Le Canadien et ses partisans sont loin d'être les seuls à s'ennuyer d'Andrei Markov qui a raté 112 des 164 derniers matchs de saison régulière en raison de blessures, et qui en ratera un 113e demain à Toronto, où le Canadien amorcera la campagne 2011-2012.

Ajoutez à la liste le nom de Mike Komisarek.

Sous la protection presque angélique de Markov, son partenaire de jeu à ses trois dernières saisons à Montréal, Komisarek s'est hissé parmi les défenseurs bien cotés de la LNH. Repêché en première ronde (7e sélection en 2001) par le Tricolore, l'Américain a su profiter de cette complicité pour obtenir des Maple Leafs un contrat de cinq ans d'une valeur de 22,5 millionsde dollars à titre de joueur autonome.

Un contrat ridicule. Un contrat que Komisarek, dont les performances ont piqué du nez aussitôt séparé de Markov, traîne depuis comme un lourd boulet.

Parce que ses 14 petits points (un but) en 109 matchs sont très loin de faire contrepoids à un différentiel de moins 17, amplifié par des bourrasques de critiques reliées aux 10 millionsqu'il a empochés et aux 12,5 autres qui l'attendent. Komisarek a été lapidé sur la place publique.

Une situation en plusieurs points similaire à celle que Scott Gomez a vécue à New York d'abord et qui prévaut depuis son arrivée avec le Canadien il y a deux ans.

Retour aux sources

Ces critiques ont atteint Komisarek. Elles lui ont fait mal, l'ont fait réfléchir, et l'ont obligé à apporter des changements importants.

Aussi grand et fort qu'il l'était à Montréal, Komisarek a perdu beaucoup de poids. Il reste vague sur le nombre de kilos en moins.

«Pas besoin d'une balance pour savoir que j'ai maigri. Je le sens sur la patinoire où je suis plus rapide et plus efficace. J'ai toujours été fort physiquement. Et je peux maintenir cette force au gymnase. Mais pour la vitesse, je devais perdre du poids», a lancé Komisarek croisé par La Presse dans le vestiaire des Leafs, mardi.

Disciple de la saine alimentation, sa compagne s'est occupée de la santé du corps. Elle a fait le ménage du frigo, du garde-manger. Exit produits laitiers, gluten et autres viandes rouges.

Pour la santé de l'esprit, Komisarek est retourné aux sources. Un retour nécessaire et salutaire après une deuxième exclusion consécutive des séries dans l'uniforme des Leafs.

«Je suis d'abord allé en Floride pour faire le vide. Je me suis demandé ce qui n'allait pas. Pourquoi je ne jouais pas à la hauteur de mon potentiel. C'est évident que le fait de ne plus jouer avec Andrei, qui est un magicien sur la patinoire, n'a pas aidé. Mais il y avait plus. J'ai quitté la Floride pour me rendre à la maison à Long Island. J'y ai rejoint l'entraîneur qui m'a encadré tout au long de mon hockey mineur. On a patiné ensemble, on a parlé. Il m'a permis de réaliser que j'avais perdu contact avec ma réalité de joueur de hockey. Cette rencontre m'a fait le plus grand bien. Je suis allé au Championnat du monde où j'ai retrouvé le plaisir de jouer. Cela a servi de tremplin à un dur été d'entraînement, et me revoici en meilleure forme que jamais. Je veux oublier les deux dernières années. La meilleure façon d'y arriver sera de rejouer comme j'en suis capable», assurait avec confiance Komisarek.

Même sans Markov? Lui a demandé La Presse.

«Même sans Andrei», a-t-il répliqué en riant. Toujours grands copains, les anciens coéquipiers échangent régulièrement des courriels. «Andrei me fait toujours rire avec son anglais approximatif. C'est vraiment navrant de voir tout ce qu'il a traversé depuis deux ans en fait de blessures. Je demeure convaincu qu'il sera aussi bon qu'avant, une fois son genou rétabli.»

Gardiner: un jeune Markov

Malgré les critiques et le fait que plusieurs lui prédisaient un possible renvoi dans les mineures, Komisarek sera à son poste jeudi contre le Canadien.

Non seulement sera-t-il en uniforme, mais il aura comme mission de parrainer le jeune Jake Gardiner qui fait le grand saut dans la LNH dès son premier camp professionnel. Choix de première ronde des Ducks d'Anaheim en 2008, l'Américain de 21 ans est passé aux Leafs en compagnie de Joffrey Lupul l'hiver dernier, dans le cadre de la transaction qui a renvoyé François Beauchemin en Californie.

«Je n'ai jamais vu cette association comme un parrainage. Je te dirais même que je m'estime chanceux d'avoir l'occasion d'évoluer avec un défenseur aussi talentueux. Nous avons défendu les couleurs des États-Unis au dernier Championnat du monde et nous voici réunis», a lancé Komisarek qui, à sa troisième saison à Toronto, pourrait enfin découvrir un substitut à Markov.

«J'aurais aimé être aussi bon au même âge. Mais ne partez pas en peur avec vos comparaisons! J'ai dit tout à l'heure que j'avais fait une croix sur le passé. J'ai adopté la même attitude avec l'avenir. Commençons par jouer un bon match ensemble contre Montréal afin d'aider l'équipe à gagner. Nous passerons ensuite au prochain.»

Photo: André Pichette, La Presse

Scott Gomez, chez le Canadien, et Mike Komisarek, chez les Maple Leafs, vivent une situation familière: ils ont obtenu un gros contrat... et ont connu des saisons difficiles.