Le Parti québécois a choisi de combattre les libéraux sur le front de l'économie. Ils surveilleront de près un gouvernement qu'ils trouvent incompétent dans le contrôle des «trois D»: la dette, le déficit et les dépenses.

Le Parti québécois a choisi de combattre les libéraux sur le front de l'économie. Ils surveilleront de près un gouvernement qu'ils trouvent incompétent dans le contrôle des «trois D»: la dette, le déficit et les dépenses.

On peut comprendre pourquoi l'opposition péquiste veut s'attaquer aux questions économiques. C'est le seul thème où le gouvernement Charest, terriblement impopulaire, peut encore marquer des points, parce que le Québec a bien résisté à la récession, qu'il a même réussi à créer 67 800 emplois de plus qu'au moment du déclenchement de la crise.

Mais dans son ardeur, le PQ se retrouve à se positionner à droite du Parti libéral. En critiquant les déficits du gouvernement libéral, il s'oppose à une politique keynésienne de relance que tous les États civilisés ont choisi et que seuls les idéologues néolibéraux dénoncent. En craignant la mollesse des libéraux dans leurs compressions de dépenses, le PQ se fait l'apôtre de la fermeté et accuse dans les faits les libéraux de ne pas couper assez.

Faut-il rappeler que ce qui distingue actuellement la gauche de la droite au Québec, c'est la stratégie de réduction du déficit? La coalition syndicale trouve que l'objectif de ramener le déficit à zéro d'ici 2013-2014 est trop rapide et trop brutal. Le PLQ serait-il plus proche de Québec solidaire que le PQ?

Si on en arrive à cette étonnante inversion, ce n'est pas parce que les péquistes ont fait une volte-face idéologique, mais parce qu'ils sont de mauvaise foi. On ne peut tout simplement pas, par exemple, accuser le gouvernement Charest d'être un gouvernement de déficits, dans la situation que nous venons de traverser.

L'inquiétude sur la dette est plus légitime, car elle a beaucoup augmenté sous le régime libéral. Encore faut-il voir pourquoi. La progression de la dette s'explique par la récession, mais aussi par les énormes dépenses d'infrastructures. Ces dépenses ont non seulement atténué l'impact de la récession, elles ont permis de compenser des décennies de négligence. Faut-il être contre?

L'opposition joue en principe son rôle quand elle s'inquiète de la capacité du gouvernement libéral à respecter ses engagements de contrôle des dépenses. Mais la façon dont s'articule ce débat est surréaliste. Elle consiste à mesurer quelle sera la part de l'effort du gouvernement dans la réduction du déficit et quel sera l'effort des citoyens; 62% vs 38%, dit le ministre Raymond Bachand. Non, ont lancé cette semaine les critiques péquistes, ce sera 56% vs 44%!

Le calcul est vide de sens. Quand le gouvernement fait le ménage dans propre sa cour, il pénalise tout autant les citoyens, parce qu'il ne pourra pas faire autrement que d'affecter ses missions et ses services.

Le PQ est très bien placé pour le savoir puisque c'est le gouvernement Bouchard qui a été le maître d'oeuvre de l'autre grand effort d'élimination du déficit à la fin des années 90. On n'y est pas arrivé pas en économisant du papier. Ça a fait très mal, notamment en santé. Y aller plus fort, comme le demandent maintenant les péquistes, c'est vouloir que ça fasse plus mal encore.

Mais le plus farfelu, c'est que si la part de l'effort gouvernemental passait de 62% à 56%, selon les calculs du PQ, ce serait à cause de la croissance économique! L'opposition accuse donc le gouvernement de profiter de la croissance pour assainir ses finances publiques, ce qui n'a pas beaucoup de sens.

Pourquoi critiquer ainsi les critiques? Plus on s'approche du pouvoir, moins on a le droit de dire n'importe quoi. Il faudrait donc que le discours de l'opposition officielle commence à ressembler à celui d'un futur gouvernement