Et dire que José Théodore jonglait avec l'idée de prendre sa retraite...

À l'aube de ses 35 ans, après 13 saisons dans la LNH, dont une mémorable en 2001-2002 qu'il a couronnée avec les trophées Hart et Vézina, «Théo» aurait pu s'installer sous le soleil de la Floride et profiter d'une retraite dorée avec sa compagne Stéphanie et leur fille Romy.

Après une année peu satisfaisante devant la cage du Wild, au Minnesota, Théodore n'avait pas l'intention de prolonger sa carrière simplement pour la prolonger. Et comme, à l'image de tous les joueurs vedettes qui évoluent dans la LNH depuis au moins 10 ans, Théodore a plus peur de la fin du monde que de la fin du mois, il était hors de question de jouer simplement pour le fric.

D'où la réflexion quant à une possible retraite.

Un coup de téléphone a tout changé. Car lorsque Dale Talon a courtisé José Théodore, il l'a fait avec des arguments de poids. Il lui donnait la chance de prolonger sa carrière avec une équipe nettement améliorée, tout en lui permettant de s'installer là où il avait l'intention de jeter l'ancre.

«J'ai reçu une offre de Denver pour épauler Varlamov (Semyon) avec qui j'ai joué à Washington. Ottawa et Detroit étaient aussi intéressés. Mes premiers choix demeuraient Tampa Bay et Floride. Tampa a misé sur Mathieu (Garon). Quand les Panthers ont appelé et qu'ils ont accepté de me donner deux années, j'ai tout de suite signé. C'est le meilleur des deux mondes. Je joue au hockey pour des gars qui me font confiance et qui me traitent comme un numéro un et j'ai installé ma famille là où je me serais installé si j'avais pris ma retraite. Mais là, la retraite peut attendre», a lancé José Théodore joint par La Presse à Los Angeles où il affrontera les Kings ce soir.

Déjà dix victoires

Cette retraite pourrait même attendre plus longtemps que prévu si Théodore et son équipe continuent d'accumuler les succès.

Fort d'une soirée de 26 arrêts, dont quelques-uns spectaculaires aux dépens d'Eric Staal et de Jeff Skinner, José Théodore a gâché l'entrée en scène de Kirk Muller à titre d'entraîneur-chef, mardi, en Caroline.

Mais avec 10 victoires à sa fiche, Théodore et ses Panthers, qui en comptent trois de plus (deux au dossier de Jacob Markstrom et une à Scott Clemmesen), surprennent bien des adversaires depuis le début de la saison.

Ils font aussi mentir bien des observateurs qui les voyaient peut-être se battre pour une place en séries, mais jamais pour une place en tête de l'Association Est.

Vrai que les Panthers profitent des débuts de saison difficiles, voire désastreux, de leurs rivaux de la Caroline, Washington, Tampa Bay et Winnipeg pour trôner au sommet de la division Sud-Est. Mais ils n'étaient, mercredi, qu'à deux points des Penguins et du premier rang dans l'Est. Avec un match en mains sur la troupe de Sidney Crosby.

Ce n'est pas rien...

Théodore n'est certainement pas le seul responsable des succès surprenants des Panthers. Sa moyenne de 2,29 buts alloués par match, son efficacité de 92,4% et le fait qu'il ait récolté des points dans 13 de ses 18 matchs (10-4-3) confirment toutefois qu'il donne une chance de gagner à son club tous les soirs.

Bien dans sa tête et dans sa peau

Théodore file le parfait bonheur en Floride, autant sur la patinoire qu'aux côtés de sa fille qui vient de faire le saut en maternelle. Les Panthers, eux, se frottent les mains puisqu'ils reçoivent un très bon retour sur le 1,5 million qu'ils versent à Théo cette année.

À deux matchs du plateau des 600 dans la LNH, José Théodore compte bien satisfaire ses patrons encore l'an prochain. Et pour quelques autres saisons s'ils décident de lui donner l'occasion de servir de grand frère au jeune Jacob Markstrom qui est à une saison ou deux du poste de numéro un en Floride.

«J'ai 35 ans. Je suis en forme même si les lendemains de matchs commencent à être plus durs. Je suis surtout heureux. Serein. Je n'ai rien à prouver à personne. Je sais que j'ai été souvent critiqué. Mais quand je regarde ce que j'ai fait, je suis fier. Six équipes voulaient de moi l'été dernier. Ça veut dire que ma valeur est bonne là où ça compte vraiment. Aux yeux des hommes de hockey de la LNH.»

Il est vrai que José Théodore a souvent été critiqué. Que ses performances à Montréal, dont ses trophées Hart et Vézina en 2001-2002, et ses saisons de 30 et 32 victoires à Washington, ont été minimisées.

Mais bien qu'il ait toujours été secoué par ces critiques qui l'affectaient plus qu'il ne le laissait paraître, José Théodore n'a jamais servi d'excuses. Il aurait pourtant pu en présenter des solides.

Au grand plaisir de ses partisans ou sous le sarcasme de ses détracteurs, Théodore a quand même remporté 270 victoires, dont 31 par jeu blanc, malgré les ennuis hypermédiatisés avec la justice des membres de sa famille et de son beau-père. Et comme si ce n'était pas déjà beaucoup, il a dû composer avec des ennuis de santé sérieux de sa fille aînée, d'une fausse couche qui l'a privé de son premier fils et des contrecoups d'une naissance prématurée qui a eu raison de son deuxième garçon.

Ces épreuves auraient mis un terme à bien des carrières. Mais plus de 15 ans après ses débuts dans la LNH, José Théodore est toujours là.

Photo: Reuters

Les Panthers surprennent et le gardien José Théodore connaît une très bonne saison.