De Broadway à la Place des Arts, la greffe de la comédie musicale Chicago à Montréal a bien pris. Porté par des comédiens-chanteurs et des musiciens en pleine possession de leurs rôles, Chicago The Musical est un spectacle sans fausse note, sans temps mort et sans flafla: le bonheur est dans le cabaret.

Fesses hautes, galbées dans des culottes noires, bas résille sur jambes interminables: l'arrivée, sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier, des comédiennes de Chicago donne rapidement le ton de la soirée. C'est sexy, cela évoque les virées dans les bas-fonds et les geôles de la ville des vents, dans les années 20.  

Ville pécheresse, Chicago est le théâtre de scènes vaudevillesques au cours desquelles un amant est tué par sa maîtresse délaissée, quand ce n'est pas un mari qui succombe aux coups de sa légitime, courroucée. Tous ego dehors, Roxie Hart (Bonnie Langford) et Velma Kelly (la Montréalaise Terra C. MacLeod), arrêtées pour meurtre passionnel, tentent de tirer la couverture médiatique de leur côté dans une ville en mal de sensations fortes.

 

Le public connaît la chanson par coeur, grâce au film (Chicago, de Rob Marshall, en 2002) ou à la version française du spectacle, présentée à Montréal en 2003. L'avocat Billy Flinn (Brent Barrett) défend la veuve vengeresse moyennant pot-de-vin. La célébrité soudaine de la rousse Roxie empiète sur celle de la brune Velma. Entre les deux femmes, le bras de fer en chanson est entamé, rythmé par la matrone Mama (Carol Woods).

 

Côté paillette et chansonnette, Chicago, dans sa mouture «Broadway», trouve le bon équilibre. Bien sûr, le spectacle ne fait pas l'économie de costumes très bas résille, poitrines pigeonnantes pour ces dames et chemises ouvertes pour ces messieurs, ni d'une mise en scène flamboyante.

 

La scène, elle, reste sans décor. Au milieu, en estrade, trône l'orchestre conduit par Don York: tantôt figurants, mais souvent musiciens, les membres de l'orchestre livrent une partition irréprochable.

 

Difficile enfin pour le spectateur de ne pas être fortement impressionné par la prestation des comédiens, de ce ballet de corps parfaitement sculptés par et pour la danse, et de ces voix taillées pour la scène. Des premiers rôles aux simples figurants, la distribution de Chicago fait voler cette production très haut.

 

Chicago est un divertissement de haut niveau, sans temps mort, sans fausse note, sans faux pas. La mécanique est bien huilée, et si l'histoire de la comédie musicale est sans doute bien connue de tous ceux qui assisteront aux représentations, l'incarnation scénique vaut le détour tant elle est rythmée et enjouée. Un vrai moment de Broadway à Montréal.

 

Chicago, jusqu'au 21 juin à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.