Bilan du 3e FTA, du côté de la programmation en danse? Doux-amer. Quelques grands coups de coeur, notamment pour H3 de la compagnie Grupo de Rua du Brésil et Transports exceptionnels (l'homme à la pelleteuse), mêlés de déceptions, notamment à l'endroit de chorégraphes bien aimés.

LA révélation, parmi les 11 spectacles de danse présentés? Grupo de Rua du Brésil, mené de main de maître par Bruno Beltrão. Du breakdance déconstruit, distillé jusqu'à son essence, limpide, lumineux, mais jamais dénaturé. Une épure qui, étrangement, accroît le charisme des danseurs et qui, loin du bling, révèle l'infinie richesse du vocabulaire des danses de rue.

Autre bonheur: Transports exceptionnels. D'autant qu'un petit garçon, assis non loin de nous, est complètement subjugué. Aurions-nous trouvé, dans ce flirt entre un homme et une pelle mécanique - relecture bien originale du pas de deux, tant on y décèle adages, portés et variations -, ze truc pour attirer les garçons à la danse?

C'est avec un malin plaisir que nous avons revu Gravel Works, prévenant notre voisine des bouts savoureux à coups de coude! C'est que Frédérick Gravel, qui a impressionné nombre de diffuseurs et de programmateurs présents, manie avec finesse ironie, distanciation et second degré. Sa capacité à composer la désinvolture et son réel sens critique manquaient, par ailleurs, cruellement à Dance Songs de la Torontoise Ame Henderson, mais Jan Fabre nous l'a rendu au centuple. Que de délicieux débats autour de sa farce/fable multicouches L'orgie de la tolérance!

Au chapitre des déceptions, mentionnons aussi Body-Scan, signé Benoît Lachambre et Su-Feh Lee: la communion promise entre danseurs et spectateurs n'a pas eu lieu (une salle plus intimiste aurait-elle aidé?). Par ailleurs, Le show poche de Catherine Tardif, qui n'a malheureusement jamais dépassé l'enfilade d'improvisations (elle est d'habitude si habile à orchestrer ces perles disparates), a toutefois séduit la multitude d'ados présents à la première de cette création: ils découvraient là un tout autre visage de la danse.

«Un festival doit faire confiance à ses artistes. Parfois il y a des réussites plus spectaculaires, parfois cela reste du champ de la recherche», explique Marie-Hélène Falcon, la directrice artistique et générale du FTA, qui a coproduit Le show poche, Gravel Works et Le grand continental de Sylvain Émard. Elle insiste: le festival se démarque par la place faite à la création et se tient loin des productions plus consensuelles.

Reste qu'au strict chapitre de la danse, le FTA a encore du mal à se démarquer dans une ville où l'offre de spectacles du genre se densifie - la relève y est foisonnante et Danse Danse, la Cinquième Salle ou encore l'Usine C donnent désormais accès aux grands noms - et on est loin du volume de feu FIND, d'une Biennale de la danse de Lyon ou d'un Montpellier Danse.

«Le festival est à la recherche de paroles et de prises de position artistiques et esthétiques fortes, de créateurs qui posent un regard critique sur leur époque», renchérit Mme Falcon. Plusieurs spectacles de danse de 2009, même moins réussis, auront atteint cette marque. Alors on y arrive...