Avant de renouer avec le jeu dans Indéfendable, la comédienne, animatrice et autrice Ingrid Falaise présente une nouvelle série documentaire de son cru. Dans Adapté, elle aide des familles, dont un enfant ou parfois un parent vit avec un handicap, à renouer avec les activités au grand air. Une façon de changer le monde, un pas à la fois.

Pour la taquiner, les amis d’Ingrid Falaise l’appellent « Ingrid veut savoir », raconte-t-elle. Ce surnom est un clin d’œil à une ancienne émission animée par Janette Bertrand où celle-ci osait demander même ce qui ne se demande pas, avec la sensibilité et l’intelligence que l’on sait. « Je suis toujours celle qui pose des questions [dans mon entourage], dit Ingrid Falaise. J’aime le vrai, j’aime les gens, la réalité. »

Ces dernières années, la télévision est devenue son alliée pour creuser certaines failles de la société (Femme, je te tue, Face aux monstres, etc.) et le documentaire, son format de prédilection pour « entrer dans le cœur des gens pour faire tomber des barrières et ouvrir des œillères ». C’est encore l’objectif de la série Adapté, présentée à AMI-Télé, où elle rencontre des familles dont un parent ou un enfant a une maladie ou a subi un accident qui a laissé des séquelles importantes sur le plan physique ou intellectuel.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Ingrid Falaise

Ainsi, au premier épisode, elle présente Olivia, jeune fille de la région de Québec qui, après de multiples opérations au cœur peu après sa naissance, est restée avec des limitations sur les plans moteur et intellectuel. Elle rencontre aussi la famille de Tianha, jeune fille atteinte de spina bifida. Elles vivront de grandes premières : l’une pourra faire du vélo toute seule, alors que l’autre réalisera son rêve de monter à cheval.

Ingrid Falaise est partie de sa propre expérience pour concevoir Adapté. Le fils aîné de son conjoint vit en effet avec l’autisme et une déficience intellectuelle, ce qui a eu un impact sur leur mode de vie. Une semaine sur deux, le couple très actif devait mettre de côté les activités sportives, car elles n’étaient pas adaptées ni facilement adaptables aux capacités de l’aîné. « Il était hors de question qu’on le laisse de côté, je suis totalement contre ça », dit l’animatrice.

IMAGE TIRÉE DE LA SÉRIE ADAPTÉ

Olivia donne une tape dans la main à l’animatrice Ingrid Falaise, grâce à qui elle a pu avoir accès à un tricycle adapté lui permettant de rouler toute seule ou accrochée au vélo de son papa.

En faisant des recherches, elle a découvert la Fondation des sports adaptés et l’existence d’une luge permettant à son beau-fils de dévaler les pentes avec le reste de la famille.

Voir le brillant dans ses yeux, sa joie de monter avec nous au sommet de la montagne, c’était extraordinaire. J’en ai la chair de poule juste à le raconter.

Ingrid Falaise, animatrice

Objectif inclusion

Avec Adapté, elle aide justement des familles à ravoir des étoiles dans les yeux et montre qu’il est possible de rendre la société plus inclusive. « Aucun enfant ne devrait rester sur le banc », insiste-t-elle, tout en déplorant que l’information soit si difficile à trouver pour les familles qui cherchent des solutions pour résoudre des problèmes de mobilité ou d’accessibilité à des activités de plein air.

Sa série se démarque par un ton extraordinairement juste : on ne sent jamais l’envie de chercher l’émotion à tout prix. La caméra ne détourne pas le regard si les larmes montent aux yeux d’une des personnes à l’écran, mais l’animatrice ne cherche jamais à les provoquer. « On est entrés dans cette série-là avec le désir de célébrer la vie », dit-elle.

« On était dans un état d’esprit positif et les familles le sont aussi, enchaîne-t-elle. Elles ont vécu assez d’épreuves. Il y a eu des larmes, c’est sûr, mais le but de la série est de sortir, de lâcher les écrans, de faire du sport et de prendre soin de sa santé globale. »

La série Adapté compte six épisodes et est accompagnée d’une baladodiffusion comptant trois segments où Ingrid Falaise discute avec des personnalités. Le concepteur, chroniqueur et réalisateur Stéphane Laporte parle d’accessibilité (et d’inaccessibilité), l’athlète Chantal Petitclerc parle du choc de l’accident qui l’a rendue paraplégique à l’adolescence et de maternité, alors que la comédienne Mireille Deyglun évoque les impacts d’un enfant limité sur la fratrie (sa jumelle était trisomique).

Ingrid Falaise souhaite contribuer à faire bouger les choses dans le sens de l’ouverture. Prêcher par l’exemple est manifestement une façon efficace de le faire : après les avoir vues, sa famille et elle, faire du ski en usant d’une luge adaptée, le propriétaire du Mont-Blanc, dans les Laurentides, leur a dit vouloir s’en procurer et former son personnel pour rendre sa montagne plus accessible. « Ça va peut-être avoir des répercussions sur d’autres montagnes de ski », se réjouit déjà l’animatrice.

Dès mardi, 20 h, sur AMI-Télé.