Après avoir joué à Tom Waits, l'Orchestre d'hommes-orchestres propose un spectacle original de sa «musique pour les yeux»: Tintamarre caravane. Un théâtre musical sur roues qui se déplace bruyamment, à 80 km/h sur la voie de droite...

L'art a conduit l'Orchestre d'hommes-orchestres (OHO) jusqu'à un cimetière d'automobiles en banlieue de Québec, au bord de l'autoroute 40. Les multi-instrumentistes y cherchaient des klaxons.

 

«On se promenait avec une branche pour les électrifier et vérifier la note, raconte Simon Drouin. Il nous en manquait une ou deux pour compléter notre orgue à klaxons. Je me souviens que ceux des Honda nous frustraient. Ils étaient tous en mi.»

La bande de Québec a dû se rabattre sur le Canadian Tire pour compléter l'instrument de son nouveau projet musical.

L'OHO prépare une «oeuvre d'art mécanisée». Un genre de camion musical sur lequel sont greffés une multitude d'instruments. «L'idée n'est pas si originale, avance modestement Simon Drouin. D'autres l'ont sûrement déjà eue. Mais bon, c'est vrai que ce n'est pas très commun non plus.»

Leur choix s'est arrêté sur un camion de lait, un vieux Chevrolet 1963 trouvé sur un site de petites annonces. Chez le vendeur, à Magog, le groupe en a été satisfait. «C'était ce qu'on recherchait, un véhicule pas trop léché, avec du grain et du vécu.»

Ce projet musical a l'avantage de se déplacer par lui-même. «Il ne roule pas vite, mais il roule. Il a trois vitesses. On le monte jusqu'à 80 km/h. Ce n'est pas très silencieux. Quand on se rend à Montréal avec, il faut oublier la détente pendant quelques heures.»

Désormais stationné dans le Quartier latin, il émet des sons plus plaisants. La troupe de luthiers-brocanteurs a conçu plusieurs instruments inusités pour le camion. Des exemples? Un banjo-cuvette, fait à partir d'une cuvette d'hôpital achetée à un certain M. Fafard. Un violon monté sur une canne à marcher. Une scie musicale servant d'aileron arrière. Ou encore une thérémine (vieil instrument électronique) au lieu de l'antenne radio.

Ces instruments ressemblent à des protubérances du camion. Des cuivres (tuba, trombone) et quelques autres instruments y sont aussi intégrés.

Accompagnés des Crackle Sisters, les six membres du groupe passent par les fenêtres du camion et montent sur le toit pour interpréter des compositions originales et quelques pièces de répertoire, notamment de folklore américain et de foire parisienne.

Et la qualité du son? Simon Drouin concède qu'un banjo monté sur une cuvette de toilettes ne donne pas le son optimal. «Le doigté sur le manche est plus difficile, c'est certain. À cause de la position peu ergonomique des cuivres, on doit les jouer la tête vers le bas. Comme le spectacle est aussi visuel, il faut accepter ce genre de compromis.»

La beauté du bordel

À en juger par leurs spectacles précédents, il ne faut pas trop s'inquiéter de ces compromis. L'OHO s'est d'abord fait connaître avec son spectacle inspiré par la musique de Tom Waits. Un délire à la hauteur de ce géant, avec gants de boxe percussifs, masque à gaz apocalyptique et autres bizarreries pour recréer ses chansons.

Cet univers est étrange, fascinant et superbement bordélique. Mais drôle? Pas vraiment. De toute façon, ce n'est pas l'objectif. «Mais jouer au Juste pour rire nous fait plaisir, indique Simon Drouin. D'être invités à différentes manifestations avec différents publics, c'est peut-être même rassurant pour nous.»

Tintamarre caravane, un spectacle extérieur gratuit présenté à l'intersection Saint-Denis/Ontario. Soirs de semaine à 18h45, 20h30, 22h15. Fin de semaine à 17h, 18h45, 20h30 et 22h15.