On pourra débattre tant qu'on voudra et surtout sans jamais réussir à faire changer le camp opposé de l'idée du bien-fondé d'injecter des deniers publics dans la construction d'un amphithéâtre comme celui qui sera bientôt érigé à Laval.

Surtout si une équipe professionnelle de hockey y élit domicile comme cela sera le cas une fois l'amphithéâtre terminé à l'automne 2014.

Mais personne ne pourra contester que Laval avait besoin d'une Place Bell: que ce soit pour le volet sportif du projet ou son aspect culturel.

Qu'y aura-t-il de culturel à la Place Bell? Rien de moins qu'une centaine de spectacles par année. Des spectacles que les gestionnaires du futur amphithéâtre, Jacques Aubé et son groupe evenko, ajouteront aux quelque 800 qu'ils produisent déjà chaque année.

Ces spectacles n'auront pas l'ampleur de ceux présentés au Centre Bell. C'est évident. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'evenko cherchait à s'associer à une salle de 10 000 places qui lui permettrait de trouver un juste milieu entre le Théâtre St-Denis et le Centre Bell.

Pourquoi Laval?

Parce que cette ville, qui fait l'objet de bien des railleries - à titre de contribuable de Laval, je peux témoigner du fait que certaines sont bien méritées -, est bien plus qu'une laide banlieue.

Avec une population qui atteindra bientôt 500 000 habitants et des clients potentiels qui ne sont plus vraiment les bienvenus à Montréal où on multiplie les entraves à la circulation sous forme de sens uniques, parcomètres, nids-de-poule et autres chantiers, Laval pourra maintenant desservir ces clients dans leur ville.

On ira encore à Montréal pour le Canadien, pour Kent Nagano et l'OSM et pour le théâtre, que ce soit chez Duceppe, au Rideau vert ou au Quat'sous. Et c'est bien tant mieux.

Mais la population de Laval aura un amphithéâtre digne d'une ville de son envergure où les Sugar Sammy, Gregory Charles, Marc Hervieux et Francois Morency, qui assistaient tous à la confirmation du projet hier à Laval, pourront toucher de nouveaux spectateurs potentiels. Des clients qui seront plus nombreux qu'à la salle André-Mathieu ou à la salle Marcellin-Champagnat du Collège Laval.

Parce que oui, il y a un collège à Laval. Il y en a même plusieurs. Il y a un cégep aussi. Même une université. Il y a aussi de très bonnes tables. Et je ne parle pas de tables de poker...

Comme quoi ceux qui croient que Laval ne regorge que de dépanneurs, de vendeurs de chars usagés, de garages, de salons de coiffures et de salons qui n'ont rien à voir avec des salons de thé, devraient traverser la rivière des Prairies un de ces quatre pour venir constater que la couronne nord mérite un amphithéâtre comme celui qui consolidera le développement du centre-ville.

Eh oui! Il y a un centre-ville à Laval aussi.

Pression sur le fédéral

Combien coûtera la Place Bell? 120 millions.

D'où viendra l'argent?

La Ville de Laval paiera le gros de la facture, soit les 26,2 millions prévus initialement et les 15,8 millions que le maire Gilles Vaillancourt devra ajouter en raison du désistement de Stephen Harper et de son gouvernement.

Un désistement qui doit toutefois être dénoncé.

Car si le fédéral est associé à la construction du nouveau domicile des Blue Bombers de Winnipeg, comme l'a indiqué mon collègue Philippe Cantin dans l'édition de La Presse d'hier, le ministre Denis Lebel devra patiner avec grâce pour faire avaler aux Lavallois que son premier ministre ne peut faire la même chose chez eux.

Pourquoi?

Parce qu'au-delà de l'amphithéâtre de 10 000 places, la cité de la culture et du sport de Laval sera composée d'une glace de dimension olympique et d'une autre de dimension nord-américaine. Cela répond à un besoin pressant, tant les infrastructures actuelles sont désuètes et n'arrivent pas à combler les besoins des jeunes sportifs.

Ceux-ci ont les mêmes droits que ceux que le fédéral aidera à Winnipeg dans le cadre du complément communautaire du domicile des Bombers.

«Pour l'instant, nous faisons avec le retrait du fédéral. Nous préparons ce projet depuis des années et avons l'argent nécessaire pour le mener à terme en dépit du retrait d'Ottawa. Nos contribuables n'auront donc pas à subir des hausses de taxes pour couvrir les coûts de construction de l'immeuble», a assuré le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, hier. Laval devra aussi payer pour décontaminer le site.

Québec injectera 46 millions dans le projet.

Bell, pour apposer son nom sur la façade de l'amphithéâtre, et evenko, pour obtenir la gestion des événements pour les 20 prochaines années, verseront 32 millions.

Retour sur l'investissement

Quels seront les retours sur l'investissement?

Evenko versera 1 million annuellement en guise de loyer. Les redevances annuelles sur la vente de billets devraient tourner autour des 2 millions annuellement, selon une projection conservatrice.

La venue dans un avenir rapproché du club-école du Canadien augmentera la fréquentation de l'amphithéâtre principal.

En plus, il ne faudrait pas se surprendre que des bureaux soient greffés à la Place Bell - les croquis présentés hier le montraient clairement - afin d'attirer des entreprises dans ce secteur en plein développement.

Le processus entourant la mise en chantier de ce projet devrait se mettre en branle dès le mois de mars. La construction suivra dès l'automne et les travaux devraient être achevés deux ans plus tard.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Le groupe evenko, dont fait partie Jacques Aubé, sera l'un des gestionnaires de la Place Bell.