Tomas Plekanec avait un mandat difficile, voire périlleux à remplir contre les Penguins: freiner Evgeni Malkin. Après deux périodes, flanqué de Travis Moen et Mathieu Darche, Plekanec faisait du bon travail. Du très bon même puisqu'on a été témoin de signes évidents d'impatience de la part du meilleur marqueur de la LNH qui en avait plein le bas du dos d'être suivi à la trace.

Solide en défensive, Plekanec s'est aussi signalé en attaque. Il a obtenu six tirs au but et s'est offert de très belles occasions de marquer: deux au cours d'un même désavantage numérique et une autre sur une échappée en sortant du banc des pénalités en période médiane.

Les échappées n'ont pas souri souvent à Plekanec cette année. Il en a bousillé cinq, sept, dix. Je ne sais plus. C'est peut-être pour cette raison que Randy Cunneyworth, en dépit des 28 présences qu'il avait accordées à son joueur de centre au cours du match - plus haut total pour les deux équipes - a attendu la huitième ronde de la fusillade pour l'envoyer dans la mêlée.

Une décision qui a payé. Car Plekanec, blanchi à deux reprises en tirs de barrage plus tôt cette saison, a marqué le but qui donnait les devants 3-2 au Canadien en fusillade. Un but qui s'est transformé en filet décisif après que Carey Price eut réalisé son cinquième arrêt de la fusillade.

Ce but de Plekanec lui a valu la première étoile. Il lui a aussi permis d'apaiser les critiques associées au fait qu'il était sur la patinoire sur les deux buts des Penguins en troisième. Deux buts qui, dans une défaite, auraient noirci sa soirée de travail et atténué la qualité de son jeu lors des deux dernières parties.

Plekanec a traversé un long passage à vide. Un très long. Mais le revoici qui se pointe.

Pourquoi?

Le fait que Randy Cunneyworth l'ait utilisé à profusion dimanche et encore mardi, une utilisation semblable à celle dont il profitait sous Jacques Martin, offre sans doute une partie de la réponse.

L'autre partie vient de ses partenaires de travail. Avec Travis Moen et Mathieu Darche à ses côtés, Plekanec ne peut compter sur la complicité de grands marqueurs. C'est un fait. On est loin, très loin, d'Alex Kovalev et Andrei Kostitsyn, le duo qui l'épaulait avec brio il y a quelques années.

Mais Plekanec, un travailleur acharné, est peut-être beaucoup mieux servi par des cols bleus comme Moen et Darche qui foncent au filet et travaillent à l'image de leur joueur de centre que par des joueurs qui se fient davantage à leur talent qu'à l'effort qui doit être déployé pour le mettre en évidence.

Les prochains matchs nous en diront plus...

Si Randy Cunneyworth continue à utiliser Plekanec à profusion et s'il lui offre d'évoluer en compagnie des mêmes complices que mardi soir.

Si Cunneyworth maintient cette initiative, cela témoignera peut-être aussi du fait qu'il a trouvé la solution pour relancer son petit joueur de centre, plus qu'il avait reçu la directive de le mettre dans la vitrine dans le but de conclure une transaction au centre de laquelle il aurait pu se trouver.

Mais bon! Avec encore 19 jours à écouler avant la date limite des transactions, des spéculations sur les statuts des joueurs du Canadien et l'intérêt dont ils font l'objet de la part des 29 autres équipes de la LNH iront en s'accentuant.

À consommer avec modération...

Sièges vides

C'est connu: les partisans du Canadien expriment leur admiration et leur mécontentement de bien des façons et à la moindre occasion.

Les Carey! Carey! Carey! Les Louis! Louis! Louis! Les PK! PK! PK! entendus mardi et les huées moins nourries qu'en fin de semaine, mais huées quand même, offertes à Scott Gomez l'ont démontré à plusieurs reprises lors du match de mardi.

D'autres partisans ont choisi un moyen moins bruyant, mais tout aussi spectaculaire pour signaler leur mécontentement.

Ils refusent simplement de se présenter.

Les sièges vides ne mentent pas. Et la tendance amorcée au cours des dernières semaines a atteint un sommet mardi soir au Centre Bell. Jamais encore cette année n'avait-on relevé autant de sièges vides dans les gradins.

À tous les niveaux: dans les rouges, les bancs inoccupés se comptaient par dizaines, dans chacune des sections. Même chose dans la section Desjardins, la section à haut prix où un billet d'entrée vous donne droit à toute la bouffe que vous êtes capable d'avaler.

Pour une rare fois, le bleu et le gris des bancs situés au balcon étaient aussi visibles.

Officiellement, le Canadien a encore fait salle comble mardi. Les 21 273 billets ont tous été vendus pour une 321e partie consécutive. On va croire le Canadien sur parole sur ce point.

Mais la direction ne peut fermer les yeux sur autant de bancs vides qui témoignent d'un fait indéniable: des amateurs qui ont payé à gros prix leur accès au Centre Bell ont préféré rester à la maison encore mardi soir. Pire: ils n'ont pas été en mesure de trouver quelqu'un à qui les vendre, même à rabais, voire à les donner. Quand ça va mal sur la glace, ça finit toujours par mal aller dans les gradins.

Et quand ça va mal dans les gradins, ça va moins bien à la vente de bières, de hot-dogs et de souvenirs. Des sources de revenus importantes par le biais desquelles le Canadien remplissait ses coffres au cours des dernières années.

Entre les lignes

> Rene Bourque, Lars Eller et Tomas Plekanec ont pratiquement égalé mardi le total de buts marqués par le Canadien jusqu'ici cette année en tirs de barrage. Après huit fusillades - le Tricolore avait une fiche de 1-7 - Brian Gionta (2 en 4), David Desharnais (1 en 4) et Max Pacioretty (1 en 6) étaient les seuls à avoir marqué cette année.

> Desharnais et Pacioretty ont été stoppés mardi, tout comme Andrei Kostitsyn et Erik Cole ont été stoppés par Marc-André Fleury...

> Meilleur marqueur de la LNH, Evgeni Malkin a déployé tout son talent pour déjouer Carey Price avec la feinte du grand tourniquet effectuée à l'embouchure du but. Malkin et Chris Kunitz ont été les deux seuls Penguins à déjouer Carey Price...

> Carey Price s'était contenté de 10 arrêts sur les 20 tirs de barrage affrontés lors des huit premières fusillades cette saison. Mardi, il a stoppé six des huit tirs des Penguins. En fait non, deux tirs, ceux de Pascal Dupuis et Cal O'Reilly ont touché le poteau...

> Mathieu Darche a obtenu 21:18 de temps d'utilisation mardi. C'était la première fois depuis qu'il endosse l'uniforme du Canadien que l'attaquant québécois disputait deux matchs de suite d'au moins 20 minutes...

> Travis Moen, dont l'état de santé était supposément incertain en avant-midi, a amorcé la rencontre et complété un trio avec Plekanec et Darche. Il n'a pas joué autant qu'eux (14:08) mais il affichait une belle énergie...

> Le Canadien a disputé un bon match. Il n'a pas volé sa victoire. Mais il s'est fait manger tout rond aux cercles des mises en jeu. Les Penguins ont gagné 31 des 45 mises en jeu disputées (69%). Malkin a été le meilleur avec 11 mises en jeu gagnées sur les 14 qu'il a disputées (79%). Lars Eller (1 en 8) et Tomas Plekanec (5 en 16) ont été hachés finement...

> Le Canadien s'entraîne à Brossard mercredi matin avant de s'envoler vers New York. Il affrontera les Islanders à Uniondale jeudi avant de croiser les Maple Leafs à Toronto samedi...

Et en terminant, malgré cette victoire, je ne crois toujours pas aux chances de Canadien d'accéder aux séries cette année. Mais vous avez le droit d'y croire si le coeur vous en dit...