Même si Mike Ward a reçu des menaces de mort pour la blague qu'il a faite sur Cédrika, et dont les médias ont fait tout un plat, il conserve son fan club. Devant une salle conquise d'avance, il est probablement celui qui a le plus manqué au public hier pendant ce gala qu'il était occupé à animer.

L'introduction, sous forme de film, promettait beaucoup. On y voyait Mike Ward descendu en flèche par la presse et sauvé in extremis de la dèche par le scandale du Bye Bye, la rage populaire  s'étant détournée vers une autre cible, Jean-François Mercier - qu'il remercie en le remplaçant à pied levé pour l'animation d'un gala Juste pour rire...

Son monologue d'ouverture, où il précisait revenir pour la première fois sur la polémique, ressemblait à une mise au point, pendant laquelle il a expliqué le contexte de sa blague. «À la fin, c'était rendu que Mike Ward avait kidnappé Cédrika et ma blonde la cherchait dans le sous-sol.»

Sinon, pour le reste de la soirée, il a été plutôt sage le Mike, mais chacune des ses petites interventions salées - et surtout les plus salées - ont été appréciées. Il était évident que le public était venu pour ça et qu'il en aurait pris plus.  Deux de ses invités se sont particulièrement démarqués; Pierre Hébert et Dominique Paquet. Hébert, dont le personnage d'handicapé qui dit tout ce qui lui passe par la tête (aucun surmoi, disons) est extrêmement apprécié; Paquet, qui a un indéniable sens du punch.

C'est sans compter l'invité surprise (mais c'était arrangé avec le gars des vues): Éric Salvail, qui a eu droit à une ovation debout avant même de commencer, en acceptant de reprendre son rôle d'animateur de foule pendant une fausse panne technique. Il se demandait s'il pouvait faire un bon humoriste, puisqu'ils sont si hot et que tout le monde veut coucher avec eux, « même les laids ». Un bon moyen aussi, de «faire plein de cash avec juste un secondaire 3».

On s'en voudrait d'oublier Sylvain Larocque, qui a proposé un monologue audacieux au public de Ward habitué à un autre type de langage. Parce que tout est dans la manière de raconter, a-t-il expliqué. Il a traduit en langage châtié ce qu'on pourrait appeler une «soirée de cul», en faisant l'éloge de son «piston débordant d'ADN». Avec assez de verve, pas très loin d'un Cyrano, pour obtenir la totale approbation de la foule.

Pour l'avoir vu à l'oeuvre quelquefois, on a trouvé dommage que le numéro de Charlypop & Friends tombe un peu à plat. Non qu'il était mauvais, mais il ne rendait pas justice au talent de ce bruiteur qui, seul, fait des miracles, mais en groupe, se retrouvait à n'assumer que le «beat» des chansons.

Enfin, si Mike Ward a dû marcher sur des oeufs pendant quelques temps, il n'a pas hésité à en casser sur la tête de Pierre Hébert en compagnie de son acolyte Patrick Groulx, en finale. En effet, le tandem a décidé de se venger du jeune débutant qui a osé l'an dernier interrompre un de leur numéro. Ils en ont profité pour  dynamiter son premier « stand-up » qui n'a, finalement, jamais eu lieu. On nageait carrément dans le slapstick, et l'on peut confirmer que le genre fonctionne toujours.

On est cependant sorti hier du Gala de Mike Ward pas tout à fait rassasié, avec en tête aucun moment particulièrement fort qu'on aime se répéter entre amis. Il faut au moins un orgasme de rire par gala, celui qui donne mal au ventre - c'est la règle, même si on rit souvent. Un gala qu'on pourrait dire «médium saignant», finalement...