Après plus de 25 ans loin des planches, Francine Ruel fait un retour au théâtre cet été. Elle est en vedette dans la pièce À la folie !, présentée à Cowansville, aux côtés de Geneviève Brouillette, de Marilou Morin et de Guy Richer. Rencontre.

Francine Ruel carbure aux défis. Écriture (romans et scénarios), enseignement, télé, cinéma, improvisation et animation, elle a touché à tout depuis sa sortie du Conservatoire de Québec, en 1969. « Comme des personnalités, j’ai toujours la crainte du “Oh non, pas encore elle !”. Mais j’ai la chance d’avoir trois métiers : le jeu, l’écriture et l’enseignement. Lorsque je finissais une série, je me retirais à la campagne pour commencer un roman. »

S’il y a un fil rouge dans sa vie et sa carrière, c’est la quête du bonheur. Le mot apparaît dans le tiers des titres de ses livres. Et le personnage qu’elle défend au théâtre cet été, dans À la folie !, possède un vieux cabaret de chansons qui se nomme… Le petit bonheur. Francine Ruel a hésité quelques jours avant de plonger dans l’aventure, car elle fait un retour sur les planches 28 ans après Le Sea Horse, chez Duceppe, aux côtés de Gilles Renaud. Or, les rôles se font rares pour les actrices avec le temps, déplore-t-elle en citant la comédienne Simone Signoret : « Au petit et grand écran, les hommes mûrissent et les femmes vieillissent. »

C’est d’ailleurs une femme vieille, malade et bourrue qu’elle incarne dans la comédie dramatique de Guy Richer et de Claude Montminy. « Simone est malade et elle a 10 ans de plus que mon âge (75 ans). Je dois apprendre à ralentir mes gestes, à apprivoiser la marchette, à visualiser la perte d’autonomie… C’est un gros défi. »

Mais Francine Ruel n’est pas le genre à se défiler au premier obstacle.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Francine Ruel est une actrice de composition qui aime la recherche, les répétitions et le processus de création.

J’ai grandi avec une mère féministe avant la lettre. Elle a élevé seule cinq enfants en travaillant à Québec. Elle nous a toujours dit de plonger, d’essayer, et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. Au moins, on a fait quelque chose.

Francine Ruel

La pièce est basée sur « une idée à la fois simple et formidable », dit-elle. Charles (Guy Richer), animateur et fêtard notoire, se voit un jour forcé de prendre soin de sa mère de 85 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Malgré l’attachement de sa mère au Petit bonheur, il veut vendre le cabaret et la placer dans un CHSLD. Pour mieux lui faire accepter son sort, le fils va imiter des chanteurs et lui interpréter des chansons de Joe Dassin, Julien Clerc, Cat Stevens, Tom Jones…

« J’adore la comédie dramatique, dit-elle. Les auteurs et le metteur en scène Marcel Pomerlo jouent sur la fine ligne entre le rire et les larmes. Tout en étant très respectueux dans leur approche de la maladie et de la vieillesse. »

La chaleur de l’acteur

Francine Ruel est très volontaire et n’a pas peur de plonger, d’ouvrir son jeu. « J’ai appris cela en faisant les premiers matchs de la LNI avec Robert Gravel, dit-elle. Un jour où je n’arrivais pas à jouer mon personnage en répétition, le metteur en scène René Richard Cyr m’a donné une indication que je n’ai jamais oubliée. Il m’a demandé si j’avais chaud en jouant… Parce qu’il faut transpirer, sinon ça veut dire qu’on joue avec sa tête, intellectuellement. »

De Léonne dans Scoop à Germaine Lauzon dans Les Belles-Sœurs, en passant par Donatienne dans Cormoran et Jessie dans Bonne nuit m’man ('night, Mother), Francine Ruel est une actrice de composition qui aime la recherche et le processus de création.

  • Francine Ruel dans Les belles-sœeurs, en 1993

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    Francine Ruel dans Les belles-sœeurs, en 1993

  • Macha Grenon, Roy Dupuis, Martin Drainville et Francine Ruel dans Scoop

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    Macha Grenon, Roy Dupuis, Martin Drainville et Francine Ruel dans Scoop

  • Francine Ruel a animé Le printemps... c'est tentant !, en 2002.

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    Francine Ruel a animé Le printemps... c'est tentant !, en 2002.

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« Quand j’ai auditionné pour Scoop, je l’ai faite très dure au début, comme Léonne était décrite dans le scénario ; en m’inspirant de Kathy Bates dans Misery. Mais le réalisateur m’a dit qu’elle était aussi sensuelle et aimait prendre de grands bains moussants… Je me suis retournée sur un dix sous pour changer de vitesse et l’adoucir. »

Tant qu’elle le pourra, Francine Ruel aura toujours envie d’essayer de nouvelles choses. Et si ça ne fonctionne pas, « tant pis, c’est pas plus grave que ça », comme lui disait sa mère.

À la folie ! Comédie dramatique de Guy Richer et Claude Montminy. Mise en scène de Marcel Pomerlo. Du 14 juillet au 19 août, à l’Espace Diffusion de Cowansville. Avec Geneviève Brouillette, Marilou Morin, Francine Ruel et Guy Richer.

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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La comédienne et autrice Francine Ruel au parc La Fontaine

Qui est Francine Ruel ?

Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec à la fin des années 1960. Elle a enseigné la scénarisation à l’Institut national de l’image et du son (INIS) de 1997 à 2003 ainsi qu’à l’Université Bishop’s en 2007 et 2008. À la création de la Ligue nationale d’improvisation, en 1977, elle est de la toute première improvisation en compagnie de Claude Laroche.

En plus de sa carrière de comédienne, elle est aussi autrice. Elle écrit dans différents genres littéraires (théâtre, roman, télévision, contes pour enfants et chansons). En 1993, elle a reçu le prix Gémeaux pour la meilleure interprétation dans un rôle de soutien pour Scoop 3 (pour son rôle de Léonne Vigneault).