La présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, est reconduite pour un second mandat écourté à la tête du diffuseur public, a annoncé jeudi le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez.

En règle générale, les patrons de la société d’État occupent leurs fonctions à coup de périodes de cinq ans. Or, Ottawa confie à Mme Tait un mandat de seulement 18 mois, soit jusqu’en janvier 2025.

« Mme Tait a accepté de rester pour mener à bien plusieurs dossiers cruciaux, notamment l’examen par le CRTC du renouvellement de la licence du radiodiffuseur public ; le lancement de la première stratégie nationale autochtone de la société ; ainsi que les préparatifs des Jeux olympiques d’été de Paris 2024 », explique le ministre Rodriguez dans un communiqué.

Issue de la production audiovisuelle, particulièrement des secteurs cinématographiques et numériques, Mme Tait est devenue la première femme à diriger CBC/Radio-Canada le 3 juillet 2018. Son premier mandat a été marqué par de vives tensions entre les services francophones et anglophones dans les salles de nouvelles du diffuseur public, surtout sur les questions liées à l’EDI (équité, la diversité et inclusion).

Dès son entrée en poste, Mme Tait a fait de ces enjeux un champ d’action prioritaire. « À titre de première femme présidente du réseau public, il est impensable que je laisse tomber la diversité, confiait-elle à notre collègue Nathalie Petrowski en 2018. J’espère qu’avec une première femme à ce poste, ça va générer d’autres idées, d’autres perceptions. C’est cela qui fait la richesse d’une culture, non ? »

Lisez l’article « CBC/Radio-Canada : Catherine Tait, une présidente pour la diversité »

L’utilisation du « mot commençant par un N », sa participation à une manifestation à la mémoire des victimes des pensionnats pour Autochtones ou encore l’interprétation dans les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada sont autant d’enjeux qui ont donné lieu à des controverses dans les cinq dernières années.

Lois et projets de loi

Mme Tait est par ailleurs une ardente défenseuse du projet de loi C-18, présentement à l’examen au Sénat. Elle a rapidement tendu la main aux autres diffuseurs, voulant en faire des partenaires plutôt que des compétiteurs. « Cela ne sert à rien de nous faire la guerre entre nous, expliquait-elle en entrevue. Notre vrai concurrent, ce n’est pas Bell ou TVA. C’est Netflix, Amazon, Google et Facebook. Nous devons absolument collaborer et faire front commun contre eux. »

« Compte tenu de l’ampleur des changements découlant de la mise en œuvre de la Loi sur la diffusion continue en ligne [C-11] et du projet de loi sur les nouvelles en ligne [C-18], la continuité [le] rôle [de Mme Tait] à la tête du radiodiffuseur public est cruciale pendant cette période », soutient le ministre Rodriguez.

Un comité consultatif lancera « en temps voulu » un processus de sélection pour trouver la prochaine ou le prochain président-directeur général de CBC/Radio-Canada. Son entrée en fonction se fera en janvier 2025.

Avec Joël-Denis Bellavance, La Presse