Michael Cammalleri veut-il quitter Montréal et les ennuis qui minent le Canadien pour se retrouver en terrain moins hostile au sein d'une équipe gagnante?

Si c'est ce qu'il désire, il a pris le bon moyen pour accélérer son départ. En s'insurgeant contre l'attitude de perdants affichée par le Canadien, il écorche les entraîneurs qui ébauchent les plans de match ainsi que ses coéquipiers et la façon dont ils jouent.

«Je pourrais en dire bien plus, mais vous pouvez lire entre les lignes», a ajouté Cammalleri au fil d'un long entretien animé que j'ai eu avec lui en compagnie de mon collègue Arpon Basu, de LNH.com, hier midi, au centre d'entraînement du Tricolore à Brossard.

Nul besoin de lire entre les lignes. Le message est on ne peut plus clair: au lendemain d'une 26e défaite en 42 matchs, au milieu d'une saison marquée par les échecs, les déceptions, les contre-performances et l'absence de signes encourageants et prometteurs, Cammalleri a ouvert son jeu. On saura d'ici le 27 février - date limite des transactions dans la LNH - si ce souhait dévoilé au grand jour sera exaucé.

À titre informatif, oui Michael Cammalleri peut être échangé. La clause de non-échange figurant à son contrat avec le Canadien l'assure toutefois de ne pas se retrouver dans les vestiaires de sept équipes qu'il a identifiées au mois d'août dernier.

Et s'il ne voulait pas partir? Et s'il s'était vidé le coeur comme il l'a fait hier simplement pour exprimer les frustrations reliées à ses insuccès personnels et aux huées qui commencent à le suivre quand il touche à la rondelle?

Il aura raté une belle occasion de se taire. Car, en plus de soulever une polémique sur la place publique où il se retrouve bien seul, il sera plus seul encore dans un vestiaire où il ne compte pas beaucoup d'amis.



À l'image de sa réputation

Les jugements de Cammalleri sont sévères. Ils sont surtout lourds de conséquences. Cela dit, il n'a pas tout faux. Ça non!

Quand un gars n'affiche que 9 buts et 22 points en 37 rencontres, qu'il traîne un différentiel de moins 6 et qu'il se contente de demi-mesures comme le fait le «franc-tireur» depuis trop longtemps, il n'a pas le droit de lancer de telles critiques tous azimuts. Quand un joueur est l'une des causes des ennuis de son équipe au lieu de s'afficher comme une solution pour la relancer, il ne peut rejeter la responsabilité sur les autres.

«C'est à l'image de sa réputation», a lancé l'ancien capitaine du Canadien, Vincent Damphousse, à l'émission L'antichambre à RDS hier soir.

Michael Cammalleri traîne une réputation de joueur égoïste. Il est évident que son niveau de frustration est élevé. Dangereusement élevé. Sa sortie n'est pas la seule indication. Que non! Sa ruade et les coups de bâton assénés en début de match mardi aux dépens de David Perron, des Blues de St. Louis, en font aussi la preuve par 100.

Quoi faire maintenant?

Si Randy Cunneyworth se sent attaqué et considère que Cammalleri a mis en cause son autorité, il doit sévir.

Comment?

Il pourrait bien sûr le rayer de sa formation dès ce soir à Boston. Remarquez que la pire sanction serait peut-être de le surutiliser contre les méchants Bruins qui écrasent tout ce qu'ils croisent depuis deux mois. Des Bruins qui voudront écraser davantage encore leurs rivaux de toujours venus de Montréal.

Randy Cunneyworth n'était pas encore au courant des doléances de son joueur vedette lorsque je lui ai demandé de commenter l'utilisation réduite de Cammalleri et aussi celle de Tomas Plekanec, son joueur de centre.

«Je considère que nous leur offrons une utilisation juste et équitable dans les circonstances. Nous devons obtenir des résultats de nos meilleurs joueurs. S'ils ne nous en donnent pas offensivement, ils doivent au moins empêcher les adversaires de marquer», a souligné le nouvel entraîneur-chef du Canadien.

Peut-on envisager un «repos salutaire» imposé à l'un ou l'autre des vétérans qui devraient entraîner leurs jeunes coéquipiers plutôt que de se laisser traîner par eux?

«Ce n'est pas mon intention dans l'immédiat, mais je ne peux assurer que ça n'arrivera jamais», a indiqué Cunneyworth. Maintenant qu'il connaît le fond de la pensée de son joueur vedette, on connaîtra rapidement le sens donné au terme immédiat.

Attendre la bonne offre

Et si la direction du Tricolore décide de donner un coup de main à son entraîneur et d'échanger Cammalleri? Qu'elle le fasse. Mais comme les chances d'accéder aux séries s'amenuisent, il n'y a pas de raison de paniquer et de sauter sur la première offre venue.

Doutez-vous que le Canadien puisse recevoir des offres pour Cammalleri? Vrai qu'il ne joue pas bien. Vrai qu'il est surpayé et qu'il le sera encore davantage lors des deux prochaines années - 7 millions par saison. Mais des équipes qui aspirent aux grands honneurs et qui voudraient compter sur un peu plus de punch à l'attaque - les Sharks de San Jose disons - pourraient être intéressées. Au Canadien alors de tenter d'obtenir le maximum. Et c'est rarement sur un coup de tête qu'on obtient le maximum. Patrick Roy, Mike Ribeiro, José Théodore: ça vous rappelle quelque chose?

Photo: André Pichette, La Presse

Les commentaires de Michael Cammalleri sont sévères... et surtout lourds de conséquences.