(Paris) Netflix réussit-il enfin le rêve des fans de mangas ? La série avec des acteurs (ou « live action ») adaptée du manga phénomène One Piece sur la plateforme de streaming enregistre un fort succès d’audience, brisant la malédiction des tentatives précédentes.

Avec une note de 84 % sur l’agrégateur d’avis Rotten Tomatoes et une première place dans le top 10 des séries en langue anglaise les plus visionnées (18,5 millions de vues en quatre jours), le pari semble en effet réussi.

Avant la diffusion fin août des huit premiers épisodes de l’adaptation du manga aux plus de 500 millions d’exemplaires vendus, les prévisions les plus pessimistes avaient été faites par les nombreux commentateurs de l’œuvre d’Eiichiro Oda, démarrée en 1997.

Pourquoi ? Les précédentes adaptations en « live action » de mangas à succès par le géant américain, comme Full Metal Alchemist ou Death Note (2017), n’avaient pas convaincu, tandis que celle de Cowboy Bebop (2021) avait été annulée au bout d’une saison par la plateforme face aux mauvaises critiques.

Autre catastrophe industrielle dans les mémoires : le désastre de Dragon Ball Evolution en 2009, considéré comme l’une des pires adaptations de l’histoire de Hollywood.

« Plusieurs mangas ont été transposés en prises de vue réelles, mais les échecs sont légion. Personne au Japon ne peut citer d’exemple de réussite », avait admis Eiichiro Oda dans une rare interview donnée au New York Times, publiée fin août.

« Chien de garde »

En atteignant dès son démarrage le top 10 de Netflix dans 93 pays, avec la première place dans 46 d’entre eux, cette version de One Piece marque un tournant, selon les observateurs.

« À la surprise générale, et surtout de la mienne, la série Netflix One Piece est… bien en fait. Évidemment, elle a des défauts, mais j’ai passé un super moment devant, alors que j’étais persuadé que ça ne pouvait pas marcher », a par exemple relevé dimanche le youtubeur francophone Le Tropeur (179 000 abonnés) sur sa chaîne.

Parmi les clés du succès figure le fait qu’Eiichiro Oda a supervisé lui-même la série, dotée d’un budget dépassant la centaine de millions d’euros selon la presse – chiffre non confirmé par Netflix –, et a été conçue par des fans, sans que le mangaka japonais n’ait fait de concession sur le résultat final.

« Netflix a accepté de ne pas diffuser la série tant que je ne l’aurai pas jugée satisfaisante. J’ai lu les scénarios, j’ai pris des notes et j’ai joué le rôle de chien de garde pour m’assurer que le (manga) était adapté de la bonne manière », a-t-il confié.

C’est surtout la performance des personnages incarnés par des acteurs en chair et en os, en premier lieu Inaki Godoy dans le rôle de Luffy, héros de la série qui sillonne les océans armé de son chapeau de paille et de ses superpouvoirs pour devenir le roi des pirates, qui a séduit.

« One Piece de Netflix réussit là où d’autres adaptations d’anime (animation japonaise, NDLR) en prises de vues réelles ont échoué, en comprenant ses limites et en sachant comment travailler avec elles », a résumé Charles Pullam-Moore du média américain The Verge.

La première saison reprend l’intégralité des douze premiers tomes de la saga, qui compte une centaine de volumes pour le moment. De quoi ouvrir la voie à une suite, déjà réclamée par des fans.