Au cours des 20 dernières années, il a produit des émissions à succès comme Les pieds dans les plats, avec Daniel Pinard, À la di Stasio, Curieux Bégin, Les francs-tireurs, mais aussi des documentaires comme Le goût d’un pays ou Manon, sur le suicide assisté. Il s’est éteint mardi soir.

Son fils Mathieu Paiement a confirmé la nouvelle à La Presse mercredi. Jean-Pierre Paiement est mort après quatre semaines d’hospitalisation à la suite d’une infection qui a entraîné des complications pulmonaires. Il avait 72 ans.

« C’était quelqu’un qui ne laissait personne indifférent, a commencé par nous dire Mathieu Paiement, encore secoué par la perte de son père avec qui il a fait ses premières armes sur le quiz Bluff, en 2008. Il savait s’entourer de gens de qualité. C’était un gars d’équipe, un homme de famille, même s’il y a beaucoup de gens qui l’appelaient capitaine… Il était passionné par ce qu’il faisait. »

Jean-Pierre Paiement a commencé à travailler comme réalisateur pour l’émission de radio du matin animée par Joël Le Bigot à Radio-Canada, avant de diriger brièvement le service français de Radio-Canada, puis le service des sports. Par la suite, il a travaillé comme producteur, lançant des émissions de cuisine et d’affaires publiques.

Mon père avait un drôle de profil, il s’intéressait autant au sport qu’à la culture. C’était un intello sportif. Mais c’était aussi un touche-à-tout. Il n’avait peur de rien. Il fallait avoir du front pour lancer une émission comme Les francs-tireurs.

Mathieu Paiement

De quoi était-il le plus fier ? Mathieu Paiement réfléchit quelques secondes, puis répond : « C’était quelqu’un d’humble, qui avait avant toute chose l’esprit d’équipe. Sa plus grande fierté, c’était de voir que les gens avec qui il avait travaillé avaient connu du succès. De voir qu’une ancienne recherchiste était devenue animatrice, par exemple. »

Justement, l’animatrice Sophie Fouron a été recherchiste pendant cinq ans à l’émission Les francs-tireurs, « une école formidable », nous dit-elle. « Il y a vraiment eu un avant et un après pour moi. J’ai découvert une autre façon de faire de la télé », a-t-elle confié à La Presse.

« Jean-Pierre avait beaucoup de flair, c’était quelqu’un qui avait un esprit de famille extraordinaire. Ç’a été une rencontre déterminante pour moi », nous dit encore Sophie Fouron, qui a avoué avoir ressenti « une grande peine » en apprenant sa mort.

« Il avait eu la bonne idée de réunir des personnes qui étaient très différentes. Il écoutait tout le monde, il avait un humour extraordinaire, c’était un bon vivant. Il y avait une hiérarchie, mais tellement d’enthousiasme et de passion. Il y avait dans l’équipe un esprit de famille, et c’était grâce à Jean-Pierre. C’était lui, le liant, le patriarche. Il voulait toujours qu’on s’entende. Il était sensible, conciliant, humain. Je lui dois beaucoup. »

Notre collègue Patrick Lagacé, qui a coanimé Les francs-tireurs avec Richard Martineau pendant plusieurs années, était lui aussi ébranlé par sa disparition.

« Jean-Pierre Paiement était un leader, un visionnaire. Avec Les francs-tireurs, il a contribué à établir un genre télévisuel inédit pour l’époque. C’était un capitaine inébranlable quand la controverse frappait, un leader d’équipe plus grand que nature. Il a mis au monde plusieurs carrières télévisuelles, dont la mienne. Toute la diaspora des Francs-tireurs est triste aujourd’hui. »

Christian Bégin était lui aussi triste d’apprendre la mort de Jean-Pierre Paiement, qui a lancé Curieux Bégin et produit l'émission jusqu'à sa retraite il y a deux ans.

« Je lui dois beaucoup, reconnaît l’acteur et animateur. C’est lui qui est venu me chercher pour cette émission. Ma vie a changé à plusieurs égards à cause de Curieux Bégin. Il m’avait vu lors d’un passage à l’émission de Josée di Stasio, il m’avait trouvé taquin, irrévérencieux, et il m’avait donné carte blanche. Il fallait quand même être téméraire pour lancer une émission de cuisine avec quelqu’un qui n’avait jamais fait ça ! »

L’animateur de l’émission, toujours diffusée à Télé-Québec, loue les qualités du producteur. « C’était quelqu’un de pugnace, de déterminé, mais aussi d’ouvert, d’attentif, de disponible, qui prenait soin de nous. C’est vrai que c’était un joueur d’équipe et il a lancé plusieurs émissions importantes. »

Outre son fils Mathieu, Jean-Pierre Paiement laisse dans le deuil sa fille, Eve-Marie, et sa femme, Denise Boulanger.