Jacques Martin sera derrière le banc du Canadien quand le Tricolore recevra les Blue Jackets de Columbus, mardi. Il y sera même jusqu'à la fin de la saison.

J'ai du moins la prétention de le penser.

Un avis que beaucoup de partisans sont loin de partager. Car dans les tribunes téléphoniques, les réseaux sociaux, partout où la passion passe loin devant la raison, Jacques Martin est déjà condamné.

Des victoires inattendues contre Philadelphie et Boston, que le Canadien a battus coup sur coup à la fin du mois d'octobre, ont refroidi les ardeurs de ses détracteurs. Mais avec des points échappés ici et des performances lamentables de son club là, les esprits ont vite chauffé. Les partisans outrés cherchent un coupable. La tête de Jacques Martin est mise à prix.

Match de la dernière chance?

On saura dans quelques heures quel genre d'effort le Canadien déploiera contre les Kings, à Los Angeles. S'il gagne, soutire un point comme il l'a fait à San Jose jeudi, ou se défonce à l'ouvrage et vend chèrement sa peau dans la défaite, Jacques Martin sera en sécurité.

Mais si le Canadien s'écrase comme il l'a fait déjà bien trop souvent cette année? Le vol Los Angeles-Montréal sera longue et Jacques Martin aura toutes les raisons au monde d'être inquiet.

Car si Pierre Gauthier devait prendre la décision de le congédier, ou si Geoff Molson, pressé par la grogne populaire, la pression des médias, les baisses de cotes d'écoute et les sièges vides qui se font de plus en plus nombreux au Centre Bell, forçait la main de son directeur général, l'occasion serait bien choisie.

De retour devant ses partisans, le Canadien recevra mardi la pire équipe de la LNH. Après sa suspension, Max Pacioretty voudra manger les bandes. Andrei Markov finira bien par revenir au jeu. Tout comme Jaroslav Spacek et Chris Campoli. Sans oublier que Ryan White réintégrera l'alignement autour de la période des Fêtes. Ces conditions favorables à la relance du Tricolore, on pourrait les offrir à un nouvel entraîneur-chef.

Candidats potentiels

Trois facteurs me poussent toutefois à croire que le Canadien sera patient avec Jacques Martin:

> Pierre Gauthier croit en lui;

>Geoff Molson sera en Californie demain, lundi et mardi pour la réunion des gouverneurs de la LNH. S'il devait donner le feu vert ou imposer un changement au sein de l'état-major, le propriétaire resterait à Montréal pour gérer la crise. Quitter le fort pendant un moment aussi important serait très mal perçu;

> Et surtout, qui diable remplacerait Jacques Martin?

Les fans rêvent de voir Patrick Roy derrière le banc. Candidat logique et de marque, il est loin d'être acquis qu'il abandonnerait ses Remparts à Québec en pleine saison. Marc Crawford, qui a amorcé sa carrière à Québec, qui a gagné la Coupe Stanley au Colorado, qui a dirigé des équipes à Vancouver, Los Angeles et Dallas, qui est disponible et bilingue, représente le candidat le plus susceptible de se retrouver à Montréal si le Tricolore décide de changer d'entraîneur.

Le contrat de Bob Hartley, expatrié en Suisse pour deux ans, lui permet de revenir illico dans la LNH derrière le banc des Flames de Calgary ou des futurs Nordiques de Québec. Le Canadien est-il aussi sur la liste?

Ceux qui croient que Guy Carbonneau accepterait de revenir travailler pour Bob Gainey et Pierre Gauthier, qui l'ont congédié, se trompent royalement.

Mario Tremblay? Je ne souhaite pas ça au Bleuet. Jacques Lemaire? Il n'a pu dire non à son grand ami Lou Lamoriello l'hiver dernier. Mais il lui a dit non une fois la saison terminée. S'il a dit non à Lamoriello, il dira non à bien du monde.

Un unilingue anglophone?

Si Mike Babcock (Detroit), que je considère comme le meilleur de sa profession, ou l'excellent Barry Trotz (Nashville) étaient disponibles, il serait intéressant de débattre de la nécessité d'avoir un entraîneur-chef bilingue à Montréal. Je crois qu'un directeur général anglophone peut régner à la tête du Canadien, mais je ne suis pas enclin à la même ouverture à l'égard de l'entraîneur-chef.

Le spectre de priver le Canadien de candidats de l'envergure de Babcock et Trotz affaiblirait mes convictions. Randy Carlyle ou Paul Maurice, qui sont eux disponibles, n'y arriveraient toutefois pas.

Alors qui?

Le seul entraîneur-chef de la LHJMQ capable de relever le défi est Benoit Groulx, des Olympiques de Gatineau. Vif, expérimenté, doué, Groulx a goûté au hockey professionnel à Rochester, dans la Ligue américaine. Des observateurs bien en vue du hockey junior québécois assurent que Jean-François Houle, de l'Armada de Blainville-Boisbriand, sera d'ici quelques années un candidat de choix. Mais pas maintenant. Même constat dans le cas de Pascal Vincent, entraîneur adjoint des Jets de Winnipeg.

Le nom de Sylvain Lefebvre est ressorti au fil de conversations tenues au cours des derniers jours. Adjoint avec l'Avalanche du Colorado, le défenseur, qui a connu une carrière de 14 ans dans la LNH, est prêt à assumer plus de responsabilités, assure-t-on. L'ancien du Canadien connaît bien le marché, les fans le connaissent. Il bénéficierait d'un capital de sympathie 100 fois supérieur à celui de Jacques Martin.

Mais la survie de Joe Sacco à Denver semble plus précaire que celle de Jacques Martin à Montréal. Lefebvre obtiendra peut-être une chance avec l'Avalanche avant que le Canadien l'appelle. S'il l'appelle!

Car pour aujourd'hui, demain et le reste de la saison, Jacques Martin, à moins d'une débandade monstrueuse, restera derrière le banc du Canadien.

S'il est congédié, ceux qui lui ont confié cette équipe, qui coûte une fortune et qui est minée de problèmes, devraient écoper aussi.