Quatre jours après avoir donné une leçon de communication à son homologue Pierre Gauthier et avoir vu ses Maple Leafs battre le Tricolore au Centre Bell, Brian Burke vient de servir un troisième croc-en-jambe au Tricolore.

En acceptant de verser 27,5 millions à Mikhail Grabovski pour les cinq prochaines saisons, Burke et les Maple Leafs viennent de mettre la table à David Desharnais en vue de son prochain contrat.

L'une des belles aubaines de la LNH cette saison, le petit centre québécois touche un salaire de 750 000 $. Ses 14 buts et 51 points représentent donc un excellent retour sur l'investissement. Desharnais partage le top 10 des joueurs les plus rentables de la LNH avec les Jamie Benn (Dallas), Ryan O'Reilly (Colorado), Jordan Eberle (Edmonton), Adam Henrique (New Jersey) et Pierre-Alexandre Parenteau (Islanders de N.Y.) chez les joueurs comptant au moins 50 matchs et 40 points à leur actif cette année.

Même s'il touchera une augmentation de 200 000 $, Desharnais occupera encore l'an prochain, si la tendance se maintient, une place de choix chez les compteurs du Tricolore, mais aussi parmi les joueurs les plus rentables de la LNH.

Avec le gros lot touché par Grabovski à Toronto hier, Desharnais est donc assuré de signer un contrat similaire dans deux ans.

Pourquoi?

Parce que Desharnais occupe une place aussi importante, sinon plus, au sein de la formation du Canadien que celle occupée par Grabovski à Toronto.

Grabovski compte 20 buts et 45 points à sa fiche cette année. Il flirtera avec son meilleur total en carrière (29 buts et 58 points) obtenu l'an dernier.

Avant d'affronter les Flames à Calgary hier, Desharnais affichait 51 points en 66 rencontres. Surfant sur des séries de 15 points (4 buts) à ses 12 derniers matchs et de 18 points (6 buts) à ses 18 dernières rencontres, Desharnais devrait fracasser le plateau des 60 points cette année. Une récolte impressionnante compte tenu des ennuis du Canadien à l'attaque, particulièrement en avantage numérique.

En plus de s'appuyer sur le contrat signé hier par Mikhail Grabovski, Desharnais et son agent, l'avocat new-yorkais Joseh Tacopina, pourront aussi glisser celui de Tomas Plekanec sur la table - 30 millions pour six ans - lorsque viendra le temps de négocier avec la direction du Tricolore.

Humilité et respect

Lorsque j'ai joint l'agent de Desharnais hier, il n'avait pas encore sabré le champagne pour célébrer le contrat qui lui servira de base de négociation l'an prochain. Il n'avait pas l'intention non plus de contacter le Canadien pour lui donner une idée de ce qui l'attend.

À l'image de son jeune client qui a le succès très humble cette année avec le Tricolore, Tacopina s'en remet uniquement aux performances de Desharnais.

«J'ai toujours cru en David. Autant qu'il croyait en lui. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne soit en mesure de prouver qu'il peut s'élever au sein de l'élite de la LNH. David connaît une très bonne année. Mais de bien meilleures s'en viennent. Et ce sont ses performances, bien plus que les comparaisons avec le contrat de Grabovski ou les autres comparables, qui lui vaudront de toucher le salaire qu'il mérite dans deux ans», a dit l'agent de Desharnais.

Pas question alors de profiter de la situation pour exercer une pression indue sur le Canadien.

«Ce serait très mal connaître David que de le croire capable de se livrer à ce petit jeu. David est fier de porter l'uniforme du Canadien. Il se donne corps et âme à la cause de son équipe. Les performances, et non le contrat, comptent pour lui. Nous avons encore un an devant nous. De fait, il est impossible d'ouvrir les négociations avant le 30 juin. Cela dit, je m'attends à ce que ce soit le Canadien bien plus que David qui amorce les négociations l'an prochain. David aura droit à l'arbitrage salarial à l'été 2013 et je serais l'avocat le plus surpris si jamais nous devions en arriver là. David est non seulement le meilleur compteur du Canadien, mais il est aussi celui qui affiche le meilleur différentiel. Ça en dit long sur sa valeur.»

Contrat mérité ou exagéré?

Bien que Grabovski et Desharnais soient les meilleurs joueurs de centre des Leafs et du Canadien, sont-ils des piliers autour de qui un club de la LNH peut faire graviter son attaque? La réponse n'est pas évidente.

C'est pour cette raison que plusieurs observateurs ont dénoncé non seulement les 27,5 millions consentis à Grabovski, mais aussi les cinq années du contrat.

L'ancien centre du Canadien profitait d'une position de choix dans ses négociations. Car l'été prochain, le marché des joueurs autonomes sera loin de regorger de centres de qualité. Olli Jokinen, Jason Arnott, Jochen Hecht et Saku Koivu sont parmi les candidats les plus en vue.

Pas surprenant alors que Grabovski ait pu faire monter les enchères et que Desharnais y arrivera lui aussi lorsque son tour viendra.

À moins que la LNH et ses propriétaires n'aient une fois encore recours à un lock-out pour reprendre le contrôle sur les salaires, comme ils l'ont fait après celui de 2004-2005. Un contrôle qu'ils ont bêtement perdu en gaspillant des millions avec des contrats bien plus absurdes que celui signé par Grabovski hier. Ou que celui qui attend Desharnais.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Combien vaut David Desharnais si Mikhail Grabovski a obtenu, hier, un contrat de cinq ans et 27,5 millions $ des Maple Leafs?