Après les chroniques, la pièce de théâtre, puis le livre, voici maintenant la série. Cœur vintage, une idée originale, amusante et surtout réconfortante d’Émilie Bibeau débarque sur l’Extra d’ICI Tou.tv ce jeudi.

Les 10 épisodes de 10 minutes, réalisés par Rachel Graton, écrits par Pascale Renaud-Hébert, avec un coup de pouce de Fanny Britt, racontent les défaites amoureuses et professionnelles d’une certaine Pauline, quadragénaire littéraire peu ordinaire.

Elle vient de se faire larguer, travaille dans une clinique anticellulite et cherche un sens à tous ses malheurs en puisant dans toutes les directions, citant à la fois Madame Bovary, Les quatre filles du docteur March, pourquoi pas Louis-Ferdinand Céline, ou… Céline (Dion) tout court.

Ça vous donne une idée du ton, aussi riche qu’absurde, aussi spirituel que terre-à-terre, avec une bonne dose d’autodérision assumée. Il faut dire que cette Pauline n’est pas non plus désenchantée, elle est drôlement bien entourée, ses amitiés sont solides et après trois épisodes visionnés, on sent poindre plusieurs rebondissements à l’horizon.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Émilie Bibeau incarne Pauline à l’écran.

Côté distribution, outre Émilie Bibeau (en Pauline, on l’aura deviné), mentionnons Anne-Marie Cadieux, Pierre Curzi, Nathalie Doummar, Vincent Leclerc et Guylaine Tremblay. « Contrairement aux chroniques [présentées à l’émission Plus on est de fous, plus on lit ! sur ICI Première], on sort vraiment de l’autofiction », précise l’idéatrice du projet, Émilie Bibeau, rencontrée la semaine dernière avec une partie de sa coquette équipe. Après la pièce de théâtre montée à La Licorne et le livre publié chez Cardinal, « j’ai construit un univers, des personnages, Pauline, qui n’ont rien à voir avec ma vie », dit-elle.

Un « baume »

N’empêche que l’esprit demeure, notamment cette petite voix intérieure qui s’exprime ici et là par l’entremise des « mots des autres », comme elle dit. « Ils sont un baume. Que ce soient les mots des livres, d’une amie, une chanson, une émission de radio, c’est très large, j’avais envie de parler de ça : comment ces mots s’imbriquent dans notre quotidien, beaucoup plus qu’on pense. »

La réalisatrice Rachel Graton a été d’emblée touchée par le personnage décalé de Pauline. « Son côté cœur vintage, hors de son époque, souligne-t-elle, je m’identifie à 100 % ! Moi, à l’adolescence, j’écoutais Pauline Julien et Gilles Vigneault était mon idole ! Je me suis sentie tellement souvent à côté ! »

Si Émilie Bibeau a écrit deux pilotes (avec la collaboration d’Anouk Mahiout), c’est à Pascale Renaud-Hébert (M’entends-tu ?) que l’on a confié l’écriture du reste de la série. Cette dernière s’est quant à elle plutôt reconnue dans « l’humour et l’autodérision » du personnage principal et sa « quête d’un idéal amoureux et romantique ». « On a toutes grandi avec beaucoup de références qui nous amènent à croire qu’il faut rencontrer quelqu’un, dit-elle, qu’il faut trouver la bonne personne. » Souvent en vain, faut-il le signaler.

Si la prémisse est certes vieille comme le monde, Fanny Britt voit dans Cœur vintage une façon renouvelée de se l’approprier.

C’est cette idée des mots des autres et des accompagnements multiples qui donne un point de vue nouveau à cette histoire vieille comme le monde. C’est éculé, mais c’est éculé depuis longtemps !

Fanny Britt, conseillère à la scénarisation

Elle se félicite au passage que le personnage de Pauline ne soit pas une jeune femme de « 22 ans en quête d’amour ». « Ça n’a pas le même poids à 40 ans, poursuit-elle. Parce que ce n’est pas qu’une quête d’amour, c’est un constat sur sa vie. Et ce n’est pas juste une crise de la quarantaine clichée […], c’est quelqu’un qui ne s’est pas permis d’aller là où elle voulait, il y a aussi une réflexion sur le travail, une réflexion sur le sens de l’existence ! »

Parenthèse : fait rarissime, on a ici une femme de 40 ans sans enfant, dans un scénario où la maternité n’est jamais évoquée, ne faisant même jamais partie de l’équation.

« Ce n’est pas un statement, reprend Émilie Bibeau, mais je voulais que ça existe de cette façon. » Point barre. Elle considère d’ailleurs sa série comme une œuvre avant tout « rassembleuse ». « On vit une époque où on est tous tellement isolés. […] Cœur vintage, c’est une réponse à cette époque un peu brusque. […] Parce que je pense qu’on a besoin de ça : quelque chose de lumineux. »

Sur l’Extra d’ICI Tou.tv