Pierre Gauthier avait donc raison: le soleil s'est finalement levé pour sortir son équipe de la grande noirceur dans laquelle elle patinait à tâtons depuis le début de la saison.

Rarement quatre changements somme toute mineurs n'auront entrainé autant de conséquences positives en une petite semaine dans l'entourage du Canadien.

À elle seule, la transaction qui a permis de mettre la main sur Petteri Nokelainen ne pouvait freiner la chute libre du Canadien. Pas plus que le retour au jeu du vétéran défenseur Jaroslav Spacek, un des souffre-douleur des partisans depuis qu'il est débarqué à Montréal. Impossible non plus d'imputer au congédiement surprise de Perry Pearn le fait que le Canadien soit invaincu depuis que Pierre Gauthier l'a limogé. Et personne n'a été traversé de grands frissons de plaisir lorsque le Canadien a annoncé le rappel de Michael Blunden. Du moins, je l'espère...

Mais une fois combinés, ces petits changements ont entrainé des résultats plus que probants. Presque impressionnants, si l'on considère que même les plus ardents et positifs partisans du Canadien ne donnaient pas leurs favoris trois fois gagnants contre Philadelphie d'abord, et deux fois Boston ensuite.

En attendant Markov et Gomez

Si des changements aussi mineurs ont donné de riches dividendes, il n'est pas surprenant d'entendre les partisans spéculer en se frottant les mains dans l'attente des changements majeurs qui guettent le Tricolore.

Le premier changement a pour nom Andrei Markov. Bien que le Canadien affichera la plus sage des prudences avant de ramener son as défenseur au sein de la formation, il semble acquis que Markov débarquera sur la patinoire avant la grande virée du Père Noël.

Le deuxième est relié à l'avenir de Scott Gomez. Tombé au combat lors de l'escale du Canadien à Pittsburgh, le 20 octobre, Gomez est loin d'avoir créé un grand vide sur la glace, sur le banc ou au vestiaire. Personne ne semble s'ennuyer de ce vétéran, qui constitue maintenant bien plus un passif qu'un actif.

Gomez n'était pas le seul responsable de ses insuccès du Tricolore avant qu'il ne soit blessé. Mais la qualité du jeu offert par David Desharnais et Lars Eller depuis qu'ils ont hérité d'un surcroît de responsabilités - en raison de l'absence du plus haut salarié de l'équipe - obligera la direction à prendre des décisions importantes d'ici peu.

Direction Ligue américaine?

À cause de la qualité du jeu qu'ils offrent, Desharnais et Eller pourraient difficilement être mutés sur les ailes pour réintégrer Gomez au centre.

Confiner le vétéran joueur de centre au quatrième trio serait encore moins productif. Car non seulement Petteri Nokelainen est meilleur aux cercles des mises en jeu et plus responsable défensivement, mais il touche 550 000 $ en salaire. C'est tout juste 7 millions de moins que Scott Gomez, qui gagne 7,5 millions cette année, qui gagnera 5,5 millions l'an prochain et 4,5 millions dans deux ans.

Rien que ça...

Tant qu'à payer Gomez à ne rien faire, ou presque, au sein d'un quatrième trio, Geoff Molson devra se rendre à l'évidence et convaincre ses partenaires qu'il y aurait une meilleure façon de gaspiller un tel magot.

Comment? En payant Gomez pour qu'il joue dans la Ligue américaine. Oui, il jetterait 7,5 millions par la fenêtre. Mais ce salaire pourrait alors être soustrait du total comptabilisé sous le plafond salarial. Avec cette marge de manoeuvre dégagée, Pierre Gauthier pourrait fouiner autour de la LNH pour compléter d'autres changements mineurs. Si leurs conséquences devaient être aussi positives que les quatre changements apportés cette semaine, tout le monde serait content. Ou presque.

Vrai qu'il faut avoir beaucoup plus peur de la fin du monde que de la fin du mois pour gaspiller comme ça 7,5 millions. Mais quand tu es assez riche pour être propriétaire d'une équipe de la LNH, tu dois être capable d'assumer ce genre de perte, sinon, tu n'as pas d'affaire là!

Et qui sait: avant de céder Gomez au club-école, le Canadien devra le soumettre au ballottage. Une équipe pourrait alors le réclamer. Ça ne coûte encore rien pour rêver...

Une fois boudé par le Canadien et les 29 autres équipes, Gomez pourrait suivre les traces de Wade Redden (Rangers) et Sheldon Souray (Edmonton), qui ont passé l'hiver dernier dans la Ligue américaine.

Et Gomez ne peut refuser. Il peut identifier trois équipes avec lesquelles il refuserait d'être échangé. Pour le reste, il doit accepter les décisions de la direction.

Pourquoi ne pas racheter le contrat de Gomez immédiatement? Parce que le Canadien ne peut pas. La période des rachats débute le 15 juin - ou 48 heures après la levée de la Coupe Stanley - et prend fin le 30 juin.Le Canadien pourra donc se prévaloir de ce privilège l'été prochain seulement. S'il le fait, il devra verser à Gomez les deux tiers des 10 millions prévus à son contrat, soit 6,666 millions. Mais attention: le Canadien ne serait pas encore libéré de l'obésité salariale de son contrat. Que non!

Car bien que Gomez serait libre comme l'air, le Canadien verrait sa masse salariale amputée - selon le site capgeek.com, qui se spécialise dans les données sur les salaires des joueurs de la LNH - de 3,523 millions en 2012-2013, de 4,523 millions en 2013-2014, de 1,666 million en 2014-2015 et de 1,666 million en 2015-2016.

Comme quoi Gomez, et surtout son contrat ridicule de 7 ans d'une valeur de 51,5 millions que Glen Sather des Rangers de New York lui a accordé en 2007, hanteront le Canadien et ses fans pour encore quelques années...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Pourquoi ne pas racheter le contrat de Scott Gomez immédiatement? Parce que le Canadien ne peut pas...