(Montréal) C’est avec l’humilité qu’on lui connaît que Pierre Bruneau, jeune retraité après un demi-siècle de journalisme et d’animation sur les ondes des réseaux TVA et LCN, a reçu le Prix pour l’ensemble d’une carrière, remis mardi soir à Toronto au gala des Prix Écrans canadiens. Le tout sera retransmis ce dimanche soir sur les ondes de CBC et sa plateforme GEM.

Plutôt que de tenir un gala en direct à la télévision comme il est coutume de le faire, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision a dévoilé en janvier la liste de ses lauréats et leur a consacré une semaine de célébrations, qui culmine cette fin de semaine.

M. Bruneau a pour sa part été honoré dans la Ville-Reine mardi soir dernier, où l’« impact significatif » de sa carrière sur l’industrie audiovisuelle canadienne a été souligné.

Le lauréat a pris une pause dans le tour du monde qu’il effectue depuis quelques semaines avec son épouse Ginette St-Cyr – il se trouvait en Afrique la veille de la remise du prix – pour venir cueillir son trophée.

« Ça m’a beaucoup surpris cette reconnaissance-là, mais elle est tellement appréciée ! » confie le principal intéressé dans le cadre d’un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.

Le Québécois est le premier francophone à voir l’ensemble de son œuvre célébrée. « À ma connaissance, il n’y en a pas eu, ou pas beaucoup, qui ont été reconnus pour toute leur carrière à l’échelle canadienne […] Plusieurs l’auraient mérité, mais je l’accepte avec beaucoup d’humilité. Je suis tellement content dans le fond ! » s’exclame le vétéran de l’information.

Long parcours

Âgé de 70 ans, M. Bruneau a pris sa retraite au lendemain de l’élection générale provinciale du 3 octobre dernier. Déjà, son impressionnant parcours avait fait l’objet de plusieurs hommages bien sentis au cours des semaines précédant et suivant ce départ.

« Très apprécié du public, il n’en est pas à sa première récompense : il a remporté 23 fois le prix Artis du meilleur présentateur de nouvelles et s’est vu remettre de nombreux honneurs pour ses contributions exceptionnelles à la communauté, notamment la Médaille du jubilé de la Reine en 2002 », a rappelé l’Académie.

Qu’il s’agisse de l’élection du tout premier gouvernement péquiste, les deux référendums et leurs suites, les tentatives d’attentat sur le pape Jean-Paul II ou le président américain Ronald Reagan, la tuerie de masse à Polytechnique, l’explosion de la navette Challenger, des désastres comme le déluge du Saguenay ou la crise du verglas, sans compter l’animation d’une quarantaine d’élections provinciales, municipales ou fédérales et la modération d’une douzaine de débats des chefs, Pierre Bruneau a assurément été le premier témoin, mais aussi le premier rapporteur, des transformations et des évènements qui ont façonné le Québec d’aujourd’hui.

« J’ai vécu toutes ces situations qui se sont produites autant chez nous qu’ailleurs. J’ai été sur la ligne de front de tous ces évènements qui sont arrivés les uns après les autres et je m’assurais de donner l’information au public, indique-t-il. Ainsi, 50 ans sont passés et je ne m’en suis pas rendu compte ! »

« Notre rôle, comme journaliste, comme informateur, c’est de donner de l’information et rassurer la population. C’est d’informer correctement et honnêtement », ajoute M. Bruneau.

Cinq décennies d’information qui n’auraient pas été possibles sans, d’une part, le soutien et la confiance de son employeur, et d’autre part, de l’amour et de la confiance que lui ont portés les téléspectateurs québécois.

« Pendant tout ce temps-là, j’ai fait mon métier avec la rigueur et la passion qu’on me connaît, réalise le journaliste aguerri. Je me considère comme privilégié d’avoir pu accompagner les Québécois pendant toutes ces années. »

Maintenant à la retraite, M. Bruneau compte savourer chaque instant passé avec ses proches et continuer son voyage au tour du monde.

Il pense enfin à lui plutôt qu’à la prochaine nouvelle d’envergure, et cela lui sied bien, de son propre aveu.

« Après 50 ans sous les projecteurs, j’ai le goût d’avoir un peu d’ombre. Et j’en profite. »

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.