Que font quatre diplômées de l'École nationale de l'humour après les classes? Des soupers de filles! Ce qui ne leur a pas seulement permis de se défouler et de passer du bon temps, mais de monter un premier spectacle collectif. Korine Côté, Nadine Massie, Mélanie Dubreuil et Isabelle Ménard présentent pour la première fois à Juste pour rire leur Girly Show, où la superwoman sera enfin démasquée. Discussion sur la féminité et l'humour avec l'une des girls, Isabelle Ménard.

Q : Comment est né le Girly Show?

R : L'an dernier, après le festival Juste pour rire, on avait travaillé beaucoup, mais on trouvait qu'on avait été laissées un peu de côté. On se demandait comment créer l'événement et montrer des filles de la relève. Alors on s'est dit qu'on allait proposer un show de quatre filles. C'est un party, un happening; pendant un peu plus d'une heure, on entre dans le monde des filles humoristes de la trentaine, comme si on ouvrait les portes d'un souper de filles.

Q : Est-ce vrai que le milieu de l'humour est difficile pour les filles ou est-ce seulement difficile de percer pour tout monde?

R : Ce que je trouve le plus difficile, c'est qu'on n'a jamais droit à l'erreur. S'il y a une fille dans un show de 10 gars et qu'elle performe, on l'encense. Si elle n'est pas parfaite, on dit que la fille n'est pas bonne. Tandis qu'un gars de la relève peut se péter la gueule, il va passer inaperçu parmi 10 gars. C'est plus tranchant.

Q : Une fille qui fait de l'humour dans un milieu de gars peut avoir l'avantage de la nouveauté, ou est-elle désavantagée en donnant l'impression que son humour ne s'adresse qu'aux filles?

R : Je dirais qu'il y a un peu des deux. Les gars de la relève sont toujours comparés aux humoristes établis, c'est plus difficile pour eux de se démarquer, tandis que nous sommes quatre filles qui avons très peu de modèles de leur âge sur scène. Quant à notre humour, je me demande si notre public n'est pas plus masculin. Les gars embarquent plus que les filles, qui ont souvent des préjugés au début. C'est compliqué, une fille sur scène, on regarde son look, sa coiffure, son attitude. On ne pourrait pas juste être nous-mêmes, sans être obligées de se masculiniser, tout en montrant notre côté niaiseux?

J'ai des amies dans tous les domaines, et on dirait que les filles ont tendance à se voir comme des compétitrices plutôt que des alliées. On s'est rendu compte à quel point on avait plus à gagner à se donner un coup de main au lieu de se mettre des bâtons dans les roues, en essayant chacune de notre côté de percer toute seule.

Q : Quelles sont vos influences?

R : Nous sommes toutes très différentes, c'est ça la beauté du Girly Show, même si nous sommes toutes brunettes... On a des références qui viennent de partout. Korine, c'est une fan finie de François Pérusse et de Jean-Marc Parent; moi, c'est vraiment RBO, tandis que Nadine et Mélanie dévorent à peu près tout ce qui s'appelle humour. On aime ce que les femmes humoristes font en ce moment; par contre, elles ne nous ressemblent pas vraiment. On est dans la trentaine, sans enfant, à l'aise avec l'informatique... On trouve plus d'humoristes filles de notre âge du côté anglophone.

Q : Où vous voyez-vous dans quelques années?

R : On commence à recevoir des propositions, ça faisait partie de nos objectifs, parce que deux soirs de spectacle, ce n'est pas assez. On veut pousser ça plus loin après le festival. Mais disons que mon plus gros kick, ce serait de nous retrouver dans cinq ans, au 15e anniversaire des Oliviers, à rafler quatre nominations sur huit dans la catégorie «humoriste de l'année». Et dans un gala qui serait animé par des filles...

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Le Girly Show, les 22 et 23 juillet, 21 h, au Studio Juste pour rire.