôle de Véronic) et Chloé Robichaud (Trop, Sarah préfère la course). Laurel Baker et Steve Galluccio (Mambo Italiano, Funkytown) ont assuré la traduction des textes.

Bien entendu, ces derniers ont adapté quelques passages pour s’assurer que l’auditoire canadien-anglais comprenne chaque référence.

Ainsi, JP est l’attaché du Green Party et non du Bloc québécois, comme Jean-Pascal (Simon Pigeon). Dans un sketch d’Andy et Lydia, on parle de Bonnie Parker au lieu d’évoquer Monica la Mitraille, et dans une saynète entre Luke et Mia, à la « cochonne de Drummond » on substitue « Vagina from Regina ».

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Simon (Gregory Prest) et JP (Paolo Santalucia) dans Pillow Talk

Joint au téléphone, le créateur et coauteur d’Entre deux draps, Matthieu Pepper, raconte avoir passé en revue chaque sketch de Pillow Talk pour s’assurer que l’adaptation conserve la saveur de l’originale.

« La première journée de tournage, c’était spécial. J’entendais nos mots en anglais ! Mais c’était magnifique d’observer les acteurs pogner tranquillement leur beat, leur musique. Parce que l’humour en anglais, c’est une autre musique que l’humour en français. »

Après avoir regardé la série, Matthieu Pepper s’avoue satisfait. « Ça fonctionne ! », juge-t-il.

Tournage intensif

On s’en rend compte immédiatement : la première saison de Pillow Talk a été tournée dans les mêmes décors qu’Entre deux draps. Le tout s’est déroulé en août et septembre derniers à Montréal, aux studios Ogilvy dans Parc-Extension.

Alors qu’en français, les tournages sont étalés sur plusieurs semaines, en anglais, chaque paire d’acteurs bénéficiait de cinq jours consécutifs pour compléter ses sketchs, du premier jusqu’au dernier.

« C’était intense, commente Mélanie Viau, vice-présidente, productions, chez KOTV, la boîte derrière la série. Ça ne leur donnait pas beaucoup de temps pour embarquer dans l’univers du show et s’approprier leurs personnages. »

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Marco (Carlos Gonzalez-Vio) et Vicky (Nicola Correia-Damude) dans Pillow Talk

Un coup de pouce à l’étranger

L’anglais étant particulièrement prisé en télévision, la production de Pillow Talk aidera sans doute KOTV à exporter le format d’Entre deux draps à l’étranger.

Moi, mon but premier, c’était que ça soit bon au Québec. Après, quand on a commencé à parler d’adapter la série en anglais, j’étais déjà renversé. Si ça s’en va ailleurs dans le monde, je ne sais pas comment je vais gérer ça !

Mélanie Viau, vice-présidente, productions, chez KOTV

Chez KOTV, on espère maintenant que Pillow Talk résonne assez fort au Canada anglais pour qu’une deuxième saison soit commandée.

« On trouve que c’est un format qui peut voyager, souligne Mélanie Viau. On souhaite vraiment faire d’autres épisodes pour avoir du volume. C’est une clé pour percer à l’international. »

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Virgil (Chris Robinson) et Tom (Kwasi Thomas) dans Pillow Talk

En français, tout baigne pour Entre deux draps. Depuis son retour en janvier, la comédie rallie en moyenne 598 000 téléspectateurs chaque semaine, selon les données confirmées de Numéris. Il s’agit d’une augmentation de 17 % par rapport à l’an dernier.

La première saison de Pillow Talk atterrit sur Crave jeudi. La deuxième saison d’Entre deux draps est diffusée le mercredi à 19 h 30 sur Noovo.