Pour la deuxième édition de l’IAA Mobility de Munich, la Chine en met plein la vue. Le Canada tente de séduire l’industrie automobile tandis que les constructeurs traditionalistes présents se limitent à des promesses pour demain.

(Munich, Allemagne) Il y a deux ans, les dirigeants de l’IAA Mobility ont cherché à renouveler le salon automobile traditionnel. En le déplaçant d’abord de Francfort à Munich. Ensuite, en l’ouvrant à d’autres types de mobilité et à de jeunes pousses aussi. Et pour le populariser davantage, les aires d’exposition de ce « salon pas comme les autres » se répartissaient entre les palais des foires de Munich et la ville. Un salon hybride, en somme, avec des espaces publics accessibles gratuitement, installés par les constructeurs automobiles, essentiellement.

PHOTO ÉRIC LEFRANÇOIS, COLLABORATION SPÉCIALE

Première apparition d’Investir au Canada dans un salon automobile international. « Et non la dernière », selon Noémie Julien, directrice principale de la mise en marché. L’agence gouvernementale était d’ailleurs présente au salon de Detroit qui s’ouvrait la semaine dernière.

Deux ans plus tard, une grande partie de la diversité de ce salon a disparu. Les vélos et les moyens de transport de remplacement, omniprésents en 2021, ont largement été engloutis par les équipementiers venus exposer leurs avancées pour une mobilité plus propre, plus connectée et plus sûre.

Par plusieurs agences gouvernementales aussi comme celles d’Israël, de la Hongrie, du Mexique, de la France et du Canada.

Une première

Pour la délégation « Investir au Canada », il s’agissait d’une première participation à cet évènement international.

Selon le président-directeur général d’Investir au Canada, Laurel Broten, il est important de faire « la promotion des avantages du Canada auprès des entreprises globales, et de les appuyer dans la création et l’expansion de leurs opérations au Canada ».

D’autant plus que, ajoute notre interlocuteur, « dans un contexte de transition industrielle majeure, le Canada tire son épingle du jeu avec des avantages concrets. En tant que seul pays de l’hémisphère occidental à posséder tous les minéraux critiques nécessaires pour produire des batteries de véhicules électriques. En fait, toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement – de l’exploitation minière au recyclage de batteries – peuvent se réaliser au Canada. Quand on ajoute un accès à de l’énergie propre, une main-d’œuvre qualifiée, des gouvernements favorables et un accès stratégique au marché nord-américain, c’est évident que ça invite beaucoup d’intérêt des grandes entreprises ». Outre Investir au Canada, soulignons que le gouvernement de l’Ontario était également représenté.

L’Europe et bientôt le Canada ?

Cet évènement biennal a également été une plateforme de choix pour de nombreux constructeurs automobiles chinois. Outre le géant BYD, plusieurs jeunes pousses aux noms bizarres (Forthing, Seres et Leap Motors) ont exposé les produits qu’elles destinent à plus ou moins long terme à l’ensemble du continent européen. Une fois cette étape bien amorcée, nombre d’entre eux lorgnent déjà le Canada et le marché américain, pense Jean-Luc Dalibard, représentant de BYD. « Vous verrez bien assez vite que les batteries de nos véhicules ne craignent pas le froid », lance-t-il, mi-sérieux, mi-blagueur.

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De toutes les marques présentes à l’IAA de Munich, Audi était la seule à présenter un véhicule électrique (la Q6 e-tron) dont la commercialisation débutera dans quelques mois au Canada. Lors de son passage, la marque aux anneaux a révélé le nouvel habitacle de ce modèle en devenir, lequel intégrera notamment un panneau incurvé dans lequel logeront instruments de bord et infodivertissement. Le passager avant ne sera pas en reste : lui aussi bénéficiera d’un écran personnel.

Du côté des constructeurs traditionalistes, le groupe Volkswagen (Audi-Porsche-Volkswagen), BMW, Renault et Mercedes ont présenté bien des idées. À l’exception d’Audi (Q6 e-tron) et Renault (Scenic électrique), rien de véritablement concret. Que des idées pour demain. Il n’en fallait pas plus pour soulever la colère des groupes environnementalistes qui, pancartes à la main, brandissaient « No Future for IAA ». L’évènement, rapportent les organisateurs, a tout de même accueilli plus d’un demi-million de visiteurs.