Ajoutez le nom des Flames de Calgary à ceux des futurs Nordiques de Québec et des jeunes Oilers d'Edmonton sur la liste des clubs canadiens en quête d'un nouvel amphithéâtre.

Comme ses futurs adversaires de Québec et ses rivaux de toujours d'Edmonton, Ken King, président et chef de la direction des Flames, frappera lui aussi à la porte des gouvernements pour obtenir des deniers publics. Combien veut-il? De quelle façon souhaite-t-il les attirer dans son aventure?

«On demandera le moins possible. Juste ce qui sera nécessaire», lance avec conviction l'ancien magnat de la presse en Alberta qui est aujourd'hui le visage et la voix des six propriétaires des Flames. La Presse l'a rencontré dans les gradins du Centre Bell lorsque l'équipe de l'Ouest a fait escale à Montréal.

«Les contribuables tiennent à payer le moins d'impôts et de taxes possible. Je partage pleinement cette philosophie. Mais il y a moyen que tout le monde en ait pour son argent», a ajouté King.

Plafond de 350 millions

Espadrilles aux pieds, vêtu d'un simple survêtement aux couleurs des Roughnecks, le club professionnel de crosse que les Flames ont acquis cet été, King fera du coût de son amphithéâtre son principal cheval de bataille.

«On peut bâtir un amphithéâtre moderne, capable de répondre aux besoins actuels et futurs pour un maximum de 350 millions. Je crois même qu'il est possible de viser entre 320 et 325 millions», lance King qui met autant de poids derrière les montants qu'il avance que Jarome Iginla en met derrière les tirs frappés qu'il décoche sur la patinoire où les Flames s'entraînent.

Lorsqu'on indique à King qu'il joue du coude avec Québec et Edmonton dont les projets sont beaucoup plus dispendieux, le proprio des Flames hoche la tête.

«J'espère avoir la chance de bientôt me rendre à Québec avec les Flames pour y affronter et battre les Nordiques. Et vous êtes bien au fait de la rivalité nous opposant aux Oilers. Tout ça est vrai sur la patinoire. Dans le dossier des amphithéâtres, nous sommes des alliés. Ils mènent très bien leur projet. Nous prenons des notes afin de réussir le nôtre», plaide Ken King.

Québec a besoin d'un nouvel amphithéâtre ne serait-ce que pour courtiser la LNH. À Edmonton, le Northland Coliseum qu'ont fait vibrer Wayne Gretzky, Mark Messier et leurs coéquipiers qui ont soulevé la Coupe Stanley cinq fois en six ans - entre 1984 et 1990 - est vétuste. Depuis longtemps.

Mais à Calgary, le Scotiabank Saddledome, bâti en 1983, près de 10 ans après le Rexall Place à Edmonton, ne menace pas de s'effondrer.

«Il ne répond plus aux besoins du hockey d'aujourd'hui. Nous voulons garder sensiblement la même capacité (19 289 places) afin de maintenir l'effet de rareté des billets. Mais nous devons développer l'aspect corporatif avec des loges et des services qui ne sont pas disponibles actuellement.»

Iginla: à Calgary pour y rester

Cruciale aux yeux de Ken King, la construction d'un nouvel amphithéâtre passe au deuxième rang des préoccupations des amateurs de hockey à Calgary. Loin derrière les résultats du club qui l'occupera. Des résultats désolants depuis deux ans alors que les Flames ont été exclus des séries.

King s'est d'ailleurs assuré que tous les employés, de son nouveau directeur général Jay Feaster aux préposés à l'équipement, comprennent qu'il est interdit d'envisager une troisième exclusion.

«Ma patience et celle de nos partisans ont atteint la limite l'an dernier. Les résultats doivent maintenant venir, sans quoi des changements seront imposés», tranche le président du club.

Lorsqu'on répète à Jay Feaster les commentaires de son patron. Il se contente de sourire. «Le message est clair. On doit gagner, ou je devrai bouger», reconnaît Feaster.

Bouger: on veut bien. Mais comment?

Olli Jokinen ne jouit pas de la meilleure réputation autour de la LNH. Alex Tanguay est assis sur un contrat de cinq ans d'une valeur de 17,5 millions. Le défenseur Jay Bouwmeester ne répond pas aux attentes reliées à son immense talent. En plus, tous les joueurs d'impact profitent de clauses de non-mouvement.

Personne ne donnera la lune pour Tom Kostopoulos. Et en fait de jeunes prospects susceptibles de faire saliver une autre organisation, les Flames comptent sur Roman Horak. Après, c'est mince.

Limités à deux victoires en cinq matchs, confinés au 12e rang de l'Association Ouest, les Flames déçoivent. Déjà! Le nom de René Bourque, malgré une clause de non-échange, est d'ailleurs au centre de plusieurs rumeurs de transactions concernant les Flames.

Bourque n'est pas un vilain joueur de hockey. Il est même très bon. Mais les DG des 29 autres formations saliveraient bien plus si le nom de Jarome Iginla résonnait à la place de celui de Bourque.

Les Flames qui l'ont acquis en 1995 en échange de Joe Nieuwendyk dont les Stars de Dallas avaient besoin pour gagner la Coupe Stanley, pourraient-ils être tentés de conclure la transaction inverse? À 34 ans, encore solide, Iginla pourrait aider une équipe à se rendre à la coupe.

«C'est hors de question! Jarome ouvrira les portes de notre nouvel amphithéâtre. Il est un Flame pour toujours. Échanger Jarome pour régler nos problèmes serait l'équivalent de tuer un patient pour soigner sa grippe. Ça n'arrivera pas.»

Et comme cette promesse sort de la bouche du président de l'équipe, elle semble très solide.

Cela dit: s'il semble clair qu'Iginla est à Calgary pour de bon, c'est peut-être à titre de nouveau retraité qu'il inaugurera le nouveau domicile des Flames. Car, on est encore loin de la première pelletée de terre...

Photo: Reuters

Les Flames de Calgary veulent un nouvel amphithéâtre, eux aussi. Et ils entendent bien garder leur capitaine Jarome Iginla... pour toujours.