Arturo Brachetti se cache à Montréal depuis un mois pour monter un spectacle qui sera créé à Londres en octobre. Hier, toute son équipe s'est installée au théâtre Jean-Duceppe, où, à compter de demain, le célèbre transformiste offrira au public montréalais la primeur de ce spectacle en anglais baptisé Change.

«Bienvenue au Garrick Theatre, dit en anglais la voix de l'annonceur. On vous prie d'éteindre vos cellulaires (...) par respect pour l'âge avancé de M. Brachetti.» L'instant d'après, un Arturo Brachetti méconnaissable sort de son éternelle cabane en bois, un vieil homme aux cheveux longs en broussaille venu faire son ultime transformation dans un théâtre de 700 places du West End de Londres.Nous ne sommes pourtant pas à Londres, mais au théâtre Jean-Duceppe, où Brachetti, son scénariste et metteur en scène anglais Sean Foley et leurs collaborateurs, pour la plupart québécois, se sont installés hier après plus d'un mois de préparation dans les studios Mel's à la Cité du Havre.

Sur la scène, le «vieux» Brachetti dit sa joie d'être enfin à Londres et le prouve aussitôt en se transformant en policier, en punk qui se dandine sur l'air de God Save the Queen des Sex Pistols, en Élisabeth II, en pearly queen et en gentleman coiffé d'un chapeau melon. Puis apparaît le jeune Brachetti, tel qu'on l'a toujours connu, qui traversera l'écran pour venir donner un coup de pouce à son aîné. Les deux Arturo se prêteront alors à un spectacle teinté d'humour pince-sans-rire typiquement British au cours duquel le public de Londres fera connaissance avec l'artiste que Montréal a adopté il y a 10 ans.

Parce que Change est destiné à un public nouveau, Brachetti et Foley y ont recyclé les meilleurs numéros du transformiste. «Mais pour le spectateur montréalais, le spectacle est nouveau à 50 %, dit Brachetti. Les ombres chinoises, on est 10 dans le monde à faire ça à ce niveau. Dans le numéro sur Hollywood, j'ai changé beaucoup de personnages. Fellini reste et les Quatre Saisons sont réinventées. Mon spectacle précédent était plus lié à l'enfance, mais j'avais 10 ans de moins. Maintenant, c'est lié à la maturité.»

Arturo au paradis des stars

La dernière fois qu'on l'a vu, en 2007, Arturo Brachetti animait L'autre gala, mis en scène par Franco Dragone pour souligner les 25 ans du Festival Juste pour rire. Ledit gala n'avait convaincu personne et la direction de Juste pour rire voulait le retravailler pour lui faire faire le tour du monde. Brachetti a préféré le mettre "au frigo" en attendant la suite des choses, mais Dragone s'est vite consacré à d'autres projets.

Depuis, le transformiste n'a pas chômé. Il s'est produit à Shanghai et aux Pays-Bas, mais surtout en Italie, avec son spectacle Gran Varietà, qu'il pourrait nous présenter un de ces jours. C'est justement en Italie que le bureau de Londres de Juste pour rire a dépêché Sean Foley, en novembre 2007, pour qu'il prépare avec Brachetti le spectacle Change. Les deux hommes ont même répété dans le plus grand secret à Montréal l'an dernier «dans un décor de boîtes de carton, comme je fais toujours», précise le transformiste.

Change, explique Brachetti, c'est l'histoire d'un vieil artiste de variétés qui veut présenter son meilleur numéro et du jeune qui doit l'aider, mais qui veut aussi prendre sa place: «En fait, ce sont les dernières heures de la vie de ce monsieur, jusqu'à sa dernière transformation dans l'au-delà. Mais ce n'est pas triste parce qu'il va s'envoler au paradis des stars.»

«Pour moi, ce n'est pas comme mettre en scène une pièce de théâtre, dit Foley. C'est un artiste fort qui arrive avec son oeuvre. C'est aussi un genre de spectacle très particulier, que je vois comme un cube Rubik. J'y ajoute des éléments d'histoire, des éléments de texte.»

Pour tester son spectacle, Brachetti a décidé de le présenter devant public pour la première fois au théâtre Jean-Duceppe à compter de demain. Ce ne sera pas un laboratoire, ni même un work in progress, mais un spectacle achevé, en anglais évidemment, dont les billets coûtent moins de 50 $.

«Le public montréalais est différent de celui de Londres, mais c'est un bon public, qui possède une culture théâtrale et qui est habitué à ce type d'humour anglais au deuxième degré, à la Monty Python, affirme Brachetti. C'est la meilleure ville pour une avant-première de ce spectacle.»

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Change, d'Arturo Brachetti, au théâtre Jean-Duceppe, les 22, 23 et 24 juillet, 20 h, et le 25 juillet, 14 h et 20 h.