Derrière le grand castelet
Reconnu pour ses spectacles de marionnettes géantes, le Théâtre de la Dame de Cœur présente pour la deuxième année l’histoire de Victor, un employé ambitieux qui, le jour de son 25e anniversaire, fait le vœu de « réussir » dans la vie. Dans la grande salle extérieure de 500 places, une gigantesque version du jeune homme trône derrière le castelet qui s’étend sur 180 degrés. Le soir venu, il s’anime grâce au savoir-faire des marionnettistes. « Ça prend six personnes pour le faire bouger, révèle Élise Lessard-Mercier. C’est vraiment un travail d’équipe. » Dans les coulisses, elle montre à La Presse que cette marionnette surdimensionnée est installée sur un camion à nacelle. Sa collègue Béatrice Deschênes-Gagnon est l’une des deux artistes qui se glissent dans la tête du personnage pour donner vie à ses expressions faciales. L’endroit est très exigu et ne permet pas de voir le déroulement du spectacle. Comment alors savoir à quel moment la marionnette doit se mouvoir ? « On se fie vraiment à la bande sonore », répond Béatrice Deschênes-Gagnon.
La spécialité du Théâtre
Au cours du spectacle qui invite le public à se questionner sur l’équilibre entre carrière et vie personnelle, le grand Victor est entouré d’une panoplie de personnages, dont un hamster ratoureux, une grand-mère aux mille conseils, une tirelire en forme de cochon et un Victor plus petit. Ces marionnettes géantes sont des marionnettes à tige, « la spécialité du Théâtre de la Dame de Cœur », précise Élise Lessard-Mercier. Pour les porter, les artistes doivent mettre un harnais dans lequel la tige de la marionnette est insérée. À lui seul, le harnais pèse une vingtaine de livres. Si on y ajoute le poids de la marionnette, le total peut grimper jusqu’à 70 lb, selon les modèles. « C’est sûr que c’est lourd, mais c’est ce qui nous permet de manipuler les marionnettes », indique celle qui travaille pour la compagnie depuis plus de 10 ans. « On aime ça, travailler physiquement », souligne sa collègue.
La démarche de Victor
Si certaines marionnettes à tige peuvent être manipulées par une seule personne, celle de Victor nécessite une grande collaboration. « Ce qui est vraiment particulier de cette marionnette, ce sont les pattes. C’est une chose qu’on n’a pas eue souvent », explique Béatrice Deschênes-Gagnon. Cela signifie qu’il doit non seulement y avoir quelqu’un pour porter la marionnette, mais une personne doit aussi faire bouger les jambes. Au début du spectacle, un marionnettiste s’occupe également des mouvements des bras, alors qu’un autre fait bouger les yeux. Autour du personnage principal, « c’est vraiment toute une chorégraphie », illustre Élise Lessard-Mercier, qui fait partie de ceux qui portent Victor pendant le spectacle. « C’est une marionnette qui est assez complexe à manipuler. Elle a beaucoup, beaucoup de mécanismes. »
Parmi le public
En plus des marionnettes à tige, on trouve dans le spectacle des marottes, ces personnages sur bâton portés à bout de bras. Les marionnettes les plus intrigantes sont toutefois celles habitées. « Ce sont des marionnettes assez particulières. Et non, ce ne sont pas des mascottes », indique Élise Lessard-Mercier. Au lieu d’être au-dessus des marionnettistes, elles sont tout autour d’eux. « Je me glisse dedans, en fait », résume Béatrice Deschênes-Gagnon, qui incarne l’un des dindons conçus selon ce principe. Ces deux drôles de personnages se promènent dans le public au cours de la représentation. Et ils ne sont pas seuls à visiter la salle. Des personnages passent également au-dessus des spectateurs, alors que des éléments surgissent même du plancher. « Pour les spectateurs, être entourés, ça rend l’expérience encore plus immersive, plus spectaculaire. C’est le fun pour nous aussi parce qu’on est en contact avec les gens. On peut voir leurs réactions », souligne Béatrice Deschênes-Gagnon, qui adore cet art car « les possibilités sont infinies avec une marionnette ». « Insuffler la vie à un objet, c’est de la magie », abonde dans le même sens sa collègue.
Victor et le cadeau des songes est présenté du mercredi au dimanche, jusqu’au 26 août, au Théâtre de la Dame de Cœur, à Upton.
Consultez le site du Théâtre de la Dame de CœurÀ voir également à Upton
À quelques pas du Théâtre de la Dame de Cœur, dans les sentiers du parc nature de la région d’Acton, les promeneurs peuvent admirer depuis quelques semaines l’exposition Comment vivre 100 ans, de la photographe Arianne Clément. Entre 2017 et 2019, elle a visité les cinq zones bleues de la planète, soit les régions dans le monde où l’on compte les plus grandes concentrations d’aînés. « L’installation à Upton est une rencontre entre la souveraine beauté des personnes âgées et celle de la nature. L’art et la nature s’unissent et se fusionnent pour nous transmettre leur somptuosité, poésie et sagesse », décrit l’artiste.
Consultez le site d’Arianne Clément