Pauline Marois est manifestement capable de garder son sens de l'humour, même dans les périodes difficiles. Il y a quelques jours, avouant qu'elle ne savait pas quoi faire pour «pogner», elle a ajouté: «Je ne peux pas faire des stripteases, je suis trop vieille.»

Mais Mme Marois n'est pas trop vieille pour donner un coup de barre au parti qu'elle dirige. Parce que le problème, ce n'est pas Pauline Marois. C'est le PQ qui ne «pogne» pas, à cause de son option. Pour lui redonner de l'attrait, il faudrait bien plus qu'un striptease.

Notre sondage CROP de jeudi dernier est dévastateur. S'il lance un parti, François Legault récolterait 38% des voix, ce qui lui permettrait de former un gouvernement majoritaire, devant les libéraux, qui recueilleraient 27% des suffrages. Avec 18%, le PQ serait lavé. Sans la présence de M. Legault, le PQ perdrait un face-à-face avec les libéraux, 27% contre 33%.

Ces données montrent que les déboires du PQ ne sont pas qu'un épisode passager. L'affaiblissement de ce parti est devenu une tendance lourde, d'autant plus qu'il s'est lancé dans une espèce de spirale autodestructrice qui ne fait qu'amplifier et consolider la débâcle.

Le point de départ de cette impasse, c'est la réalité des faits. Plus de 60% des Québécois, 62%, dans ce dernier CROP, n'appuient pas la souveraineté. À cela s'ajoutent tous ceux qui se disent souverainistes, mais qui ne croient pas à la possibilité d'une victoire et qui - déçus, fatigués ou réalistes - ne veulent plus de ce combat. Ça fait beaucoup, beaucoup du monde.

Pauline Marois n'y est pour rien. Le processus s'est amorcé bien avant son arrivée. Elle a même mieux fait que Bernard Landry et André Boisclair pour redonner de la vigueur à son parti. Mais sa réponse à ce contexte nouveau a créé un cercle vicieux dont le PQ n'arrive pas à s'extraire.

Mme Marois, sagement, a mis la pédale douce à son projet, en repoussant un référendum non gagnable et en proposant une stratégie de contournement, la gouvernance souverainiste. C'était à la fois trop et trop peu. Cet attiédissement n'a pas plu aux plus convaincus, d'où la cascade d'incidents qui mènent à l'éclatement du mouvement souverainiste et à sa groupuscularisation: contestation de son leadership, démission de députés vedettes, création d'un nouveau mouvement, multiplication des stratégies du désespoir, comme la sortie populiste du député Bernard Drainville qui propose des référendums citoyens.

Le problème, c'est que Mme Marois est piégée. Elle ne peut pas dénoncer la ferveur de ceux qui la contestent. Elle doit même surenchérir pour démontrer que sa stratégie est la meilleure pour transformer le Québec en pays. Et cela provoque un effet ping-pong.

La grande majorité des Québécois, quand ils entendent parler d'états généraux, d'assemblées constituantes, de gouvernance souverainiste, de référendums citoyens, se bouchent les oreilles et se sauvent en courant. Le débat qui devrait donner un nouveau souffle à l'option sert plutôt de repoussoir et renforce un désir très majoritaire de passer à autre chose. D'où le succès de François Legault qui incarne ce changement de paradigme.

Y a-t-il une solution pour le PQ? Oui, abandonner son option, pour survivre en tant qu'institution pertinente, et se recentrer autour d'un projet social-démocrate. C'est une anomalie que 70% des intentions de vote aillent vers trois formations de centre droite. Et il y a certainement de l'espace pour un parti de centre gauche.

Mais dans tous les cas de figure, que le PQ se transforme ou qu'il s'enfonce dans la marginalisation, cela ne changera rien au fait que le paysage s'est transformé radicalement et que le projet souverainiste a cessé d'être un élément dominant du débat politique.