Les deux spectacles des élèves de dernière année de l'École nationale de cirque démontrent toujours la grande qualité de la formation offerte par l'établissement montréalais. La polyvalence de ces jeunes artistes s'avère une fois de plus éclatante.

En plus de posséder leur discipline principale, les 21 artistes savent jouer, danser et pousser quelques notes sur un instrument de musique. Bref, ce n'est pas cette année que l'École de cirque va voir son taux de placement des diplômés descendre sous la barre des 95%.

 

Beaucoup de talents protéiformes, donc, répartis en deux spectacles très différents cette année.

Rosso di Sera, de la conceptrice et metteure en piste Veronica Melis, se veut une métaphore poétique. Un ciel rouge le soir annonce du beau temps. C'est un pertinent présage pour les 11 artistes de la troupe.

Les meilleures notes vont au clown Mick Holsbeke, habile jongleur et équilibriste, mais surtout créateur d'un auguste fort attachant. Les deux duos de ce spectacle fascinent également par leur qualité esthétique et leur haute maîtrise technique. Ces jeunes sauront vite trouver une niche dans une organisation professionnelle: Mason Ames et Valérie Benoît-Charbonneau au main à main, ainsi que Rosalie Ducharme et Louis-David Simoneau au trapèze fixe.

Aux sangles aériennes, Hugo Ouellet-Côté présente un numéro qui allie force et nuances. Julien Silliau se montre particulièrement inventif avec sa roue allemande, tandis que le numéro de jonglerie de David Menes Rodriguez, gracieux et inusité, souffrait d'un éclairage peu flatteur.

Par ailleurs, le numéro d'échelle de Simon Nadeau n'était pas assez long pour s'imposer réellement. Et le soir de la première a été plus ardu pour les numéros de trapèze ballant réalisés par Noé Robert et Anne-Fay Audet-Johnston, malgré leur interprétation fort originale.

Scène de crime

Le deuxième spectacle de cette année, Scène de crime, est une proposition davantage théâtrale dans le style des 7 doigts de la main, à l'image de la cofondatrice de la troupe, Gypsy Snider, qui met en piste 10 élèves de dernière année de l'École.

En ce sens, le spectacle gagne grandement en homogénéité quoiqu'il fait moins ressortir les talents individuels des artistes. Mais on imagine facilement que le travail de ces jeunes pourrait trouver un écho au cours de prochains spectacles des 7 doigts. Les prestations de Sabrina Aganier, cerceau et contorsion, et de Fletcher Sanchez, mât chinois, impressionnent grandement. Malgré quelques accrocs, Jonathan Fortin, sangles aériennes, et Anthony Weiss, trapèze ballant, tirent aussi leur épingle du jeu.

Parce qu'ils sont fondus dans la présentation d'ensemble, il est plus difficile d'évaluer les acrobaties de William Bonnet et les numéros de main à main de Kelsey Wiens et Jeff Retzlaff, ou de Gregory Morgan Arsenal Romagosa et Yannick Thomas. Mais des idées brillantes fusent çà et là. Enfin, très ambitieux, le numéro de jonglerie de Giulio Lanzafame possède un grand potentiel.

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Rosso di Sera et Scène de crime sont présentés en alternance à la TOHU jusqu'au 13 juin.