Avec sept sélections dans les deux premières rondes des deux prochains repêchages et les entrées en scène de Blake Geoffrion et de Brad Staubitz, sans parler des retours prochains des Travis Moen, Mathieu Darche et Markov - oui, oui, Markov! - et peut-être des Mike Blunden et Brian Gionta, Pierre Gauthier a déjà les yeux rivés sur la saison prochaine. Et sur les suivantes.

Refusant de parler de reconstruction, Pierre Gauthier parlait hier avec l'assurance d'un homme qui sera le contremaître de la «relance dans la compétition» du Canadien et non comme un directeur général sous la tutelle de son propriétaire et président Geoff Molson.

«Si quelque chose a changé, ils ont oublié de me le dire», a lancé le directeur général, qui attendait cette question de pied ferme.

On aurait pu lui rappeler qu'il n'avait pas donné le moindre signal avant-coureur à Jacques Martin avant de le mettre à la porte le 17 décembre dernier et que Geoff Molson pourrait lui réserver le même sort. Mais bon!

Cela dit, Geoff Molson a sans l'ombre d'un doute été au centre des discussions, mais il était à Fort Lauderdale hier matin pendant que plus au nord, à Tampa, Pierre Gauthier et l'état-major de l'équipe complétaient la transaction qui a envoyé Andrei Kostitsyn rejoindre son frère Sergei à Nashville et faisaient l'acquisition du dur à cuire Brad Staubitz au ballottage.



Le gros du travail reste à faire

Le Canadien est toujours aussi vulnérable au centre de son premier trio ce matin qu'il l'était hier et avant hier. Les gros changements devront être faits l'été prochain, que ce soit au moyen du repêchage, d'une transaction importante ou du marché des joueurs autonomes.

Les sept choix dont le Canadien dispose dans les deux premières rondes des deux prochains repêchages seront importants. Cruciaux, même. Fort de deux choix de deuxième tour l'été prochain et de trois en 2013, le Tricolore pourrait céder son premier choix. Il pourrait aussi sacrifier l'un ou l'autre de ses choix de deuxième tour pour obtenir la toute première sélection l'été prochain ou simplement pour bonifier une offre dans le cadre d'une transaction majeure.

Ces choix sont donc des munitions de première qualité qui, si elles sont utilisées avec doigté, pourraient contribuer à une relance rapide du Canadien, si l'on tient compte du fait que les Jarred Tinordi, Nathan Beaulieu et Brendan Gallagher se joindront au grand club l'an prochain ou dans deux ans.

Lorsque j'ai demandé à Gauthier s'il croyait être celui qui utilisera ces munitions, il a froncé les sourcils avant de répliquer: «Je travaille en fonction de l'avenir de cette équipe et je compte y travailler encore longtemps.»

En passant, selon une information que je dois à mon collègue Marc Antoine Godin, le contrat de Pierre Gauthier le lie au Canadien jusqu'à la fin de la prochaine saison.

On verra s'il sera respecté.

Plus de muscles

Le Canadien avait 100 bonnes raisons de vouloir échanger Andrei Kostitsyn. Sa fâcheuse manie de fonctionner par bourrées, surtout que ses séquences négatives étaient beaucoup plus longues que ses séquences positives, figurait tout en haut de la liste.

L'acquisition de Rene Bourque des Flames de Calgary - en retour de Michael Cammalleri - permettait au Canadien de combler le départ éventuel du frère André. Car s'il n'avait pas été échangé hier, Kostitsyn n'aurait pas reçu d'offre de contrat.

«Nous avons échangé monsieur Kostitsyn et monsieur (Hal) Gill parce que nous étions convaincus qu'ils ne seraient pas de retour l'an prochain», a d'ailleurs reconnu Pierre Gauthier.

Quant au départ de Cammalleri, c'est Brendan Gallagher qui le comblera éventuellement.

Gallagher est un petit joueur. Comme Louis Leblanc, qui sera de retour l'an prochain, et comme David Desharnais, Gionta et Tomas Plekanec. C'est pour ça que le Canadien a ajouté du muscle avec les acquisitions d'Erik Cole, de Bourque - qui est loin de faire sentir sa présence, cela dit -, de Blake Geoffrion et de Brad Staubitz, premier dur à cuire du Tricolore depuis que Bob Gainey s'est débarrassé de Georges Laraque.

Doit-on voir un changement de philosophie du Canadien face aux bagarres avec l'acquisition d'un joueur qui présente 73 minutes de pénalité comme seule statistique en 43 matchs avec le Wild du Minnesota cette année? «Il faut voir ça comme un ajustement», a nuancé Pierre Gauthier.

Markov: pas de date

Bien qu'il se soit bien gardé d'encercler une date sur le calendrier, Pierre Gauthier a assuré que Markov endossera l'uniforme du Canadien dès cette saison. S'il en est capable, bien sûr. Pas question alors de reporter son retour à la saison prochaine par mesure préventive. Surtout que les chances de séries sont maintenant nulles. Ou à peu près...

«Dans le cas de Markov, on parle en réalité d'une relance de carrière. Son genou est plus fort qu'il ne l'a jamais été depuis un an et demi, et on veut le voir sur la patinoire», a assuré Pierre Gauthier.

S'il joue, et que son genou tient bon, Markov pourrait-il de défendre les couleurs de la Russie si son pays l'invitait à le faireet si le Canadien acceptait ?

Pierre Gauthier a refusé de répondre. Il a toutefois convenu que Markov, comme tous les joueurs qui se rendent au Championnat du monde, aurait une autorisation à obtenir. Je ne peux pas croire une seconde que le Canadien la lui accorderait. Mais avec tout ce qui s'est passé de croche et de très croche cette année au sein de cette équipe, sait-on jamais!

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