La Presse a décortiqué l’alignement pré-Bye bye de Radio-Canada pour relever les bons (et les moins bons) coups du réveillon

Les émotions d’En direct

On peut toujours compter sur France Beaudoin pour transformer notre salon en happening festif… même lorsqu’on rattrape son émission en léger lendemain de veille, un lundi matin.

Encore une fois, l’équipe d’En direct du jour de l’An s’est surpassée en concoctant un mariage harmonieux entre chansons entraînantes, moments d’émotion et rétrospective annuelle. Les enlèvements impromptus (sans brossage de dents, rasage ou douche… sauf pour Gino Chouinard) étaient particulièrement réussis, tout comme les clins d’œil à l’actualité des 12 derniers mois. Parmi eux, on retient Creton (Josée Deschênes) toute de rose Barbie vêtue, Le REM sur Je t’aime de Lara Fabian, Les beaux légumes pour parler de l’inflation à l’épicerie, et Mélissa Bédard qui s’époumone sur Oxygène de Diane Dufresne, en référence aux incendies de forêt estivaux.

La chimie semblait opérer à fond au sein du quintette de personnalités « enlevées », composé de Mélanie Maynard, Benoît McGinnis, Gino Chouinard, Élise Guilbault et Ève Côté. Cette dernière a d’ailleurs parfaitement résumé notre pensée en échappant un « Ouf ! » bien senti au cœur du segment le plus lacrymal de l’émission : le salut aux grands disparus, un numéro magnifiquement dépouillé (comparativement aux medleys pétaradants) qui réunissait Aliocha Schneider, Richard Séguin, Kim Thúy, Ingrid St-Pierre et 84 résidants de Lac-Mégantic devant des constellations d’étoiles qui dessinaient les silhouettes de Karl Tremblay, Michel Côté, Denise Bombardier, Louisette Dussault, Hubert Reeves et Guy Latraverse.

Plus les années passent, plus les attentes sont grandes, et plus En direct de l’univers les dépasse.

PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Gino Chouinard, Élise Guilbault, Ève Côté, Mélanie Maynard et Benoît McGinnis

Grâce aux comédiens

Des quatre grands spéciaux du 31 décembre, À l’année prochaine n’a jamais été notre préféré. On apprécie les performances des comédiens/imitateurs, qui élèvent le matériel qu’on leur donne, mais l’humour bon enfant de l’émission normalement exclusivement radiophonique, conçue, écrite et pilotée par Philippe Laguë, nous laisse habituellement de marbre.

PHOTO LAURENT BOURSIER, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

La distribution d’À l’année prochaine : Pierre Verville, Michèle Deslauriers, Dominic Paquet, Philippe Laguë, Véronique Claveau et Benoit Paquette

L’édition 2023 a perpétué la tradition. On voyait venir la plupart des gags de loin, et après l’irrésistible tourbillon d’émotions d’En direct du jour de l’An, la simplicité du rendez-vous enregistré au Théâtre Beanfield de Montréal a freiné notre élan d’enthousiasme, comme une douche pas nécessairement froide, mais assurément tiède. Heureusement, grâce au talent d’interprétation de Michèle Deslauriers (formidable en Ginette Reno), Benoit Paquette (convaincant Bernard Drainville), Dominic Paquet (Normand Lester), Pierre Verville (François Legault, Patrice Roy) et Véronique Claveau (Pénélope McQuade, Sonia Benezra), on n’a pas regardé notre montre trop souvent durant l’heure. Et l’entrain évident avec lequel ils jouent chacun des sketchs traverse l’écran. (Avis aux intéressés : l’émission est rediffusée mardi à 21 h sur ICI Télé.)

Jamais trop de Véronique Claveau

Parlant de Véronique Claveau, la chanteuse a connu une grosse soirée, aussi bien devant que derrière l’objectif. D’après ce qu’on a appris durant l’émission des coulisses d’En direct du jour de l’An (qui sera présentée de nouveau mardi à 18 h 30 sur ICI Télé), l’ex-star-académicienne a aidé France Beaudoin à surprendre Véronic DiCaire en remplaçant Gowan pendant les répétitions, pour ensuite laisser le chanteur canadien monter sur scène durant l’enregistrement, au grand étonnement de l’imitatrice franco-ontarienne, qui l’avait accompagné en tournée en 1996.

PHOTO LAURENT BOURSIER, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Véronique Claveau dans À l’année prochaine

Outre sa (trop courte) relecture de Prière païenne de Céline Dion dans En direct du jour de l’An, Véronique Claveau s’est également illustrée en caricaturant la reine de Vegas dans À l’année prochaine. Sa Céline-qui-adopte-un-ton-grave-pour-discuter-de-choses-sérieuses était bluffante. « Les derniers mois m’ont permis de réaliser une chose. Cette chose est une phrase qui, lorsqu’elle est dite, veut dire quelque chose, qui est aussi une phrase… » Cette réplique promet de devenir un classique.

Un Infoman moins mordant

Encore beaucoup, beaucoup de bonnes trouvailles dans Infoman, mais pour une raison qui nous échappe, on n’a pas ri autant qu’on l’aurait souhaité en regardant la revue humoristique animée par Jean-René Dufort. Est-ce que l’actualité déprimante de 2023 y serait pour quelque chose ? Peut-être. Mais on aurait tendance à mettre en cause les entrevues trop complaisantes avec l’élite politique. Sans fournir de moments particulièrement mémorables, elles accaparaient la moitié du temps d’antenne. Justin Trudeau, François Legault, Pierre Poilievre, Paul St-Pierre Plamondon, Bernard Drainville, Steven Guilbeault, Yves-François Blanchet, Bruno Marchand… C’est trop.

On aurait préféré davantage de segments innovants et surprenants, comme Parlons baboune avec Marc Labrèche et Jean-René Dufort déguisés en Pierre Fitzgibbon devant le véritable « superministre », la lecture de Barbada aux enfants de parents de droite (avec des titres comme La princesse au petit Poilievre et Bambi à Longueuil), Les triplettes de Drainville (sa reprise quasi a cappella de Toune d’automne des Cowboys Fringants est toujours aussi gênante), Dans la tête de François Legault (avec Antoine Vézina) et, surtout, La ré-résurrection du troisième lien, qui racontait l’interminable saga du projet routier Québec-Lévis en trafiquant les images de Jésus de Nazareth. Fallait y penser !