Carey Price avait raison d'être en colère samedi après son revers amer de 4-3 en prolongation. Pleinement! Il pourrait l'être encore un brin ce matin qu'on comprendrait.

Pas question alors de lui reprocher d'avoir fracassé son bâton en geste de dépit et d'avoir lâché un sacre bien senti en commentant son dégoût, une fois dans le vestiaire.

Je sais: ce n'est pas beau sacrer. Quoique le «fucking» qui fait tant grimacer nos amis anglos s'est aujourd'hui intégré au discours quotidien de nos ados. Genre!

Mais comme Price avait entièrement raison d'être «full fru», on va lui pardonner.

Dire que les arbitres ont péché en «oubliant» de siffler un arrêt de jeu alors que la rondelle était immobilisée sous Carey Price est un euphémisme. Ils ont fait preuve d'incompétence. Car même s'ils n'étaient pas en mesure de réaliser que Price avait coincé la rondelle sous sa mitaine et sa jambière gauche, les arbitres ne pouvaient la voir. C'était impossible. Et que font les arbitres lorsqu'ils ne voient pas la rondelle? Ils sifflent. Ils arrêtent le jeu. Combien de joueurs l'ont appris à leurs dépens en sautant sur une rondelle libre pour marquer un but que les arbitres ont aussitôt refusé en prétextant avoir stoppé le jeu parce qu'ils ne voyaient plus la rondelle? Beaucoup! Beaucoup plus que le nombre de buts marqués par Scott Gomez depuis un an, depuis le début de sa carrière...

Bien qu'il avait raison d'être en colère contre les arbitres, Carey Price aurait aussi pu passer un savon à quelques-uns de ses coéquipiers. Car après une performance magistrale de 36 arrêts au cours des trois périodes réglementaires, jamais Carey Price n'aurait dû se retrouver en prolongation.

Cammalleri: blessé, épuisé, frustré?

Des erreurs défensives, mais aussi, mais surtout, l'inertie du «premier» trio composé de Cammalleri-Plekanec-Gionta ont ouvert toute grande la porte à la remontée des Penguins.

«On s'est fait voler, mais bien honnêtement, le match n'aurait jamais dû se rendre là», a d'ailleurs reconnu le grand Hal Gill en quittant le Centre Bell.

Gill n'a pas bien paru sur le but égalisateur. Lui et son partenaire Yannick Weber ont été pris à contrepied sur une sortie de zone mal orchestrée. Ce duo était d'ailleurs sur la patinoire pour les trois buts sans riposte des Penguins dans le cadre de leur remontée victorieuse.

Mais devant eux, Brian Gionta (-4), Tomas Plekanec (-3) et Michael Cammalleri, chanceux de s'en tirer avec -2, ont été plus mauvais encore.

Le capitaine du Canadien travaille fort. Aucun doute là-dessus. Mais en dépit de ses efforts et d'une utilisation abondante, au point de se demander si elle n'est pas abusive, Gionta a été blanchi lors des quatre derniers matchs. Et la seule statistique qui orne sa feuille d'évaluation est un affreux -9.

Comme ils ne peuvent s'en prendre à lui parce qu'il est blessé, les partisans ont trouvé un nouveau souffre-douleur: Michael Cammalleri.

Limité à cinq buts, Cammalleri n'est pas l'ombre du joueur qu'il doit être pour mériter son salaire de 6 millions par année. Comme tout marqueur, Cammalleri peut plaider qu'il fonctionne par bourrée. Ce qui est vrai. Mais samedi, Cammalleri était tellement lent, voire absent, qu'il lui aurait été impossible d'amorcer une séquence heureuse. Il ne s'implique pas, il triche, il bousille non seulement des couvertures défensives, mais aussi des poussées offensives. Pas surprenant qu'il soit lapidé de critiques.

Cammalleri est-il blessé? Ressent-il des contrecoups de la blessure subie en début de saison? Il semble que non.

Est-il fatigué? Après 24 matchs, ce serait surprenant pour ce grand adepte de la bonne forme et de la saine nutrition.

Alors quoi? Cammalleri joue comme un gars frustré. Frustré parce que ça ne va pas à son goût; frustré parce qu'il n'est pas, ou plus, la tête d'affiche d'une équipe qui n'en compte déjà pas beaucoup.

Cammalleri, comme son capitaine, ne peut toutefois pas se plaindre de son utilisation. Il ne rate pas une présence. Et il est de toutes les attaques massives, bien que l'inertie de cette «attaque passive» pourrait facilement lui valoir de sauter son tour au profit d'autres attaquants qui feraient peut-être mieux. Ils ne pourraient certainement pas faire pire!

Markov en Californie

Le Canadien s'entraîne à Brossard ce matin avant de mettre le cap sur la Californie. Andrei Markov sera du voyage. Pourrait-on le voir en uniforme à Anaheim (mercredi), San Jose (jeudi) ou Los Angeles (samedi)? Possible. Mais c'est loin d'être garanti. Les entraînements de lundi et mardi seront déterminants. Car depuis qu'il a rejoint l'équipe et reçu le feu vert pour encaisser et asséner des mises en échec, Markov n'a pas pu s'entraîner beaucoup. Avec 11 matchs en 19 jours, Jacques Martin ne pouvait surtaxer ses joueurs. Avec trois matchs en moins de quatre jours qui l'attendent en Californie - le match de samedi sera à 12h30, heure de Los Angeles - le repos sera plus important que l'entraînement sur la côte du Pacifique.

Si Markov peut convaincre ses patrons aujourd'hui ou demain, il sera accueilli à bras ouverts. Avec Markov au point d'appui, le Tricolore comptera peut-être sur une attaque massive au lieu de se contenter de jouer en avantage numérique, comme c'est trop souvent le cas depuis le début de l'année quand ses adversaires écopent de pénalités.

Photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse

Carey Price était fâché contre l'arbitre - et sans doute aussi contre ses coéquipiers - après le match de samedi. Il avait bien raison.