Parce qu'ils étaient prêts à tout pour obtenir une deuxième chance dans la LNH, les Jets de Winnipeg ont accepté de passer leur première saison dans la division Sud-Est.

Ce non-sens géographique sera corrigé dès l'an prochain. Il ne reste qu'à déterminer de quelle façon.

Propriétaire des Red Wings de Detroit, Mike Ilitch tient à combler le vide provoqué par la migration vers le nord des Thrashers d'Atlanta. De fait, il l'exige. Et il est convaincu que ses désirs seront comblés: «La Ligue nationale m'a assuré qu'on s'occuperait de nous cette fois-ci», a lancé le magnat de la pizza lorsqu'il s'est présenté au Temple du hockey flanqué de sa femme Marian.

Ilitch attend ce déménagement depuis longtemps. Les Wings vivent à l'heure de l'Est, mais jouent très souvent à l'heure des Prairies, des Rocheuses, ou du Pacifique. Trop souvent au goût du proprio.

Detroit, Columbus ou Nashville?

Les Blue Jackets de Columbus réclament eux aussi ce transfert vers l'Est. Ils seront toutefois bien mal armés pour tenir tête aux Wings à Pebble Beach où les gouverneurs de la LNH se réuniront les 5 et 6 décembre prochains pour, entre autres choses, débattre du remaniement des divisions et des associations.

Ilitch et les Wings sont des puissances dans la LNH et font courir les foules. Toutes les équipes aimeraient compter sur leur présence au sein de leur division ou au moins au sein de leur association. Quant aux Jackets...

Mais attention! Leur fragilité pourrait les servir. Car après la faillite du hockey à Atlanta, les millions engloutis dans la sauvegarde artificielle des Coyotes à Phoenix, et la précarité connue et reconnue de plusieurs franchises, Gary Bettman pourrait difficilement accepter que les Blue Jackets rendent l'âme 12 ans seulement après leur entrée dans LNH.

Detroit et Columbus ont donc des arguments valables.

Mais si les divisions ont été créées pour maximiser les rivalités géographiques, ce sont les Predators de Nashville qui devraient aller rejoindre Washington, la Caroline et les deux formations de la Floride dans la division Sud-Est.

Les équipes de l'Ouest seraient-elles prêtes à perdre Detroit?

«C'est toujours plaisant de recevoir des adversaires populaires. Ça attire les amateurs», a convenu Doug Armstrong, directeur général des Blues de St.Louis, qui perdraient trois visites annuelles de leurs grands rivaux de la division Centrale si les Wings passaient à l'Est.

Armstrong est toutefois prêt à accepter ce départ: «C'est le bien de la LNH qui doit primer. Et bien honnêtement, c'est en bâtissant un club solide, gagnant et populaire que je vais attirer des amateurs dans mon building. Pas en me fiant aux autres clubs. Et en passant, s'il est vrai que les Wings attirent aujourd'hui, on ne peut pas dire que c'était le cas pendant les quelque 25 ans qui ont précédé leurs succès à compter du début des années 90.»

Québec dans tout ça?

Malgré l'urgence d'agir pour satisfaire Detroit et/ou Columbus, pourquoi diable la LNH précipiterait-elle sa décision alors qu'elle n'est pas fichue de savoir ce qui arrivera avec les Coyotes de Phoenix?

Lorsque les 29 propriétaires décideront qu'ils en ont assez d'éponger les pertes de cette équipe en versant à Bettman les sommes qu'il réclame pour assumer la tutelle des Coyotes, le commissaire devra accepter qu'il a perdu la bataille à Phoenix.

Les Coyotes déménageront alors. Où? Québec, Kansas City, Seattle? «Québec est la prochaine ville en lice», assurait un acteur bien en vue dans la LNH.

Si tel est le cas, d'autres changements devront être apportés aux divisions et associations.

Plusieurs scénarios sont déjà à l'étude. Aujourd'hui analyste au réseau Sportsnet mais d'abord et avant tout grand architecte de la couverture télévisuelle de la CBC pendant ses années à la tête de Hockey Night in Canada, John Shannon croit qu'il serait temps d'abolir les associations telles qu'on les connaît depuis toujours. Il propose la création de trois divisions (Ouest - Gretzky, Nord - Orr et Est - Lemieux) de 10 équipes, un calendrier de 76 matchs et des séries éliminatoires qui regrouperaient 16 clubs qui s'affronteraient selon leur rang au classement général de manière à éviter des duels trop hâtifs entre clubs puissants.

Ce scénario est intéressant. Mais il brasse trop les structures très rigides de la LNH pour croire qu'il serait accepté. Surtout que les Flyers de Philadelphie perdraient leurs rivaux de la Pennsylvanie alors que les Penguins aboutiraient dans la division Nord. «Les Flyers ne perdront pas leurs rivaux naturels», a assuré Ed Snider, lundi, sur le tapis rouge du Temple de la renommée.

Difficile aussi d'imaginer que les Penguins joueraient ailleurs que dans la division Lemieux. Mais bon.

Peu importe ce que les propriétaires décideront dans moins d'un mois, il est crucial qu'ils mettent suffisamment de pression sur Bettman pour qu'il débranche le respirateur qui garde Phoenix en vie.

Il serait intéressant également qu'ils envisagent de raccourcir le calendrier préparatoire de façon à amorcer la saison plus tôt en s'assurant que la Coupe Stanley soit soulevée au plus tard le 31 mai.

Mais aussi, et surtout, il sera impératif de s'assurer que les négociations qui s'annoncent difficiles avec l'Association des joueurs ne se soldent pas par un autre lock-out. Car, après un deuxième conflit de travail en neuf ans, la LNH devrait faire un autre remaniement de ses divisions et/ou associations. Et elle n'aurait plus 30 équipes à caser!