L’histoire
Le film Captain Marvel (2019) a révélé l’existence des Skrulls, des extraterrestres capables de changer d’apparence pour prendre celle d’un humain, par exemple. Perçus au départ comme menaçants, ils sont, apprend-on, un peuple orphelin depuis la destruction de leur planète par les Kree. Carol Danvers (Brie Larson) et Nick Fury promettent de leur en trouver une nouvelle, mais les invitent à demeurer incognito sur Terre en attendant. Le Blip – le claquement de doigts de Thanos dans Avengers : Infinity War qui a fait disparaître la moitié des êtres vivants de l’univers pendant cinq ans – ralentit toutefois le processus. Une longue mission de Nick Fury sur une base spatiale contribue également au délai. Devenus impatients, des Skrulls rebelles menés par Gravik (Kingsley Ben-Adir) s’installent dans une ancienne centrale nucléaire en Russie et préparent leur combat contre les humains pour le contrôle de la Terre.
Le style
Lors de la conférence de presse virtuelle des artisans de Secret Invasion, le terme « grounded » a été maintes fois prononcé. Il ne se traduit pas si aisément, car « ancré » ou « établi » ne correspond pas exactement au sens désiré. Ainsi, nous avons demandé au réalisateur des six épisodes, Ali Selim (Sweet Land, In Treatment), de nous donner sa définition. « J’aime les histoires humaines qui ont un impact universel plutôt que les histoires qui veulent avoir un impact universel et qui cherchent l’aspect humain, indique-t-il d’emblée. Cette histoire est celle de Nick Fury, un homme qui ne peut pas voler. Il revient sur Terre, un peu plus vieux, un peu largué, désorienté par le Blip. Malgré tout, il doit accomplir la mission qu’il s’est donnée. C’est le genre d’histoire que j’aime raconter, car je peux le faire avec empathie. »
L’inspiration
Depuis l’annonce de la série en 2020, les studios Marvel promettent un ton similaire à celui de Captain America : The Winter Soldier, l’un des films les plus acclamés du MCU. Secret Invasion est inspirée d’une série de huit bandes dessinées du même nom lancée entre juin 2008 et janvier 2009. Celle-ci inclut cependant beaucoup plus de personnages. « En lisant le scénario, j’ai retenu les thèmes de la méfiance, de la suspicion, de la paranoïa ainsi que celui de la figure solitaire qui se remet en question de façon philosophique, souligne Ali Selim. J’ai replongé dans les films noirs, tels The Third Man (Carol Reed), The Conversation (Francis Ford Coppola) et la trilogie paranoïaque d’Alan Pakula : Klute, The Parallax View et All the President’s Men. La tension créée dans ces œuvres m’a inspiré. » Le réalisateur souligne que la série évoluera de manière à évoquer les westerns américains classiques, comme The Searchers, de John Ford, et Unforgiven, de Clint Eastwood.
La distribution
La Presse a pu visionner les deux premiers épisodes de Secret Invasion. L’énorme talent des comédiens est bien mis à contribution. Des scènes entre Samuel L. Jackson et Olivia Colman, Ben Mendelsohn puis Don Cheadle sont déjà parmi les plus beaux moments de « cinéma pur » du MCU. « C’est un groupe composé de certains de nos meilleurs acteurs vivants. Mon travail était simplement de leur donner les conditions pour qu’ils puissent offrir le meilleur d’eux, mentionne Ali Selim. Plusieurs scènes montrent deux personnes qui discutent, comme au théâtre. Notre objectif était de trouver la vérité émotive dans ces moments. » Le réalisateur, qui confie avoir développé un lien fort avec Ben Mendelsohn, remarque que l’acteur australien « ne peut s’empêcher d’exposer cette vérité ». « Être dans la même pièce qu’Emilia Clarke lorsqu’elle travaille est un privilège. Je me sens aussi privilégié d’avoir été témoin de l’électricité générée par Samuel L. Jackson et Don Cheadle, qui souhaitaient partager une scène ensemble depuis des années », ajoute-t-il.
Notre avis
Après deux épisodes, Secret Invasion est très bien lancée. La suite sera déterminante, car l’intrigue n’est pour l’instant qu’à peine révélée. Il serait étonnant qu’une importante rupture de ton se produise, alors on peut affirmer qu’il s’agit de la série la plus sérieuse et la plus sombre du MCU jusqu’à maintenant. Il y a de la tension et de l’action. Les effets spéciaux sont réussis, mais on se demande pourquoi les Skrulls peuvent changer l’apparence de leurs vêtements en plus de leurs corps… Sans vouloir se répéter, la distribution est vraiment exceptionnelle. À un point que la performance d’acteurs autres que ceux déjà mentionnés paraît parfois plus faible. Ce n’est pas le cas de Kingsley Ben-Adir qui est particulièrement convaincant en Skrull à la détermination sans borne. Il est franchement intimidant.
Sur Disney+, dès le 21 juin