À l'issue du conseil national du Parti québécois, le week-end dernier, plusieurs observateurs ont conclu que le leadership de la chef du parti, Pauline Marois, était contesté par une partie de ses troupes. Mme Marois n'a pas un problème de leadership. Elle a tout simplement le même problème que tous ses prédécesseurs, celui de gérer un parti malade, qui a des rapports pathologiques avec ses chefs et qui a de fascinantes pulsions autodestructrices.

À l'issue du conseil national du Parti québécois, le week-end dernier, plusieurs observateurs ont conclu que le leadership de la chef du parti, Pauline Marois, était contesté par une partie de ses troupes. Mme Marois n'a pas un problème de leadership. Elle a tout simplement le même problème que tous ses prédécesseurs, celui de gérer un parti malade, qui a des rapports pathologiques avec ses chefs et qui a de fascinantes pulsions autodestructrices.

L'éternel défi d'un chef péquiste, c'est de faire la part entre le rêve la réalité, c'est d'être pris en sandwich entre les passionnés, qui veulent accélérer la marche vers la souveraineté et tous les autres - les modérés du parti, l'électorat non militant - plus prudents, plus soucieux d'éviter un échec. Jusqu'ici, tout semble indiquer qu'elle y parvient aussi bien, sinon mieux, que ceux qui l'ont précédée. En fait, le seul chef du PQ n'a pas été malmené par ses troupes, c'est Jacques Parizeau, parce qu'il était un tenant de la ligne dure.

Il inspire d'ailleurs ceux qui ont relancé la bataille. Ces impatients veulent renforcer l'article 1, pour obliger un éventuel gouvernement péquiste à déclencher un référendum le plus rapidement possible dans son mandat. La députée Lisette Lapointe, la femme de Jacques Parizeau, était du nombre. Jacques Parizeau lui-même, dans une entrevue assez inélégante à Radio-Canada, en a remis pour critiquer l'approche de la nouvelle chef et pour lancer des fleurs à Gilles Duceppe. Bernard Landry, un autre ex, rejette lui aussi la formulation actuelle qui prévoit un référendum au moment jugé approprié.

Ce qu'on peut souhaiter à Mme Marois, pour ses succès futurs et pour la quiétude du Québec, c'est qu'elle puisse résister à ces pressions. Ce ne sera pas facile, parce que le PQ se dirige vers un congrès, où elle devra affronter un vote de confiance. Mais par contre, si elle s'écarte de la voie modérée qu'elle a su imposer jusqu'ici, le coût pourrait être très élevé.

On se souviendra que cet engagement d'un référendum rapide dans le mandat, que ce même Bernard Landry avait accepté pour pacifier les radicaux avant de quitter la direction du parti, est certainement l'un des principaux facteurs qui a contribué à la défaite électorale d'André Boisclair. Reprendre maintenant cette stratégie est le plus beau cadeau que les péquistes pourraient faire aux libéraux.

Si Mme Marois a des problèmes avec ses radicaux, son véritable défi, c'est bien davantage de séduire assez de souverainistes fatigués et d'ambivalents pour former une majorité. Bien sûr, son parti mène dans les sondages. Mais son avance n'est pas assez cristallisée pour l'assurer d'une victoire. Dans notre dernier CROP, le PQ recueillait 33% des appuis, contre 30% pour les libéraux. C'est très peu quand on sait que le gouvernement Charest, avec un taux de satisfaction d'à peine 20%, bat des records d'impopularité.

Le fait que d'anciens ministres de son parti, et en arrière-plan un ancien premier ministre, Lucien Bouchard, viennent dire qu'une victoire de la souveraineté n'est pas possible, fait bien plus mal à Mme Marois que les appels à la précipitation MM. Parizeau et Landry. Parce que cela confirme ce que croit une majorité de Québécois, qui ne veulent pas la souveraineté, qui savent bien qu'une victoire de la souveraineté n'est pas possible, et qui ne veulent pas en entendre parler.

C'est, à mon avis, ce qui contribue le plus à expliquer la relative impopularité de Pauline Marois. Son problème, ce n'est ni son talent ni son image, mais l'option qu'elle traîne comme un boulet, qui la force à multiplier des professions de foi et des manifestations d'enthousiasme qui sonnent faux et qui affectent sa crédibilité.