Ces jours-ci, nos politiciens sont franchement décourageants. La Chambre des communes s'est transformée en cirque où les parlementaires se chicanent comme des enfants d'école autour de l'affaire Guergis. Et l'Assemblée nationale est un véritable zoo où l'on se crie des noms pour savoir lequel des deux partis est le moins propre.

Ces jours-ci, nos politiciens sont franchement décourageants. La Chambre des communes s'est transformée en cirque où les parlementaires se chicanent comme des enfants d'école autour de l'affaire Guergis. Et l'Assemblée nationale est un véritable zoo où l'on se crie des noms pour savoir lequel des deux partis est le moins propre.

Toute l'énergie que l'on gaspille dans ces chicanes débilitantes, c'est de l'énergie que l'on ne consacre pas à l'essentiel, au bien-être collectif, aux choses importantes dont devraient s'occuper en priorité ceux qui nous dirigent.

Cela m'a particulièrement frappé en lisant une longue et touffue étude sur l'éducation postsecondaire réalisée par les services de recherche de la Banque TD. Quelle étrange inversion des rôles. Pourquoi ce sont des banquiers qui réfléchissent à l'avenir de nos universités, plutôt que nos parlementaires?

Il faut dire que la TD a choisi de dépasser le cadre des analyses financières classiques pour transformer son service de recherche en véritable «think tank». Son étude met en relief les retards sérieux du Canada dans ce qui est une voie essentielle pour son avenir. Il y a en effet un lien très fort entre l'éducation supérieure, la productivité et le niveau de vie d'un pays, parce que le succès repose sur la recherche et l'innovation, et parce que les économies ont besoin d'une main-d'oeuvre de plus en plus qualifiée.

L'étude montre que le Canada n'est pas en tête de peloton pour la proportion de jeunes adultes qui décrochent des diplômes universitaires. Il est au 11e rang des pays de l'OCDE. Ces résultats modestes s'expliquent en partie par un important problème de sous-financement. Les États-Unis, qui ont davantage misé sur leurs universités, consacrent 8000$ de plus par étudiant. Pour combler ce retard, il faudra un rattrapage énorme, 400 millions en 2010, 2,7 milliards en 2016. Au Québec, où il manque déjà 400 millions aux universités pour être à niveau avec le Canada, l'effort devra être carrément colossal.

Ce qui peut paraître le plus étonnant dans cette étude, c'est son important volet social, la sous-représentation des autochtones, des jeunes de milieux moins favorisés. Cela ne reflète pas le virage idéologique de l'institution financière, mais plutôt un phénomène plus profond, la convergence des problématiques sociales et économiques, qui bouscule les concepts traditionnels de droite et de gauche.

L'éducation est le plus bel exemple d'enjeux à la fois économique et social. C'est très clairement un levier de développement et de compétitivité. Mais c'est aussi un accélérateur de progrès social, l'outil le plus puissant de lutte contre la pauvreté et les inégalités.

Dans des économies riches comme la nôtre, le succès ne peut plus reposer sur l'exploitation brutale. Nos principaux atouts, ce sont nos acquis de société avancée. Nous avons tellement besoin de travailleurs qualifiés qu'on ne peut plus se permettre de gaspiller nos ressources humaines. Il faut au contraire accompagner le plus de gens possible le plus loin possible sur le chemin de la réussite.

Cela nous ramène au social. Car pour augmenter le nombre de jeunes qui vont à l'université, il faut lever les obstacles qui en restreignent l'accès, et surtout le fait que les enfants de milieux défavorisés n'ont pas le même succès dans leur parcours scolaire. Pour leur donner les mêmes chances, il faut travailler en amont, à la garderie, en accompagnement scolaire, dans la lutte au décrochage.

On a du pain sur la planche. Il faut valoriser l'éducation, surtout postsecondaire, il faut trouver des façons de financer nos universités, en faciliter l'accès. Ce devrait être l'une des grandes, sinon la principale de nos priorités. Et ce sont de choses comme celles-là dont on aimerait entendre parler à l'Assemblée nationale. Des vraies affaires.