Je vais commencer cette chronique en adoptant un ton extrêmement positif, peu habituel dans le monde qui est le mien. Le système d'éducation québécois est excellent, exceptionnel même, un des meilleurs au monde, le meilleur en Occident, après celui de la Finlande.

Je vais commencer cette chronique en adoptant un ton extrêmement positif, peu habituel dans le monde qui est le mien. Le système d'éducation québécois est excellent, exceptionnel même, un des meilleurs au monde, le meilleur en Occident, après celui de la Finlande.

C'est ce que permettent d'affirmer les derniers résultats de la grande enquête de l'OCDE sur la performance scolaire des jeunes, le PISA, le Programme international pour le suivi des acquis, qui mesure tous les trois ans les aptitudes des jeunes de 15 ans dans trois domaines: la lecture, les mathématiques, les sciences. Au total, 65 pays ont participé. Au Québec, plus de 200 écoles, et 4000 élèves.

Pour la lecture, le Canada arrive au sixième rang mondial, avec une note de 524 points. C'est Shanghai qui mène, avec une note de 556, suivi de la Corée, de la Finlande, de Hong Kong et de Singapour. Le Québec, s'il était un pays, serait tout juste derrière le Canada, en septième position, avec 522 points.

En mathématiques, le Québec, avec 543 points, serait au sixième rang mondial avec le meilleur score occidental, derrière Shanghai, Singapour, Hong Kong, la Corée, et Taipei. Pas mal loin devant le Canada qui, avec 527, est au dixième rang. En sciences, le Canada est au huitième rang, avec 527 points, et le Québec tout juste derrière avec 524.

Pour l'ensemble des trois disciplines, dépendant comment on fait les pondérations, et de ce que l'on définit comme pays, le Québec aurait le cinquième ou sixième rang mondial, derrière la Finlande et les tigres asiatiques.

Pour refroidir nos élans chauvins, il faut noter que ce succès n'est pas uniquement québécois, il est canadien. En maths, le Québec devance nettement les autres provinces canadiennes. Mais pour la lecture et les sciences, le Québec est au quatrième rang canadien, derrière l'Alberta, l'Ontario et la Colombie-Britannique.

En fait, si l'Alberta était un pays, une hypothèse que cette province n'évoque pas avec autant de délectation, elle devancerait le Québec dans le classement mondial. Cela nous dit que, dans la performance québécoise, il y a aussi un phénomène canadien. Et cela nous rappelle que l'on peut faire encore mieux.

Au pays, ces résultats ont suscité un certain émoi, parce que le Canada a reculé dans le classement. Cela s'explique moins par une sous-performance canadienne que par les progrès de certains pays et l'arrivée de nouveaux participants, comme Shanghai. On peut y voir un message, que la concurrence est plus forte, mais on peut aussi croire que les résultats asiatiques sont le produit d'une culture pédagogique rigide, reposant sur le par-coeur, qui comporte des limites.

Bien sûr, on peut faire toutes sortes de nuances. J'en évoquerai deux, l'une positive, l'autre négative. La positive : ces jeunes, qui avaient 15 ans au printemps 2009, sont des enfants de la réforme. Et leurs scores sont aussi bons que ceux de 2006. Que faut-il en conclure?

La négative : les ravages du décrochage, le grand drame scolaire québécois, ne sont pas mesurés par le PISA. Bien au contraire, l'absence de ces cas-problèmes aide sans doute au Québec d'améliorer artificiellement ses moyennes.

Mais l'essentiel, c'est quand même que le Québec a une performance exceptionnelle. Nous faisons mieux que les États-Unis, au quinzième rang en lecture, l'Allemagne, au dix-neuvième, et la France, au vingt-deuxième. En fait, mieux qu'à peu près tout le monde.

Gardons cela en mémoire dans nos débats sur l'éducation, le privé, la piètre maîtrise de l'orthographe des jeunes, et nos structures scolaires. L'enjeu, pour le Québec, ce n'est pas de sauver l'école du naufrage, mais de faire encore mieux, en termes de résultats et en termes d'équité.