Engagée dans un programme pilote pour commercialiser la Mini E, sa nouvelle voiture électrique, la direction du groupe BMW a profité de son passage à Los Angeles pour annoncer comment elle entend mener à bien cette expérience à laquelle prendront part les Américains au cours de la prochaine année.

D'ici au mois de février, 500 Mini E seront mises à la disposition d'une sélection de clients privés et de clients d'entreprise dans les États de Californie, de New York et du New Jersey. Non contente de jouer les cobayes (ou les pionniers, c'est selon), cette voiture électrique ne sera offerte qu'en location d'un an au coût de... 850$ par mois. En plus d'acquitter cette somme, le locataire devra aussi s'engager à faire inspecter le véhicule à tous les 3000km dans l'un des deux centres de service aménagés expressément pour ce programme.

 

Dévoilée en première mondiale à Los Angeles, la E ressemble, au premier coup d'oeil, à toutes les autres Mini. Et pourtant, elle est bien différente. Il suffit pour s'en rendre compte de soulever le hayon (l'énorme batterie occupe pratiquement tout le coffre) ou d'ouvrir la trappe à essence (où il n'y a qu'une prise de courant). Ce ne sont pas les seules différences: la banquette arrière et le pot d'échappement ont eux aussi disparu.

Dans les entrailles de cette citadine est dissimulé un moteur électrique de 204 chevaux. La batterie lithium-ion de 35 kilowattheures qui l'accompagne fournit au moteur électrique un courant continu d'une tension nominale de 380 volts. Elle est composée de 5088 éléments assemblés en 48 modules. Elle est si performante, au dire des motoristes, qu'elle est en mesure d'offrir une autonomie de près de 250km. Pour atteindre un tel kilométrage, «le conducteur devra adopter une conduite coulée (lire économique) et veiller à ne pas trop solliciter le climatiseur», a indiqué à La Presse l'un des représentants de la marque.

Au-delà de la puissance brute du groupe propulseur, on retient surtout la force élevée de couple qu'il délivre. Si élevé, en fait, qu'il est possible de faire crier les roues (avant) motrices lors d'un démarrage en trombe, comme nous avons été à même de le constater lors d'une brève prise en main dans les rues de Los Angeles, la semaine dernière. Si l'agrément de conduite et l'agilité proverbiale de la Mini «ordinaire» ont été préservées, il faut tout de même s'adapter à la sensation de «jeter l'ancre» chaque fois qu'on lève le pied de l'accélérateur. Et pour cause: le moteur électrique se transforme à ce moment-là en alternateur pour récupérer, comme dans un véhicule hybride (mi-essence, mi-électrique), l'énergie cinétique pour recharger la batterie et, du coup, accroître l'autonomie du véhicule.

À l'épreuve du 0-100 km/h, plus rapide qu'une Mini Cooper à essence, la E peut atteindre une vitesse maximale de 152 km/h. Performance plus spectaculaire encore: le temps de recharge. Un peu moins de trois heures sont nécessaires pour faire le plein de kilowatts, mais seulement à la condition d'adopter le boîtier mural plus performant (une option offerte par le constructeur), baptisé «wallbox» et mis au point exclusivement pour ce véhicule.

La Mini E est dotée des mêmes aides à la conduite que les versions à essence. Seule la gestion de ces systèmes a été reprogrammée pour tenir compte de la singulière répartition des masses de ce modèle de près dune tonne et demie, qui, selon son constructeur, ne connaîtra pas de sitôt les joies de la production en série. Le constructeur anglo-allemand a pour objectif de recueillir des enseignements concrets et représentatifs sur la viabilité du prototype et vise à moyen terme la production en série d'automobiles à propulsion strictement électrique. Une expérimentation comparable pourrait être menée en Europe, mais seulement une fois l'expérience américaine terminée.