L’auteur montréalais David Fennario, dont les pièces parlaient de la classe ouvrière sur fond de mariage entre les deux solitudes, s’est éteint cette semaine à l’hôpital, des suites d’une longue maladie. Il avait 76 ans.

« Il était la voix et l’âme de la classe ouvrière au théâtre », a déclaré la directrice artistique du Théâtre Centaur, Eda Holmes. Dans ce théâtre du Vieux-Montréal, David Fennario a connu un énorme succès au Québec et partout au pays, au début des années 1980, avec sa pièce bilingue Balconville, reprise en 2018 au Centaur, dans le cadre du 50anniversaire de la compagnie.

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David Fennario en 1978

La création de Balconville, mise en scène par Guy Sprung, avec entre autres Marc Gélinas et Jean Archambault, a provoqué une onde de choc dans le milieu du théâtre à l’aube du premier référendum. « J’assistais à une des pièces de théâtre les plus fortes de la décennie », a écrit l’auteur et codirecteur artistique du Théâtre de Quartier, Louis-Dominique Lavigne, dans Le Devoir, en 2020. « Bien qu’anglophone, Fennario devenait un de mes dramaturges québécois préférés. Sa vision progressiste du monde et sa manière bien à lui de la traduire au théâtre m’impressionnaient. Ses pièces Nothing to Lose, On the Job et Balconville demeurent des œuvres fortes, progressistes et exceptionnellement pertinentes. »

Premier auteur en résidence du Centaur, Fennario y a créé plusieurs textes dans les années, dont On the Job, Condoville, et la satire des souverainistes québécois, The Death of René Lévesque. L’œuvre de Fennario a été jugée novatrice à l’époque, car elle dépeint un autre versant de la communauté anglo-montréalaise. Balconville met en scène un groupe de travailleurs vivant dans le quartier Pointe-Saint-Charles.

Solidarité avec les grévistes

Sur le site de la CBC, à l’annonce de sa mort, Tom Fennario a décrit son père « comme un fier Montréalais qui avait des liens profonds avec la classe ouvrière et son quartier, Verdun ». Dans le milieu théâtral, le dramaturge était aussi connu pour ses principes et son militantisme. En 1980, Fennario a fait du piquetage avec des grévistes devant la Place des Arts, où on présentait… sa propre pièce, par solidarité avec les grévistes en conflit de travail.

Pat Donnelly, ex-critique de théâtre pour The Gazette, a rencontré l’auteur en 1975 par l’intermédiaire d’amis communs. Les premières pièces qu’elle a vues ont été « une révélation parce qu’elles reflétaient la réalité de la classe ouvrière et des pièces qui nous donne envie de passer la nuit au pub pour en parler », a-t-elle déclaré à la CBC.

Fennario a remporté deux fois le prix Chalmers (On the Job, en 1976, et Balconville, en 1979). Il a reçu le prix Pauline-Julien du Syndicat des Métallurgistes Unis pour sa pièce Joe Beef, en 1986.

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David Fennario en 1980

En 2002, l’auteur a été diagnostiqué avec le syndrome de Guillain-Barré, qui attaque le système nerveux.