Imaginez une seconde si c'est à Québec et non à Winnipeg que le Canadien débarquait dimanche prochain pour saluer le retour de la LNH au Canada.

Après une trêve de 16 ans, les guerres des clans, des tuques, de clochers et des médias reprendraient là où elles ont pris fin lorsque les armes sont tombées le 25 mai 1995 avec l'exil des Nordiques vers le Colorado.

Pour le meilleur? Pour le pire? Allez savoir! Mais ces hostilités seraient certainement plus passionnantes qu'un autre début de saison face aux Maple Leafs à Toronto.

Les hostilités reprendront. Un jour! J'en suis maintenant convaincu. Pourquoi maintenant? Parce que je ne l'ai pas toujours été.

La construction d'un building hautement subventionné, un compte de taxes qui pourrait ressembler à celui des équipes américaines qui paient plus cher en achat de rondelles qu'en versements de taxes, la présence rassurante d'un empire comme Quebecor avec son réseau de télévision et ses tentacules médiatiques ouvrent toute grande la porte à un tel retour.

Dans la Belle Ville, les amateurs ne demandent d'ailleurs plus si on croit au retour des Bleus, mais quand il sera annoncé. Je ne sais pas. Mais le hockey reviendra.

Comme journaliste, comme amateur, comme simple Québécois qui repart de sa ville le coeur gros chaque fois que j'y pose les pieds, c'est évident que je souhaite ce retour.

Mais après avoir traversé le pont dimanche matin, la même question m'a hanté tout le long de la 20: comment Québec arrivera-t-elle à garder l'équipe?

À moins qu'elle se soit noyée dans la pluie, la réponse n'est pas tombée du ciel. Elle viendra au fil des saisons qui suivront le retour des Nords. Et pour ça, il faut d'abord les avoir. J'en conviens. Mais je demeure convaincu que le défi d'obtenir un club sera bien plus facile à relever que celui de le garder.

Question d'argent

Vendredi après-midi, sur les allées du club de golf La Tempête, deux sympathiques partenaires de jeu m'ont permis de passer un très bel après-midi. Sous le soleil, entre deux, quatre, dix offres toutes refusées de partager une bière ou une rasade de Whisky, le retour des Nordiques était au centre des discussions. Quand on s'est mis à parler d'argent, de masse salariale, de prix des billets, les nuages se sont pointés.

Mes deux partenaires ont de bons emplois et de l'argent à dépenser. Et oui il y a de l'argent à Québec. Assez pour payer le gros prix (125 $) et remplir les 15 176 sièges du Colisée pour un match préparatoire du Canadien face au Lightning.

Et ce sera la même chose pour la première année des Bleus. Pour la deuxième aussi. Il est aussi bien évident que les nouveaux propriétaires jongleront avec des plans de marketing efficaces. Surtout si l'équipe gagne.

En avoir pour son argent

Mais la plate réalité est la suivante : une place de stationnement au Centre Bell coûte 26 $. À Québec, pour 26 $, un couple et deux enfants assistent à un match des Remparts. Ils paieront le même 26 $ pour les 34 matchs de saison régulière. Pas une piastre de plus pour les 16 en séries si les Remparts vont jusqu'au bout. Quant au stationnement: il est gratuit!

Ce qui est vrai pour les Remparts et vrai aussi pour le Rouge et Or et le Challenge Bell. C'est également vrai pour la grande majorité des activités offertes à Québec. Des activités de qualité, en quantité et offertes à prix d'ami.

La LNH offre un bien meilleur spectacle que les Remparts, le Rouge et Or et le Challenge Bell que vous dites. C'est vrai.

Mais Québec, comme Ottawa, comme bien des marchés plus populaires, aura toujours besoin des vrais fans pour remplir les gradins. Sans les compagnies qui détiennent autour de 70% des 21 273 places au Centre Bell, le Canadien serait dans le même problème. Et oui c'est un problème. Car au-delà de sa passion pour son équipe, lorsque le club ne gagne pas, que l'adversaire laisse indifférent, que Sidney Crosby est blessé, que l'économie bat de l'aile et que le quotidien coûte plus cher, le fan ordinaire calcule plus et dépense moins.

Les Remparts, le Rouge et Or, le Challenge Bell et les autres activités «mineures» deviennent alors bien plus attrayants. Avec les conséquences qu'on connaît puisqu'on les a vécues il n'y a pas si tant longtemps.

Je crois au retour des Nordiques. Non! Je le souhaite. Mais je cherche une réponse qui me convaincra des chances de survie à long terme. Pour l'instant, elle ne vient pas...