Si Pierre-Alexandre Parenteau est disponible à minuit une seconde le 1er juillet prochain lors de l'ouverture du marché des joueurs autonomes, le Canadien devra lui avoir fait signer un contrat à minuit deux secondes.

Le Hullois aura bientôt 29 ans. Il n'est pas le plus costaud. Il n'est pas le plus fort. Il n'est pas non plus le plus talentueux des joueurs des Islanders de New York.

Mais Parenteau est bon. Il adore jouer au hockey. Et il aimerait davantage encore jouer pour le Canadien, dont il deviendrait un trop rare porte-parole francophone.

Samedi soir, dans le vestiaire enjoué des Islanders après leur victoire de 3-2 en tirs de barrage, «P.-A.» a esquissé un petit sourire gêné lorsque je lui ai demandé s'il se voyait dans le vestiaire situé de l'autre côté de la patinoire l'an prochain.

Exception faite du capitaine Mark Streit, qui était déjà occupé avec des journalistes, personne ne pouvait comprendre les propos de Parenteau. Après avoir insisté un peu en prétextant que ça ne ferait pas de vague dans le vestiaire, Parenteau a finalement acquiescé: «Jouer à Montréal, ça demeure le rêve de tout jeune Québécois. C'est le mien en tout cas. Mais j'ai une saison à finir et je veux bien la finir. On s'en reparlera l'été prochain.»

Loin de Tavares et Moulson

Parenteau affiche 15 buts et 61 points cette saison. Une saison meilleure que sa première à Uniondale, l'an dernier, saison qu'il a complétée avec 20 buts et 53 points.

Des statistiques qui lui permettraient de se faire bien des amis au sein des partisans du Canadien. Des partisans qui l'ont chahuté samedi soir après qu'il eut fait de la bien mauvaise comédie à la suite d'un croc-en-jambe de Louis Leblanc à ses dépens. Des partisans qui le chahuteraient davantage s'il endossait le chandail tricolore et qu'il ne serait pas en mesure de connaître autant de succès à l'attaque.

Ce qui pourrait lui arriver, considérant qu'en quittant les Islanders, Parenteau quitterait aussi un centre surdoué, John Tavares, et un franc-tireur qui complète sa troisième saison consécutive de 30 buts ou plus, Matt Moulson.

«Je sais très bien ce qui m'attendrait à Montréal. Mais ça ne m'inquiète pas. Cela dit, c'est bien évident que le fait d'avoir la chance de jouer avec d'aussi bons joueurs que Tavares et Moulson pèsera dans la balance lorsque je vais réfléchir à mon avenir», a-t-il convenu.

Mais qui ne voudrait pas quitter les Islanders, une organisation moribonde, mal dirigée, qui affiche la plus petite masse salariale de la Ligue, et Uniondale avec son Colisée Nassau, le pire amphithéâtre de la LNH?

«On a une bien meilleure équipe que nos résultats ne l'indiquent. On se battait pour une place en séries il y a 10 matchs. On se battait pour la cave du classement ce soir. Ce n'est pas évident. C'est pour ça qu'on veut finir fort. Il y a de l'avenir ici. Et les Islanders sont les premiers à m'avoir donné une vraie chance», a plaidé Parenteau, qui a joué près de 500 matchs aux quatre coins de la Ligue américaine avant de faire son nid dans la LNH.

Parenteau touche un salaire de 1,25 million cette saison. Il représente donc un excellent rapport qualité-prix.

Le Québécois et son agent - Allan Walsh - n'ont pas amorcé de négociations avec les Islanders. S'ils décident de faire patienter Parenteau jusqu'au 1er juillet, le Canadien devra en profiter.

Ça ne règle rien au centre

Bien que je sois convaincu de l'apport positif qu'apporterait Parenteau, le Québécois ne comblerait pas la brèche au centre du premier trio. Une brèche qui le Canadien n'a pas comblée depuis le départ de Vincent Damphousse en 1999.

Je sais: David Desharnais s'acquitte très bien de cette tâche cette année. Malgré ses performances phénoménales et toute l'admiration que je voue au petit joueur de centre québécois, Evgeny Malkin, Eric Staal, Ryan Getzlaf, Anze Kopitar ou John Tavares feraient mieux encore. Et j'ai la conviction que derrière un tel joueur de centre, Desharnais trouverait le moyen d'en profiter pour devenir meilleur.

Mais voilà. Il est bien plus facile de défiler les noms de candidats potentiels au poste de pierre angulaire de l'attaque du Canadien que de les obtenir par l'entremise d'une transaction. Sauf que ça ne devrait pas empêcher Geoff Molson et le directeur général à qui il confiera le mandat de rebâtir l'équipe de tenter sa chance.

Si le Canadien continue son «bon travail» et qu'il demeure dans la cave du classement dans l'Est, le repêchage pourra lui permettre de mettre la main sur l'un ou l'autre de trois canditats remplis de promesses: le Russe Mikhail Grigorenko, l'Américain Alex Galchenyuk ou le Suédois Filip Forsberg.

Les joueurs autonomes?

À moins que vous croyiez qu'Olli Jokinen soit en mesure de faire le travail, je ne retiendrais pas trop mon souffle. Et si vous croyez sérieusement Jokinen capable de remplir ce rôle, je vous demanderais de retenir votre souffle tant que vous ne changerez pas d'idée!

Zach Parise est très bon. Oui! Mais les Devils ne le laisseront pas partir. Du moins, je ne crois pas.

D'où l'importance de repêcher le meilleur joueur de centre possible et d'être patient avec lui, de miser sur Desharnais, Plekanec et Eller au centre des trois premiers trios l'an prochain et de leur offrir du renfort sur les ailes. En commençant par Pierre-Alexandre Parenteau.

Photo: PC

Pierre-Alexandre Parenteau