La rivalité Québec-Montréal s'est trouvé un nouveau champ de bataille : le corridor ferroviaire qui relie les deux villes. La capitale a jeté son dévolu sur un TGV, alors que la métropole préfère le projet de train rapide VIAFast. Deux villes, deux projets. Mais un seul objectif : accélérer une fois pour toutes le tortillard qui dessert la ligne Québec-Windsor.

Il faut avoir emprunté l'un de ces trains de passagers pour saisir le retard tiers-mondiste qu'accuse le pays en matière ferroviaire. On retrouve dans ce petit corridor d'à peine 1000 km tout près de 60 % de la population canadienne et pourtant, la marchandise a priorité sur les deux voies ferrées qui le parcourent.

Or cela signifie deux choses pour les passagers : très peu de départs, et des trains qui doivent fréquemment s'immobiliser à la faveur de convois transportant, plus souvent qu'autrement, du pétrole.

Bref, la priorité va au train qui transporte le carburant... des véhicules qui le dépassent à vive allure. Comme symbole des problèmes environnementaux actuels, on ne fait pas mieux.

Les Villes ne le savent que trop bien. Montréal et Québec ont ainsi décidé de faire de ce dossier l'un des principaux sujets de négociations avec le fédéral. Le problème, révélions-nous jeudi, c'est qu'elles ne sont pas sur la même longueur d'ondes.

L'administration Labeaume a pris fait et cause pour le train à grande vitesse, commandant une étude à la Société nationale des chemins de fer français, multipliant les appuis politiques, augmentant la pression sur Ottawa.

L'administration Tremblay, elle, ne semble pas trop croire à ce projet de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Bien qu'elle défraye une partie de la facture de l'étude de la SNCF, elle a discrètement donné à ses fonctionnaires le mandat de dépoussiérer le projet VIAFast, qui est passé à un cheveu de se matérialiser il y a sept ans.

Piloté par l'ancien président de VIÀ Rail et ancien chef de cabinet de Jean Chrétien, Jean Pelletier, ce projet avait reçu non seulement l'appui du CN et du CP, mais aussi celui d'Ottawa. C'est le successeur de M. Chrétien, Paul Martin, qui a tout enterré lors de son accession au pouvoir, en 2003.

La Ville de Montréal peut bien prétendre qu'elle appuie les deux projets, cela ne tient pas la route. Bien que certains estiment cela possible, VIAFast (plus de 200 km/h) peut difficilement être une étape vers l'implantation d'un TGV (plus de 300 km/h) . Il s'agit d'un projet en soi, qui consiste en trois choses : réserver une ligne aux passagers, optimiser l'emprise, puis implanter un train rapide du type Acela (à ne pas confondre avec un train à grande vitesse).

Une fois les quelque 3 milliards investis à cette fin, il est improbable qu'on en dépense des dizaines supplémentaires pour implanter une autre technologie. Du moins dans un horizon de quelques décennies.

Le gouvernement Harper, qui n'a pas encore démontré un grand intérêt pour ce corridor, a donc désormais le choix entre un projet coûteux et très rapide pour plus tard, ou un projet abordable et un peu moins efficace tout de suite.

Pour leur part, les habitués du corridor Québec-Montréal-Ottawa-Toronto peuvent se réjouir que la pression politique ait augmenté d'un cran, ou se désoler qu'un différend entre deux villes puisse retarder - encore - ce projet d'une grande importance.

Temps de déplacements

Montréal-Québec: actuel 3h, VIAFast 2h, TGV 0h50

Montréal-Ottawa: actuel 2h, VIAFast 1h15, TGV 0h30

Montréal-Toronto: actuel 4h, VIAFast 3h30, TGV 1h45



 

Malaise...

Suis-je le seul à ressentir un immense malaise devant la campagne publicitaire Agissons vert conçu par Voyou communications? Vous savez, ce sont ces affiches qui font un parallèle des comportements peu responsables... et des enfants battus ou maltraités! Tantôt on nous présente un garçon et une fille enfermés dans un sac plastique, tantôt c'est une fillette coincée dans une bouteille d'eau jetable, sous le titre «Abus de bouteilles d'eau au Québec. Agissons!» Que veut-on que le citoyen ressente face à «ce visuel cru et alarmant»? De la culpabilité?  Or toutes les études ont conclu que cela n'entraînait aucun changement de comportement. Que de la culpabilité.

La fin du bottin?

Au moment où vous lisez ces lignes, des millions de copies de l'annuaire téléphonique sont distribuées à Montréal et ailleurs au Québec. Vous n'en voulez pas? Eh bien vous pouvez maintenant vous «désabonner». Depuis juin dernier, Groupe Pages Jaunes offre en effet aux consommateurs résidentiels un nouveau «programme de distribution personnalisée» qui permet de cesser d'en recevoir... ou d'en demander plus de copies. Ceux qui oublient de se désabonner peuvent toujours déposer les bottins dans leur bac de recyclage.