Pour les 25 ans de sa compagnie, Tout à trac, la pièce d’Hugo Bélanger, Le rêveur dans son bain, a enfin été créée au TNM jeudi soir, après avoir été reportée en 2021.

C’est une invitation à un voyage au pays du rêve et des merveilles que nous lance le créateur avec ce spectacle « feel good », dans lequel Bélanger repousse les frontières entre le rêve et la réalité, l’imaginaire et l’humanité, le théâtre et les autres disciplines. Comme le cinéma, la magie, le cirque, la bande dessinée…

Entre les lignes, son œuvre pose aussi une question à 6 millions : est-ce que la création est plus importante que la vie ? Sans y répondre directement, Le rêveur dans son bain démontre habilement une vérité universelle : le jour où l’on cesse de rêver et de croire à l’impossible, on commence à mourir un peu.

PHOTO YVES RENAUD, FOURNIE PAR LE TNM

Le rôle d’Octave est joué par le fabuleux Sébastien René (à gauche), dont la comparaison avec Philémon, personnage du bédéiste Fred, est frappante !

Univers éclaté

Inspiré par le génie d’artistes précurseurs du XXe siècle — tels que le cinéaste Méliès, l’illusionniste Robert Houdin et le dessinateur Winsor McCay ; et aussi de femmes artistes oubliées, comme Hannah Höch et Alice Guy-Blaché —, l’auteur a imaginé un personnage d’ermite (défendu avec brio par Normand D’Amour) vivant dans un cabinet de curiosités d’où l’on veut l’évincer. Quand son fils (Renaud Lacelle Bourdon, toujours juste) vient lui demander de quitter son logis, le rêveur refusera de sortir de sa baignoire. Car il attend le retour de la muse qui lui donnera l’inspiration pour créer un ultime chef-d’œuvre.

Hugo Bélanger propose ici un univers éclaté, ludique et très imagé. Un spectacle qui plaira à un large public. Toutefois, l’histoire reste assez banale et somme toute convenue. Autant lorsque son texte aborde l’éthique de la création (« le génie n’excuse pas tout ») que la relation père-fils conflictuelle. Les dialogues deviennent alors un peu lourds, par rapport à la facture fantaisiste de la production.

PHOTO YVES RENAUD, FOURNIE PAR LE TNM

Sébastien René et Normand D’Amour

Solide direction d’acteurs !

Par ailleurs, Hugo Bélanger s’avère un solide directeur d’acteurs. Toute la distribution excelle dans des scènes étincelantes, minutieusement rodées, où les interprètes doivent changer rapidement de peau.

Mentionnons les prouesses de jeu de Carl Béchard, dans quatre rôles différents. Béchard est un maître du comique, un interprète toujours sur le fil du cabotinage, sans jamais tomber dedans.

Soulignons aussi le mime sauvage, totalement survolté, du très doué Éloi Cousineau ; l’Octave du fabuleux Sébastien René, dont la comparaison avec Philémon, personnage du bédéiste Fred, est frappante ; et l’envoûtante muse de Cynthia Wu-Maheux.

PHOTO YVES RENAUD, FOURNIE PAR LE TNM

Le travail des concepteurs et conceptrices dans la production de Tout à trac est remarquable.

La conceptrice Marie Chantale Vaillancourt a créé plusieurs costumes fort beaux et colorés. Le magnifique décor de Jonas Veroff Bouchard est mis en valeur par la belle lumière de Luc Prairie. Un travail remarquable dans une production qui, sans réinventer la roue, sollicite notre capacité d’émerveillement et notre cœur d’enfant.

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Le rêveur dans son bain

Le rêveur dans son bain

Texte et mise en scène : Hugo Bélanger

Avec Normand D’Amour, Cynthia Wu-Maheux, Sébastien René, Carl Béchard
Au Théâtre du Nouveau Monde
, Jusqu’au 27 mai

7/10