Jeudi après-midi 11 janvier, chez Grandé Studios. Julie Ringuette répète son numéro depuis plus d’une heure. La mécanique est particulièrement complexe. Le temps file. Le coconcepteur de Zénith Dominic Anctil s’approche de nous en souriant. « On s’complique la vie en tab… »

Le producteur au contenu ne saurait mieux dire. Un simple coup d’œil au plateau suffit pour réaliser combien l’équipe derrière l’émission de variétés pilotée par Véronique Cloutier aime « pousser la machine ». Un décor rotatif en pièces détachables, des figurants, des accessoires, des mouvements de caméra nécessitant un réglage au quart de tour, un découpage serré, une chorégraphie… Une erreur et tout peut s’effondrer.

« On monte quatre numéros d’ouverture de gala chaque semaine, illustre Dominic Anctil. C’est beaucoup de recherche et développement. On essaie des affaires. On cherche le facteur wow. »

Même son de cloche du côté du réalisateur, Alain Chicoine.

Chaque fois, c’est des halftime shows [spectacles du Super Bowl].

Alain Chicoine, réalisateur de Zénith

Habituée aux plateaux, Julie Ringuette s’occupe (c’est-à-dire, faire des vocalises) pendant qu’autour d’elle, les techniciens peaufinent des détails qui n’en sont pas vraiment, comme déplacer au centre du studio l’énorme cube autour duquel s’articule son numéro. Zénith a beau être une compétition dans laquelle les chanteurs de tous âges « tentent de rallier toutes les générations », l’actrice aborde l’aventure d’une autre façon. Celle qui s’est illustrée dans Mégantic voit l’émission comme l’occasion de panser « des petites blessures de chanteuse » qu’elle traîne depuis longtemps. Elle espère y parvenir en reprenant Vivante de France D’Amour.

« J’aime chanter, souligne Julie Ringuette. J’ai toujours voulu chanter. Mais j’ai échoué à mes cours de chant quand j’étudiais en comédie musicale. Je n’étais pas aussi docile que tout le monde. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le metteur et scène et chorégraphe de Zénith, Samuel Chouinard (à gauche), en compagnie du coconcepteur et producteur au contenu de l’émission, Dominic Anctil, durant les répétitions du numéro du chanteur Gilles Girard, des Classels.

« Je n’étais pas prédestinée au show-business, poursuit-elle. Je n’avais aucune connexion. J’ai auditionné dans toutes les écoles de théâtre de Montréal, et j’ai été refusée partout. J’ai été serveuse, j’ai été mascotte… Ç’a été tough. Pour moi, Vivante, c’est pour la fille qui a trimé. Aujourd’hui, j’ai 41 ans, j’ai deux enfants, et j’ai envie de dire : “What you see is what you get” [Prenez-moi comme je suis]. »

Les artistes ont chacun leur raison pour participer à Zénith. Pour Rafaëlle Roy, il s’agit d’une chance de réaliser un « rêve de petite fille », en reprenant Crazy in Love de Beyoncé et Jay-Z, chorégraphie et solo de batterie suspendu inclus.

« C’est un bon moyen d’ouvrir des portes qu’on n’aurait peut-être jamais ouvertes autrement », déclare l’auteure-compositrice-interprète de 29 ans.

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Des danseurs durant les répétitions du numéro d’inspiration Bollywood de Lulu Hughes

Des changements

Production et format original de KOTV (Plan B, L’œil du cyclone), Zénith est revenu en ondes devant 637 000 téléspectateurs, révèlent les données préliminaires de Numéris. Les fidèles l’ont peut-être remarqué, beaucoup de petits changements ont été apportés à l’émission.

Les plus notables (et bienvenus) concernent les capitaines. Normand Brathwaite (Boomers), Élyse Marquis (X), Félix-Antoine Tremblay (Y) et Éléonore Lagacé (qui remplace Claudia Bouvette comme représentante des Z) peuvent délaisser leur habituelle logorrhée de superlatifs après chaque prestation. On leur donne davantage de latitude. Ils prennent le pouls des spectateurs et réagissent aux choix de chansons des candidats.

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Un moniteur montrant les capitaines Félix-Antoine Tremblay et Éléonore Lagacé, dans un segment préenregistré

Du côté des règlements, le nombre de concurrents passe de 24 à 20. Chacun est assuré de présenter au moins deux numéros, puisqu’il n’y aura aucune élimination au terme du premier tour, une modification à laquelle Véronique Cloutier tenait mordicus.

J’étais trop triste qu’on élimine quelqu’un sans qu’on puisse le revoir. L’an dernier, Ludovic Bourgeois a appris dans son salon qu’il était éliminé. J’avais trouvé ça plate pour tout le monde : le public et l’artiste.

Véronique Cloutier

En studio, l’équipe a notamment déplacé la pastille pour maximiser l’effet de grandeur, ajouté des lumières pour mieux habiller l’espace des musiciens, foncé le plancher, isolé le plafond pour améliorer la qualité sonore, et donné une touche de doré aux gradins pour accentuer l’effet chaleureux du décor.

« Tout n’est pas nécessairement visible à l’œil nu, mais les gens le ressentent », estime Dominic Anctil.

« Les gens vont sentir une différence », ajoute Marie-Ève Jacques, productrice déléguée.

Autre nouveauté : une finale de deux heures qui réunira les 20 chanteurs (Radio-Canada a accepté de bouger Enquête, traditionnellement diffusée à 21 h) est également prévue.

« L’an dernier, presque tous les chanteurs étaient revenus pour encourager les autres, rappelle Véronique Cloutier. Mais parce qu’on n’avait pas assez de temps, on n’avait rien pu faire avec ça. Cette année, on prépare des numéros de groupe par génération, pour qu’on puisse revoir tout le monde. »

ICI Télé présente Zénith les jeudis soir à 20 h.