Le gouvernement Charest bat des records d'impopularité. Il est loin d'être évident qu'il puisse se remettre sur les rails d'ici la fin de son mandat. Sa meilleure chance, c'est que l'opposition péquiste continue à se comporter comme elle le fait depuis quelques mois.

Même s'il est en tête, le PQ ne décolle pas vraiment. Malgré le taux d'insatisfaction record à l'égard du gouvernement libéral, 78%, les péquistes ne recueillent que 28% des intentions de vote avant répartition des indécis, selon notre dernier CROP. À peine 20% des répondants voient Pauline Marois comme le meilleur premier ministre. Il suffit de l'ombre de François Legault pour la détrôner.

Cela peut s'expliquer par la personnalité de Mme Marois, par son insistance à parler de souveraineté. Mais il y a aussi le style de l'opposition péquiste, enragé, souvent incohérent, qui se comporte comme une bande de poules sans tête. Voici quatre exemples d'énormités qui n'ont pas leur place de la part d'un parti qui se prépare au pouvoir. Et qui sont d'autant plus étonnantes que le PQ n'aurait pas besoin d'exagérer pour marquer des points.

Le ministre des Transports, Sam Hamad, vient d'annoncer 3,9 milliards de dépenses en infrastructures pour 2011. Le critique du PQ, Nicolas Girard, a répliqué: «Il n'y a rien de réjouissant de voir un ministre être fier d'annoncer que les Québécois vont voir un milliard de dollars de leurs taxes et impôts cette année se diriger directement dans les mains d'un système de collusion.» Des pertes d'un milliard! D'où vient le chiffre? De l'étude contestée selon laquelle les travaux d'infrastructure coûteraient 36% de plus au Québec qu'ailleurs au Canada. Le PQ suppose ensuite que la totalité de cet écart hypothétique serait due à la corruption. Le calcul est infantile.

Deuxième exemple. Mme Marois, a eu raison de critiquer l'opacité d'une entente où Hydro-Québec a cédé ses droits de prospection pétrolière dans l'île d'Anticosti à Pétrolia. Mais en chambre, elle a carrément dérapé, en prenant les chiffres avancés par le président de cette compagnie pour en conclure que la perte du Québec serait colossale: «Il y aurait 30 milliards de barils de pétrole sous les roches de l'île. Prenez - je le cite - 10% de 30 milliards, 3 milliards, multipliez ce chiffre par 28$ le baril, 240 milliards. C'est ça qu'on perd.» Depuis quand une future première ministre peut-elle se baser sur les spéculations d'un prospecteur?

Troisième exemple. Nicolas Marceau, critique en matière de finances, s'indigne du fait que «le gouvernement compte désormais sur la situation économique pour aller chercher 1,1 milliard de revenus supplémentaires dans la poche des Québécois». C'est une double ânerie. D'abord, pour les économistes, la croissance est une façon légitime et souhaitable pour revenir à l'équilibre. Ensuite, il est faux de décrire ces fruits de la croissance comme une ponction de plus: les revenus additionnels proviennent de la création d'emplois, de la hausse de la consommation, des profits. En plus, le PQ se peinture dans le coin en se faisant l'apôtre de coupes additionnelles.

Quatrième exemple. Agnès Maltais, réagissant au contrat PPP pour le CHUM, s'inquiétait à juste titre du fait qu'un seul groupe s'est rendu au fil d'arrivée. «Non seulement, a-t-elle hélas ajouté, il n'y a plus aucune concurrence qui joue, mais on est devant une situation troublante qui nous mène à soupçonner qu'il y a eu collusion.» La thèse de la collusion est peu plausible dans le cas d'un appel d'offres international. Mais surtout, une future ministre ne peut pas, sans preuve, accuser un consortium international d'avoir commis un crime.

Ce n'est pas parce qu'on est dans l'opposition qu'on a le droit de dire n'importe quoi.