Il y a un an, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a donné plus de pouvoirs à ses pharmaciens. Ceux-ci peuvent maintenant poser des actes auparavant réservés aux médecins, comme le renouvellement de prescriptions. Cette mesure a permis de réduire de 20 000 par mois le nombre de prescriptions faites par des médecins.

Il y a un an, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a donné plus de pouvoirs à ses pharmaciens. Ceux-ci peuvent maintenant poser des actes auparavant réservés aux médecins, comme le renouvellement de prescriptions. Cette mesure a permis de réduire de 20 000 par mois le nombre de prescriptions faites par des médecins.

On peut faire le calcul pour le Québec. Cela représenterait 2,5 millions de prescriptions par année! Cela réduirait significativement le fardeau des médecins, qui pourraient voir d'autres patients et de réduire le nombre important de Québécois, un sur quatre, qui ne parvient pas à avoir un médecin de famille. Cela faciliterait la vie des gens, parce qu'il n'y a pas d'attente dans les pharmacies.

C'est donc exactement le genre de mesure que devrait adopter un gouvernement aux prises avec une grave pénurie d'omnipraticiens qui mise sur le développement des services médicaux de première ligne.

Et pourtant, le Québec semble bien timide. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a révélé qu'il y avait des négociations à ce sujet entre le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens, mais sans échéancier et sans objectifs très précis.

Tout ce qui pourrait compenser les effets de la pénurie de médecins devrait susciter un certain sentiment d'urgence. Dans ce dossier, le gouvernement ne fait pas preuve de l'esprit d'innovation qui devrait l'animer, il copie, sans empressement, les innovations des autres provinces.

Il est également à la remorque de l'opposition officielle qui a développé une politique claire sur la question. «Alors qu'en Alberta, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et en Ontario, les pharmaciens peuvent prolonger, renouveler et parfois, sous certaines conditions, prescrire des médicaments, au Québec, nous tardons à donner ces mêmes pouvoirs à nos pharmaciens. Il est plus que temps d'agir afin de soulager les médecins et les urgences du Québec et faciliter la vie de milliers de familles», déclarait la semaine dernière le critique péquiste en matière de santé, Bernard Drainville.

M. Drainville ne s'est pas limité à formuler des critiques, comme le fait trop souvent l'opposition. Il a aussi proposé des solutions, qui vont assez loin dans l'élargissement du rôle du pharmacien: prolonger des prescriptions lorsque la situation du patient est cliniquement stable, un rôle plus grand pour ajuster la thérapie médicamenteuse, le traitement du tabagisme, le traitement de problèmes mineurs, comme les conjonctivites ou la nausée de grossesse.

En fait, le gouvernement du Québec risque d'aller dans la direction contraire. Le premier ministre Charest a réitéré l'intention de son gouvernement d'exiger les prix les plus bas au Canada pour les médicaments. Sur papier, ça paraît bien. Cela suggère la détermination et la fermeté. Mais en fait, cela montre tout simplement que le Québec compte sur les efforts de l'Ontario.

Dans le cas qui nous occupe, copier l'Ontario n'est pas nécessairement la meilleure idée, parce que la politique de la province voisine soulève des questions. Pour réduire son déficit, l'Ontario s'est attaqué aux ristournes, en fait des escomptes de volume, que les compagnies génériques, qui se livrent entre elles une vive concurrence, versent aux pharmaciens pour qu'ils vendent leurs produits. Le prix des médicaments génériques pourrait passer de 50% à 25% du prix des médicaments d'origine.

Le problème, c'est qu'en s'attaquant à cette pratique commerciale, on affecte la rémunération des pharmaciens, des professionnels de la santé dont on n'utilise pas le plein potentiel. On règle un problème pour en créer un autre. Il faudrait plutôt regarder la situation dans son ensemble. Ce n'est pas d'une politique de prix dont le Québec a besoin, mais d'une politique globale du médicament et de la pharmacie.