Geoff Molson est sensible aux critiques que lui adressent les partisans de son équipe. Des critiques qui viennent de tous les fronts: des médias, des réseaux sociaux sur lesquels le propriétaire du Tricolore garde un oeil attentif pour connaître le pouls des fans, à l'aréna où l'un ou l'autre de ses quatre enfants disputeront un total de 120 matchs de hockey cette année, à l'épicerie et même dans la rue où le proprio du Tricolore s'est déjà fait apostropher par un livreur qui a baissé la fenêtre de son camion pour lui lancer: «Hey Molson! Fix your team

Ces partisans froissés, outrés, frustrés qui réclament des changements en profondeur seront toutefois déçus. Car bien qu'il reconnaisse avoir un peu de rafistolage à faire, Geoff Molson maintient une confiance inébranlable à l'endroit de son équipe, du directeur général Pierre Gauthier, de l'entraîneur-chef Jacques Martin et même du mal aimé et surpayé Scott Gomez.

Pas question alors de congédier Pierre Gauthier ou Jacques Martin. Et c'est à Montréal et non à Hamilton, où il pourrait être rétrogradé pour libérer de précieux millions sous le plafond salarial, que Scott Gomez jouera lorsqu'il sera remis de la blessure qui lui fera rater un 6e match de suite, ce soir, un 15e cette saison.

«Scott est un compétiteur. Il a hâte de revenir. Il veut jouer. Il veut gagner. Et je demeure convaincu qu'il a le potentiel pour contribuer aux succès de l'équipe», a lancé Geoff Molson, que La Presse a rencontré à Pebble Beach où le propriétaire du Canadien et des 29 autres équipes de la LNH sont réunis dans le cadre des assises annuelles des gouverneurs.

Markov: le Canadien avait des garanties

Malgré l'arthroscopie pratiquée au genou droit d'Andrei Markov en Floride, hier, et une convalescence qui se prolongera jusqu'aux premières semaines de 2012, Geoff Molson assure que le Canadien a pris la bonne décision en lui offrant un contrat de trois ans d'une valeur de 17,25 millions $.

«Nous avons fait nos devoirs dans ce dossier. Nous avions les garanties des médecins que l'intervention avait été un succès et que son genou était aussi fort qu'avant. C'est dommage, ce qui arrive. Mais Andrei est en grande forme et son genou est solide. Une fois ce dernier contretemps réglé, je suis convaincu qu'il nous aidera à remonter au classement afin que nous atteignions nos objectifs.»

L'objectif du Canadien est de se tailler une place en séries. Ce qui est loin d'être acquis.

«Quand on regarde ce que nous avons subi comme blessures, c'est une très bonne chose de batailler pour le huitième rang comme on le fait là. Une fois nos blessés revenus, avec un excellent noyau de vétérans à l'attaque, avec un excellent gardien comme Carey et une défense qui prend de l'expérience, nous grimperons au classement.»

Quand on fait remarquer au propriétaire du Canadien que les partisans de son équipe sont loin d'afficher son optimisme débordant, il acquiesce.

«C'est normal. On ne leur a pas offert le début de saison qu'ils espéraient. Mais regarde le bilan de nos 27 premiers matchs, trois fois seulement nous avons été déclassés. Les autres défaites ont été très serrées. Si une, deux ou trois parties avaient tourné en notre faveur, les critiques seraient beaucoup moins sévères. Le message est clair: on a juste à gagner et tout le monde sera content.»

Propriétaire heureux et engagé

Geoff Molson assure savourer pleinement son rôle à la tête de l'équipe que ses frères Andrew et Justin et lui, ainsi que plusieurs partenaires financiers, ont acquise il y a trois ans.

Sans jouer au directeur général ou à l'entraîneur-chef, il est au centre de toutes les décisions. «Pierre et Jacques sont des hommes de hockey très compétents. Ils gèrent le présent, mais aussi l'avenir de l'équipe. Je suis derrière eux parce que je sais comment ils travaillent, comment ils pensent. Je ne reçois pas un appel pour approuver les décisions une fois que tout est réglé. Je suis impliqué.»

Plus que les déboires sur la glace et les critiques parfois cinglantes que son équipe et lui essuient, c'est l'assaut dont Max Pacioretty a été victime, le 8 mars dernier au Centre Bell, qui a le plus ébranlé le propriétaire du Canadien.

«J'ai été profondément marqué par cet incident. Voir Max étendu sur la patinoire a été très difficile à accepter. C'est pour cette raison que j'ai décidé de faire publier la lettre que j'ai adressée à la LNH. Je voulais que les partisans réalisent que le propriétaire de leur équipe n'acceptait pas ce geste et qu'il s'impliquait au lieu de garder les bras croisés.»

Pourrait-il écrire une lettre similaire aux partisans afin d'implorer leur patience en ces moments plus difficiles? «Parfois j'en ai le goût, oui! Mais je crois que ce serait trop "corporatif". J'aime mieux faire confiance aux joueurs, aux entraîneurs et à M. Gauthier. Ah, c'est vrai, je n'ai pas le droit de l'appeler monsieur...»

Photo: André Pichette, La Presse

Le propriétaire du Canadien, Geoff Molson.